L'Australie paie mieux que la France
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1 septembre 2009 à 6 h 37 min #184819gillozMembre
pour moi je trouve aucune différence entre l’assurance maladie en France et en Australie.
En France je devais payer une mutuelle, car la sécu ne me remboursait pas grand chose, en Australie avec Medicare il me faut aussi payer une complémentaire qui me coute environ la même chose qu’en France.
1 septembre 2009 à 10 h 38 min #184779Arrache-rotuleParticipantgilloz wrote:pour moi je trouve aucune différence entre l’assurance maladie en France et en Australie.😮 Les différences sautent aux yeux pourtant… On parle de deux systèmes complètement différents.
1 septembre 2009 à 11 h 36 min #184820gillozMembreD’un coté il y a sécu qui rembourse pas grand chose, et complémentaire santé indispensable, et de l’autre il y a medicare qui rembourse pas beaucoup, et une complémentaire santé quasi obligatoire.
Same same but different.
Pour moi y a rien qui a changé, si ce n’est le nom de ma mutuelle.1 septembre 2009 à 12 h 41 min #184821Arrache-rotuleParticipantLa sécu française et Medicare n’ont absolument rien à voir. Medicare ne rembourse pas du tout les soins dentaires, les appareils auditifs, les médicaments….
Pour les revenus très faibles, il n’est pas nécessaire en France d’avoir une mutuelle pour bénéficier de soins de qualité (à noter qu’en France la mutuelle est gratuite pour les bénéficiaires du RMI, en plus de la CMU). En revanche en Australie, ceux qui ne peuvent pas se payer une bonne mutuelle ne peuvent pas prétendre à se faire soigner de manière correcte, car comme dit plus haut Medicare rembourse peu de chose. Il suffit pour s’en convaincre de voir tous ces gens en Australie qui ont une dentition affreuse, dans certains endroits on se croirait dans la dernière scène des visiteurs, quand Jacquart se retrouve malgré lui au moyen-âge entouré de paysans avec les dents pourries. J’ai trouvé vraiment triste et injuste de voir ça dans un pays qui se dit prospère.
1 septembre 2009 à 12 h 55 min #184822Toothbrush NomadsParticipantJe ne me suis jamais penchée sur Medicare & co ne pouvant pas en être bénéficiaire de toute façon, mais je me rappelle avoir entendu des histoires d’horreur sur le fait que les listes d’attente pour les soins en hôpital et autres opérations étaient effrayantes… et qu’il fallait donc mieux avoir une assurance privée ou sacrément bonne mutuelle. Qui peut confirmer/infirmer/détailler ?
Fredttt wrote:Pour les revenus très faibles, il n’est pas nécessaire en France d’avoir une mutuelle pour bénéficier de soins de qualité (à noter qu’en France la mutuelle est gratuite pour les bénéficiaires du RMI, en plus de la CMU)Je confirme, merci la France pour ça ! 🙂 Par contre on ne dit plus RMI, on dit RSA. Et là, c’est vraiment « same same but different » !
3 septembre 2009 à 5 h 22 min #184823gillozMembreoui c’est un peu le bordel dans les hopitaux publics (pire qu’en France) c’est pour ça qu’il vaut mieux avoir une mutuelle qui prend en charge les hopitaux privés, de toute façon après 30 ans c’est quasi obligatoire, sinon on paye une franchise de 2% par année au delà des 30 ans.
Sinon pour ce qui est de la CMU en France et de toutes ces aides sociales, j’en ai jamais bénéficié vu que j’ai toujours travaillé, et c’est pour ça que je suis venu en Australie, ici on récompense les travailleurs, on les saigne pas à blanc pour payer tous les assistés et compagnie !!!
3 septembre 2009 à 6 h 14 min #184824RicknowMembreBah tant que tu tombes pas en longue maladie, te fasses pas virer et que tu as un salaire qui te permets de subvenir au besoin de ta famille sans passer par la case survivre et non vivre.
