Ce qu’il y a de beau, voire même de merveilleux, en Australie, c’est que la nature n’est jamais bien loin. Sydney, pourtant la plus grande, la plus célèbre et la plus active des grandes villes australiennes, est convenablement sandwichée entre plusieurs parcs nationaux : Ku-ring-gai Chase au nord, les Blue Mountains à l’ouest et le Royal National Park au sud. C’est ce dernier que j’ai choisi d’explorer aujourd’hui : après mes errances de Bondi à Coogee et de Manly à The Spit, je me sens en effet d’humeur à agrandir mon territoire et à faire un peu plus le plein de nature !
L’avantage d’un parc national si proche d’un grand centre urbain, c’est qu’il est possible de s’y rendre en transports en commun – un fait bien assez rare pour valoir d’être souligné. Pour se rendre au Royal NP, situé à environ 30 km du centre de Sydney, il suffit de prendre un train jusqu’à Cronulla, puis un ferry jusqu’à la petite bourgade de Bundeena, de l’autre côté de la baie.
D’emblée, Bundeena me plait de part l’abondance d’oiseaux que je croise dans les vertes rues résidentielles qui mènent jusqu’à l’entrée du parc : cacatoès blancs à crête jaune, galah (cacatoès rose et gris), little wattlebird et rainbow lorikeets répondent présents à l’appel. Mais ce n’est rien comparé à ce qui m’attend parmi les buissons et arbustes touffus du Royal. Là, de part et d’autre du sentier de sable blanc, virevoltent par dizaines des New Holland honeyeaters, de petits oiseaux noir, blanc et jaune. Cela manque peut-être un peu de variété, mais le plaisir et la quantité sont au rendez-vous de leurs ballets aériens !
Bientôt, je débouche sur l’océan Pacifique, au sommet d’une longue série de falaises où viennent se fracasser les vagues. Le chemin est paisible, ensoleillé, fait de bruyère d’où pointent les fleurs verticales des banksias et où détalent les petits lézards. Quels animaux vais-je avoir le plaisir de croiser aujourd’hui ? J’ai tout le temps de rêvasser à cette question en contemplant le paysage et en suivant cet agréable sentier, majoritairement plat. Qu’il est difficile de se rappeler que tout ceci est un simple daytrip depuis Sydney ! À l’exception du chemin, toute trace de civilisation a disparu, et mon téléphone n’a déjà plus de réception.
Alors que la relative monotonie de la côte et de la bruyère pourrait commencer à s’installer, je débouche brusquement sur Big Marley Beach. La vue sur cette longue langue de sable blanc qui perce la muraille des falaises est sublime et justifie à elle seule toute la randonnée. Je descends rapidement jusqu’au rivage, où je croise un compère randonneur – le premier depuis que j’ai commencé à marcher.
Le contact est facile, comme souvent avec les inconnus du bush, et on s’accroupit tous deux sur la plage le temps de discuter un petit moment. Il est australien mais, tombé amoureux des montagnes, a vécu 10 ans à Wanaka, en Nouvelle-Zélande. Il vient tout juste de se ré-installer en Australie, et re-découvre avec le même plaisir que moi à quel point ce pays sait satisfaire les amateurs de nature, même aux portes de sa plus grande métropole.
On s’échange nos rencontres animales, je lui parle de ma symphonie d’honeyeaters, il me raconte avoir croisé des wallabis, des oiseaux lyre et des cacatoès noirs. Depuis l’arbre voisin, c’est un couple de magpies (pies australiennes) qui nous donne la sérénade. Le son du ressac accompagne leurs chœurs mélodieux. Puis, comme si de rien n’était, d’un commun accord tout naturel, le randonneur et moi nous serrons la main et repartons chacun de notre côté. Comme souvent dans le bush, je n’apprendrai jamais son nom, ni lui le mien. C’est sans importance.
