Presque à équidistance d’Alice Springs et d’Uluru, Kings Canyon, « Watarrka » pour les Aborigènes, est un site immanquable dans le Centre rouge. Ses roches de grès orangées offrent des panoramas exceptionnels sur l’immensité du désert. En pleine journée, lorsque le soleil brûle la poussière ocre des pierres, les profondeurs du canyon offrent un jardin luxuriant, grouillant de vie, où serpente paisiblement, à l’ombre, une rivière. Comme une véritable oasis en plein cœur du désert.
Une communauté étendue, le jardin d’Eden et la fraîcheur du désert
Les Luritja habitent la région de Watarrka depuis près de 20 000 ans. Leur territoire s’étend traditionnellement à l’ouest et au sud d’Alice Springs, et entoure la communauté des Papunya, dont le Mont Liebig. Leurs dialectes sont variés et prennent plusieurs formes : le Papunya Luritja, proche du Pintupi, et le Titjikala Luritja, tous deux langages du désert de l’ouest. Il y aurait aujourd’hui plusieurs milliers de Luritja, ce qui en fait la troisième tribu aborigène la plus peuplée du centre de l’Australie après les Arrernte et les Pitjantjatjara.
En 1872, les Aborigènes voient débarquer le premier Blanc à s’aventurer dans la région, Ernest Giles, un explorateur australien. Comme Uluru et les Mont Olgas, les colons vont très vite entrevoir le potentiel touristique du site. Longtemps resté dans l’anonymat, car isolé par une nature hostile, Kings Canyon allait connaître une notoriété grandissante.
« La grande force, autant touristique que naturelle de Kings Canyon, est sa variété d’écosystèmes : les roches de grès, asséchées par des températures extrêmes, cohabitent avec une végétation humide, verte, et abondante. »
À 300 kilomètres au nord-est d’Uluru et à 310 kilomètres à l’ouest d’Alice Springs, Kings Canyon est accessible par la Lasseter Highway et la Luritja Road d’Uluru, ou par la Stuart Highway et la Larapinta Drive (à travers le West MacDonnell National Park) d’Alice Springs.
La meilleure période pour visiter le site se situe entre avril et septembre, là où les températures sont les plus froides. Contrairement à Uluru qui fixe un droit d’entrée de $25, le Watarrka National Park est gratuit. Son resort, situé à 6 kilomètres du site, délivre des tarifs exorbitants. L’éventualité du camping gratuit est seulement possible en dehors du parc national.
Les falaises orangées de Watarrka, orangées s’élèvent jusqu’à 270 mètres de hauteur et surplombent un canyon constitué d’une rivière à son pied, la Kings Creek. La grande force, autant touristique que naturelle de Kings Canyon, est sa variété d’écosystèmes : les roches de grès, asséchées par des températures extrêmes, cohabitent avec une végétation humide, verte et abondante.
Ce « jardin d’Eden » n’abrite pas moins de 600 espèces animales et végétales dont des varans, des serpents, des grenouilles, des palmiers, des cycas et des fougères. Lorsque la chaleur devient étouffante au sommet des rochers, il y a cette possibilité extraordinaire de se baigner à l’ombre dans une piscine naturelle bordée d’une petite cascade.
Passant d’une mini-forêt tropicale à l’aridité du désert, le site de Watarrka est un incontournable sur la route d’Uluru. Il ne faut pas le dire trop fort, mais certains murmurent même que Kings Canyon est le plus beau site de la région.
Hors des sentiers battus, l’énergie solaire et des pierres magiques
Le tour du canyon, long de 6 kilomètres, est largement accessible et reste inévitable. Seule difficulté : une première ascension difficile mais courte (10 minutes) avec une chaleur qui dépasse régulièrement 40 degrés, les rochers étant exposés, sans ombre, à l’impitoyable soleil australien avec un trou dans la couche d’ozone.
Mais le panorama sur cette Kings Canyon Rim Walk est à couper le souffle. Le sentier longe les sommets du canyon, offrant des vues magiques sur le désert, puis descend à travers le jardin d’éden pour une halte baignade. Sur le chemin, parfois étroit, des rocs à escalader gentiment, tous d’une teinte ocre que l’on retrouve dans peu d’endroits dans le monde. Pour les moins sportifs, des marches permettent de partir uniquement sur la rivière.
« La station solaire de Kings Canyon réduit de 105 000 litres la consommation de diesel et élude 331 tonnes d’émissions de gaz à effet de serre par an. »
La Giles Track est un bon moyen de partir hors des sentiers touristiques. Sur 22 kilomètres, elle relie Kings Canyon à Kathleen Springs. Sur la piste, sont disséminées des peintures aborigènes. À 8 kilomètres de Kings Canyons, le site de Randy Creek permet de camper près d’un lac. Aventure dans l’outback, la Giles Track, sous réserve de provisions, d’eau (beaucoup) et de couchage, reste néanmoins accessible car courte et se présente comme une bonne occasion d’observer la faune du désert (pas toujours amicale).
Watarrka est également le lieu d’un important site écologique australien : la station d’énergie solaire de Kings Canyon. À l’aide de ses panneaux photovoltaïques, la station peut générer 225 kWp et produire 375 000 kWh d’électricité par an. L’énergie provient ainsi directement du canyon même.
La station réduit par conséquent de 105 000 litres la consommation de diesel et élude 331 tonnes d’émissions de gaz à effet de serre par an. Avec la station de Bulman, la station solaire de Kings Canyon a reçu une subvention d’un montant de $1,76 millions de la part du gouvernement australien, à travers le Programme de commercialisation des énergies renouvelables et le programme de génération de puissance renouvelable à distance (RRPGP).
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