3 septembre 2009 à 7 h 47 min #184825Toothbrush NomadsParticipantgilloz wrote:Sinon pour ce qui est de la CMU en France et de toutes ces aides sociales, j’en ai jamais bénéficié vu que j’ai toujours travaillé, et c’est pour ça que je suis venu en Australie, ici on récompense les travailleurs, on les saigne pas à blanc pour payer tous les assistés et compagnie !!!Disons que ce sont des aides sympas quand tu viens à peine de revenir en France après 2 ans à l’étranger, et qu’il faut en quelque sorte repartir de zéro à tous les niveaux 😉 Après, clairement, on est pas censé en bénéficier plus de quelques mois si on est pas un glandu de première !
4 septembre 2009 à 11 h 35 min #184826gillozMembreToothbrush Nomads wrote:gilloz wrote:Sinon pour ce qui est de la CMU en France et de toutes ces aides sociales, j’en ai jamais bénéficié vu que j’ai toujours travaillé, et c’est pour ça que je suis venu en Australie, ici on récompense les travailleurs, on les saigne pas à blanc pour payer tous les assistés et compagnie !!!Disons que ce sont des aides sympas quand tu viens à peine de revenir en France après 2 ans à l’étranger, et qu’il faut en quelque sorte repartir de zéro à tous les niveaux 😉 Après, clairement, on est pas censé en bénéficier plus de quelques mois si on est pas un glandu de première !
Le plus difficile quand on rentre d’Australie c’est d’avoir affaire avec l’administration Française…
4 septembre 2009 à 11 h 37 min #184827gillozMembreRicknow wrote:Bah tant que tu tombes pas en longue maladie, te fasses pas virer et que tu as un salaire qui te permets de subvenir au besoin de ta famille sans passer par la case survivre et non vivre.La longue maladie c’est un gros problême. Il faut faire gaffe aussi si tu te blesses pendant le week end ou en dehors du travail, le salaire n’est pas garantit.
Je pense que je vais prendre une assurance ‘income protection’, ça vaut vraiment la peine, et permet d’étre plus tranquille. Ma copine m’a dit qu’elle en avait une comprise dans sa superannuation, à vérifier quand même.4 septembre 2009 à 12 h 01 min #184828Toothbrush NomadsParticipantgilloz wrote:Le plus difficile quand on rentre d’Australie c’est d’avoir affaire avec l’administration Française…Ca… ne m’en parle pas !!
Le pire, c’est qu’il n’y a pas que l’admnistration, mais toutes les branches du fonctionnariat (aller à la poste est perpétuellement synonyme de queues interminables, on sait que les grèves des transports seront tôt ou tard inévitables, etc), et parfois même simplement de la vie quotidienne (toutes les banques fermées le lundi, pas mal de magasins fermés entre midi et 14h…).
Clairement, ça me fait bien chier de vivre ici
4 septembre 2009 à 12 h 48 min #184829RicknowMembreTout a fait d’accord TbN!
Par contre, la situation Australienne n’a rien a envier a celle des UKs. Chuis trop habituer a avoir les supermarches ouvert tout les jours meme le dimanche jusqu’a 22h et la plupart des banques ouvertes tard et/ou le samedi.18 décembre 2009 à 12 h 39 min #184830ka.ngourouMembreElles sont belles les facs, modernes pas du tout vieillissante comme elles le sont certaines fois en France…
Mais, Avez-vous déjà vu des aborigènes étudier dans les universités?
Moi cela me choque que le peuple n’est pas accès à la culture, de quel milieu que ce soit… :huh:18 décembre 2009 à 13 h 40 min #184831CarolleParticipantka.ngourou wrote:Elles sont belles les facs, modernes pas du tout vieillissante comme elles le sont certaines fois en France…
Mais, Avez-vous déjà vu des aborigènes étudier dans les universités?