En traversant la plage, où s’échouent avec force des vagues d’un bleu-vert électrique, je croise une petite douzaine d’autres randonneurs, répartis en petits groupes de 3 ou 4 personnes. Le chemin continue le long de la rive jusqu’à la prochaine plage, non loin de là : Little Marley Beach, qui marque la fin de la route pour moi. Ici, un ruisseau rejoint la mer et un bosquet d’arbres pousse à ses côtés. Dans l’ombre, là où il fait bon et frais, j’aperçois quelques wallabis qui ont vite fait de détaler à mon approche.
Dans les branches au-dessus de ma tête, deux kookaburras font leurs vocalises avant de se remettre à chasser depuis leurs perchoirs. Ces oiseaux au rire de singe sont les plus grands martins chasseurs du monde, et une icône familière de la faune australienne. L’endroit est parfait pour s’arrêter, pique-niquer et se reposer avant d’entamer le chemin du retour. Je profite de la brise et j’essaie d’emmagasiner la sensation de fraîcheur de ce petit bois avant de retrouver le chemin exposé qui va me faire souffrir de la chaleur. Le soleil tape dur quand on quitte l’abri des arbres.
Mes pas retracés à force de sueur jusqu’au début du chemin, je décide impulsivement de rallonger un peu ma sortie en suivant un autre sentier, en direction de Jibbon Beach. Cette plage voisine de Bundeena est plus occupée que les étendues sauvages de Marley Beach, mais la mer y demeure très attirante, et il est plus facile de s’y baigner : protégées par la baie, les eaux de Jibbon Beach sont calmes et invitantes. Surchauffée par la marche sous le soleil, je ne peux résister à l’appel de la baignade : je plonge tête la première. La sensation de tant d’eau fraîche après tant de chaleur est divine, et je reste un moment à trempouiller paresseusement dans la mer. Pas trop longtemps, toutefois : le ferry vers Cronulla va bientôt partir et je ne veux pas le rater.
Royal National Park : Pratique Corner
Prenez le train depuis la city jusqu’à Cronulla (Eastern Suburbs & Illawara Line, ligne bleue). Le trajet dure environ 1 heure.
Vous pouvez aussi opter pour le ferry depuis Cronulla jusqu’à Bundeena . Le trajet dure environ 25 mins. De Cronulla à Bundeena, il y a un ferry par heure de 5h30 à 18h30. De Bundeena à Cronulla, il y a un ferry par heure de 6h à 19h.
L’embarcadère du ferry se trouve à 5 mins de marche de la station de Cronulla. Il suffit de sortir de la station et suivre la route vers la gauche jusqu’à un tunnel piéton qui permet de passer sous la voie ferrée. Une fois de l’autre côté, il suffit de descendre jusqu’à la marina, légèrement sur votre gauche.
L’entrée du parc national se trouve à 10-15 mins de marche du débarcadère de Bundeena. Montez la rue et tournez à gauche sur Loftus Street, puis à droite sur Bournemouth Street, à gauche sur Scarborough Street et enfin à droite sur Beachcomber Avenue, qui vous mènera à l’entrée du parc national, où se trouve un panneau indiquant les distances vers différents points d’intérêt. Continuez encore un peu le long de la route jusqu’à la pancarte qui indique simplement « Coast Track » : voilà le début du sentier !
L’aller-retour de Bundeena jusqu’à Little Marley Beach fait environ 12 km. Comptez environ 5H pour la rando, pique-nique compris (bien sûr cette estimation est hautement variable selon votre forme physique et vos objectifs – tendance à courir ou tendance à flâner, nous sommes tous différents !).
Si vous avez envie d’une plus grande randonnée, sachez que la Coast Track s’étend sur près de 25 km en tout, jusqu’à la ville d’Otford. Cette marche se fait généralement en 2 jours. Depuis Otford, il est possible de prendre un train pour revenir jusqu’à la city.
Liens utiles
Merci beaucoup.
Je pars pour un an en Australie au mois de Septembre.
Je ne manquerai pas de faire ce parc.
Votre site me permet de localiser les choses à faire.
Très belles photos 🙂
Comments are closed.