Moi cela me choque que le peuple n’est pas accès à la culture, de quel milieu que ce soit… :huh:Bah elles peuvent l’être, vu le prix des tuitions :huh:
Moi aussi ça me choque, dégoûte que l’éducation dans certains pays ne soient pas accessibles à tous…
C’est clair qu’en France, nos facs, surtout celles de lettres, sont pourries.. mais c’est accessible à tous on va dire, on ne va pas payer 5000€ come dans les écoles privées, c’est déjà ça…
J’ai fait mes études à Nice, pour ceux qui connaissent, la fac de Lettres, elle est vraiment pas terrible, sale, amphis pourris, heureusement qu’il y’avait le foyer .. 😛 et après tu vas à celle des Sciences, elle est superbe, beau parc, bel emplacement, beaux locaux…
La culture est un pont entre l’art (tout art hein) et le peuple, il ne faudrait pas de barrières…18 décembre 2009 à 22 h 18 min #184832Arrache-rotuleParticipanttexte en trop
18 décembre 2009 à 22 h 24 min #184833Arrache-rotuleParticipantka.ngourou wrote:Elles sont belles les facs, modernes pas du tout vieillissante comme elles le sont certaines fois en France…
Mais, Avez-vous déjà vu des aborigènes étudier dans les universités?
Moi cela me choque que le peuple n’est pas accès à la culture, de quel milieu que ce soit… :huh:Je comprends que ça te choque… Dans notre culture on nous inculque une valeur fondamentale qui est l’égalité des chances. Dans les pays anglo-saxon, on leur inculque plutôt le principe du « chacun pour sa gueule » 😆 Cela dit ce principe a de plus en plus d’adeptes en France 😕
Les facs en Australie sont belles, mais elles ne sont pas plus efficaces qu’en France au niveau de la formation. Les clients… oups pardon… les étudiants payent une fortune mais leur formation n’est pas pour autant exceptionnelle. Ce n’est pas parce que tu payes cher que tes compétences seront meilleures. D’ailleurs, les enseignants dans les facs en France sont dans l’ensemble beaucoup plus compétents que leurs confrères en Australie. Pourquoi? Parce que les facs en Oz étant gérées comme une entreprise (d’ailleurs là-bas tout est géré comme une entreprise qui doit générer des profits 🙂 ) elles emploient de plus en plus des étudiants en thèse pour enseigner (ils sont moins gourmands quand il s’agit d’être payés) et de moins en moins de vrais profs. Cela dit les australiens sont de plus en plus nombreux à dénoncer ce système, il se peut que les choses évoluent dans quelques années. Enfin… quand je dis évoluer, il faut relativiser, ce n’est pas demain la veille que les études en Australie vont être accessibles au plus grand nombre…
18 décembre 2009 à 22 h 46 min #184834ElatlasMembreFredttt wrote:Les facs en Australie sont belles, mais elles ne sont pas plus efficaces qu’en France au niveau de la formation. Les clients… oups pardon… les étudiants payent une fortune pour pas grand chose. Ce n’est pas parce que tu payes cher que la formation est meilleure. D’ailleurs, les enseignants dans les facs en France sont dans l’ensemble beaucoup plus compétents que leurs confrères en Australie. Pourquoi? Parce que les facs en Oz étant gérées comme une entreprise (d’ailleurs là-bas tout est géré comme une entreprise qui doit générer des profits 🙂 ) elles emploient de plus en plus des étudiants en thèse pour enseigner (ils sont moins gourmands quand il s’agit d’être payés) et de moins en moins de vrais profs. Cela dit les australiens sont de plus en plus nombreux à dénoncer ce système, il se peut que les choses évoluent dans quelques années. Enfin… quand je dis évoluer, il faut relativiser, ce n’est pas demain la veille que les études en Australie vont être accessibles au plus grand nombre…Personnellement j’ai étudié en France et en Australie et il n’y a pas photo, les profs sont plus bien compétents en OZ. Donc merci d’éviter de dires des grosses bêtises et de ne pas faire de généralités!
18 décembre 2009 à 23 h 09 min #184835Toothbrush NomadsParticipantJe ne pense pas que la France puisse beaucoup se vanter, voir : Les soutiers de l’université … 😉
Il est certain que nous devons louer la mère patrie pour permettre l’accès facile à l’université, qui ne coûte rien, et propose un système de bourses qui en aide plus d’un (j’en ai bénéficié moi-même). Par contre, la qualité de l’enseignement dispensé, c’est un autre débat… personnellement, j’ai eu beaucoup plus de profs qui ne servaient à rien que d’excellents profs (dieu merci j’en ai eu quelques-uns quand même, hein !). Je ne peux pas comparer avec l’Australie, n’ayant pas étudié là-bas 🙂
Toutefois, une chose est certaine : j’ai fait fac de lettres, et je peux vous jurer que 80% de ma promo était là dans l’unique but de devenir prof. Pour la majeure partie d’entre eux, ce n’était pas une vocation, mais un choix pragmatique : ils voulaient les vacances et la sécurité de l’emploi. Je ne préfère pas imaginer quel genre de prof on devient avec ce type de logique…
19 décembre 2009 à 0 h 54 min #184836Arrache-rotuleParticipantElatlas wrote:Personnellement j’ai étudié en France et en Australie et il n’y a pas photo, les profs sont plus bien compétents en OZ. Donc merci d’éviter de dires des grosses bêtises et de ne pas faire de généralités!Elatlas, les profs de fac en Australie ont en général un niveau de qualification plus faible qu’en France. Je n’y peux rien, c’est un fait. Je ne dis pas de grosses bêtises, c’est la réalité. Que tu trouves que tes profs en Australie étaient meilleurs qu’en France, c’est ton point de vue, issu de ton expérience, mais ça ne change pas la donne, merci de ne pas faire de généralités. A propos du système universitaire australien, voici le point de vue d’une universitaire qui fait partie d’un collectif qui lutte contre le démantèlement des universités en France et la grosse tendance qui existe à glisser vers ce système anglo-saxon. Tu as le droit de ne pas être d’accord avec son point de vue (car je ne présente pas ce texte comme étant la Vérité), mais cela dit tu pourras vérifier la véracité de ses propos car toutes les sources figurent à la fin de ce texte. Tu pourras peut-être y forger une opinion autre que celle issue exclusivement de tes impressions…
De toute façon un système éducatif qui interdit l’accès à une partie de la population est objectivement POURRI… point barre. Y’a vraiment que les fils à papa pour penser le contraire 🙂
@Tooth : Je préfère un système ou malheureusement des glandeurs profitent des aides pour squatter la fac sans vraiment savoir ce qu’ils veulent faire plus tard, plutôt qu’un système où des jeunes motivés sont dans l’impossibilité de payer les frais d’inscription… De deux maux il faut choisir le moindre…
Quote:Dans la lettre de cadrage que le Président Sarkozy a envoyée à Valérie Pécresse, le système universitaire « des autres grandes nations développées » est évoqué. Cette référence est largement relayée par les médias. On vante « la qualité » de ces systèmes universitaires, on cite ceux qui sont bien placés dans les classements mondiaux des universités dont on ne questionne pas la validité ni n’explique le fonctionnement. L’implication, plus ou moins explicite, est que le système universitaire français est « à la traîne », et a donc besoin d’une réforme libérale pour être « comme eux ». Je voudrais vous présenter sommairement un des modèles qui a été évoqué récemment dans les débats publics concernant l’université française.Si j’ai choisi de parler du système universitaire australien, c’est parce que c’est un système peu connu en France et pourtant souvent cité : dans des reportages sur France Info, ou un débat sur France 3, mais aussi largement utilisé comme exemple dans un article d’Eric Maurin sur le site http://www.laviedesidees.com.
C’est aussi parce que les universités australiennes sont publiques, tout en étant plus au moins « autonomes », dans le sens que veut accorder à ce terme la ministre de l’éducation nationale en France(1). C’est-à-dire que ces institutions gèrent leur propre budget, qu’elles gèrent localement leur recrutement et fixent les salaires, qu’elles disposent de la valeur de leurs biens immobiliers, et qu’elles entretiennent des partenariats avec le privé. Il existe bien des universités privées, mais elles sont peu nombreuses et peu importantes à côté des institutions publiques, à la différence de la situation aux Etats-Unis(2). Je voudrais relever quelques aspects de ce système qui me semble pertinents par rapport au débat actuel en France sur l’université.
D’abord, l’inégalité entre les institutions. Il n’y a aucune ambition d’égalité de l’offre de formation ni de la qualité de l’enseignement entre les institutions australiennes. Les huit « meilleures » universités se sont regroupées dans un « Group of 8 »(3). Il s’agit en fait des universités les plus anciennes et les mieux installées dans les grandes capitales. Dans ces huit universités, le niveau de qualification des enseignants est bien supérieur à la moyenne nationale, et entre elles il y a des accords de validation d’acquis. Leur accès est bien plus difficile que pour les autres universités : les critères de sélection, basés sur les notes en terminale, sont plus exigeants. Il s’agit bien d’un système à plusieurs vitesses.
Sur la question du financement de l’état des universités australiennes, je voudrais faire un petit rappel historique. En 1973 le gouvernement du « Labor », le parti travailliste, a aboli les frais de scolarité liés à l’université, dans un souci d’égalité des chances, s’inscrivant dans une volonté d’ouvrir l’université aux classes ouvrières et aux classes moyennes. À ce moment-là, le financement de l’état représentait environ 90 % des dépenses des universités. En 1989, un autre gouvernement, toujours Labor, a réintroduit les frais de scolarité, à taux fixe, toutes institutions et toutes filières confondues. Ces frais étaient fixés à 1 800 dollars australiens par an, et leur introduction s’est accompagnée de la mise en place d’un système d’emprunts qui permettait aux étudiants de différer le remboursement jusqu’au moment où ils entraient dans la vie active et atteignaient un certain niveau de salaire. Le remboursement s’effectuait par un prélèvement avec les impôts(4). Progressivement jusqu’en 1996, la part du financement de l’état a baissé jusqu’à 57 %(5). À partir de cette année-là, le nouveau gouvernement, cette fois Liberal, a introduit des changements majeurs dans le financement des universités. Aujourd’hui, la part du financement de l’état est tombée à 41%. Dans certaines institutions, il a chuté jusqu’à 30%(6).
Cela ne vous surprendra pas, ce désengagement de l’état en matière de financement s’est accompagné d’une augmentation de frais de scolarité. D’ailleurs, le gouvernement australien affiche clairement sur son site internet que le système d’emprunt pour les études universitaires a pour but de « transférer une proportion du coût de l’éducation supérieure du gouvernement fédéral aux étudiants » dans une situation de « restriction budgétaire » de la part du gouvernement fédéral(7). En 1996, avec les réformes du gouvernement Liberal, les frais de scolarité ont été augmentés de 40% en moyenne. Un système à trois « échelons » a été introduit, selon lequel chaque étudiant paie en fonction des revenus qu’il peut espérer gagner à la sortie de ses études. Ainsi, un étudiant en lettres payait environ trois mille dollars par an, un étudiant en droit, un peu plus de cinq mille( 😮 . Ce système est toujours en place, mais a connu d’importants changements. Car, maintenant, ce n’est plus l’état qui fixe le montant payé par chaque étudiant : il se contente de fixer un plafond possible par filière. Les institutions elles-mêmes fixent le montant exact. À l’heure actuelle, ces plafonds sont de l’ordre de 4 899 $ par an pour un étudiant en lettres, 7 118 $ par an pour un étudiant en science, en économie, ou pour des études d’ingénieur, 8 070 $ par an pour un étudiant en droit ou en médecine(9). Augmentation significative comparée aux chiffres de 1996.
Je voudrais rendre cela un peu plus concret : un étudiant qui souhaite poursuivre des études de droit (5 ans), aura à terme, une dette de l’ordre de 40 000 $ à la fin de ses études, si les frais n’augmentent pas plus. Mais il existe des inégalités entre le poids du financement à supporter par chaque étudiant, car si l’étudiant a la possibilité de payer ces frais au moment de son inscription, il bénéficiera d’un rabais de l’ordre de 25%. Donc, ses études lui coûteront 30 000 $. Et qui peut payer tout de suite ? Les étudiants des milieux favorisés. En plus, depuis 2003, il est possible d’accéder à des « places » universitaires non subventionnées par l’état, c’est-à-dire des « places » échappant aux critères que nous venons de voir. Dans ce cas-là, l’étudiant paie tout le coût de son enseignement, à un tarif qui ne peut pas dépasser 50 000 $(10). Ce type d’étudiant n’est pas soumis aux mêmes critères de sélection. C’est-à-dire que, pour entrer dans des filières très demandées, comme médecine par exemple, un étudiant subventionné doit figurer dans le premier centième des étudiants sortant de terminale(11). Sauf s’il a les moyens de racheter une place ; dans ce cas, il y a plus de souplesse concernant le niveau requis. Cette mesure, controversée au moment de son instauration en Australie, consolide un système sélectif où l’un des critères est clairement l’argent.
(De nouveaux changements en 2006 ont fait que chaque australien a droit, dans sa vie, à un maximum de sept années d’études subventionnées par l’état. Au-delà, il doit payer plein tarif. Ce qui demeure un peu juste pour terminer des études allant de la licence jusqu’au doctorat. Les conséquences de ces mesures sur la recherche sont à mesurer dans les années qui viennent.)
Cette augmentation des frais d’inscription comme source de financement du système australien s’est traduit par le fait que, globalement, en 10 ans, le poids de la dette étudiante est passé de 4,5 milliards de dollars à presque 13 milliards. Il est difficile d’argumenter qu’un tel système relève de l’accès équitable pour tous. Kevin Rudd, le leader actuel du Labor qui vient de remporter les récentes élections, a estimé que 100 000 australiens ont été exclus du système universitaire pour des raisons financières depuis 2003(12).
Il est donc manifeste que désengagement financier de l’état s’est accompagné d’une augmentation des frais de scolarité. Et aussi d’une augmentation dans les recettes de l’université de la part des revenus des étudiants étrangers qui contribuent, pour un pourcentage plus élevé, au financement des institutions que les étudiants australiens, car il n’y a pas de place subventionnées pour eux(13). D’où l’existence, dans les universités australiennes, de missions de marketing en direction de l’étranger. D’où aussi des scandales récurrents dans la presse australienne concernant des enseignants qui seraient plus « souples » dans leurs exigences de niveaux à l’égard des étudiants venus d’ailleurs.
Les départements de marketing au sein des facultés sont un autre aspect du système australien qui s’inscrit dans son ouverture à la logique du marché. Dans mon université, The Australian National University, qui compte environ 9 000 étudiants, il y avait six personnes employées à plein temps dans le département de marketing et recrutement d’étudiants(14). Des voyages en Australie et à l’étranger, de belles brochures, des spots publicitaires à la radio et à la télé faisaient partie des campagnes prévues chaque année. Tout cet argent sort du budget de fonctionnement de l’université. En plus de cela, des postes de marketing existent au sein de chaque UFR, qui sont en concurrence entre elles pour recruter des étudiants. Ainsi l’UFR des relations internationales est en concurrence avec l’UFR des sciences politiques ; l’UFR de psychologie, avec celle de sociologie. Les modules d’enseignement portent des titres qui visent à séduire les étudiants. Des journées d’orientation pour les futurs étudiants sortant de terminale sont tenues et organisées par des personnels chargés du marketing.
Car plus les frais de scolarité augmentent, moins la distinction entre étudiant et client est évidente. Il est utile de rappeler cela quand on parle d’échec à l’université en France. À ce sujet, il est aussi utile de rappeler que la sélection à l’entrée des facultés anglo-saxonnes rend dépourvue de sens une comparaison entre leur taux d’échec et celui qui peut exister dans un système d’ouverture à tout bachelier, tel que le système français. The Australian National University, dans l’année universitaire 2006, n’accordait d’inscription qu’aux candidats figurant parmi les 17% des meilleurs étudiants sortant de terminale(15). Pour les filières très demandées, comme on l’a vu, l’entrée peut-être restreinte au premier centième des étudiants sortant de terminale ; là où, en France, tout bachelier a droit à l’inscription à l’université. On ne compare pas des pommes et les oranges, comme on dit en anglais.
S’agissant de la qualité et de l’exigence de ces institutions, il est difficile de comparer ce dernier aspect avec le système français. Les classements internationaux des universités ne sont pas du tout satisfaisants quand on examine leur fonctionnement(16). À un niveau personnel, et donc forcément anecdotique, je tiens à préciser que j’ai reçu une éducation en Australie qui m’a beaucoup apporté. Mais pas plus que l’année de M2 que j’ai passée ici à Lille 3. La qualité de l’enseignement n’est pas meilleure parce qu’il coûte plus cher, et le niveau de compétence requis pour passer d’une année à la suivante n’est pas plus élevé.
Comme on vient de voir, l’échec n’est pas une critère de comparaison valable. Trois autres critères de qualité sont souvent utilisés. Si on prend comme indice de qualité le nombre d’heures de cours, le système français n’a aucune raison de rougir. Dans un cursus de lettres et sciences humaines à The Australian National University, institution encensée par un de ces fameux classements mondiaux comme la meilleure faculté australienne et 16e au monde(17), un étudiant aura en moyenne entre neuf et douze heures de cours dans les années d’études de licence. Un étudiant en M1 en Sciences Politiques n’a que quatre heures de contact avec un enseignant par semaine en premier semestre (deux séminaires) et aucun cours au deuxième semestre, celui-ci étant consacré à la rédaction du mémoire.
Si on prend comme critère de qualité le niveau de qualification des enseignants, il n’est pas plus élevé en Australie qu’en France, au contraire. En moyenne, 53% des enseignants des facultés australiennes sont titulaires d’un doctorat(18). On a autant de possibilité de recevoir des enseignements d’un professeur à la pointe de sa discipline en France, si ce n’est plus. En Australie, le nombre de postes équivalent à « maître de conférences » est en diminution, au profit des postes précaires, souvent occupés par les étudiants. Et d’une manière générale, la précarisation des enseignants, titulaires ou non d’un doctorat, est un phénomène très perceptible.
Dans les débats médiatiques, j’entends souvent mentionner comme critère de qualité, la professionnalisation des diplômes. Cela revient à poser la question de savoir qui doit payer pour la formation professionnelle des employés des entreprises, et s’il relève vraiment du budget public d’assumer cette charge. Mais sur ce point, je voudrais tout de suite relever un paradoxe. En 2005 en France, 95% des diplômés ont effectué au moins un stage dans leur cursus(19). Mais la pratique des stages dans les universités australiennes est beaucoup moins répandue, au moins au niveau de la formation initiale. Il n’y aucune obligation d’effectuer un stage lors d’un cursus en lettres et sciences sociales à l’ANU.
Peut-être est-ce parce que les grandes entreprises privées anglo-saxonnes recrutent avec plus de facilité des étudiants issus des cursus généralistes. Exemple : une grande entreprise de consultants en entreprise vient tous les ans dans mon université pour recruter des étudiants à la sortie de la licence. Elle organise des entretiens avec les 10% des étudiants ayant obtenu les meilleures notes en lettres et sciences humaines, sans que ceux-ci aient aucune formation en économie ou gestion. Leurs compétences sont évaluées sur leur capacité d’analyse critique, d’indépendance de pensée, et de qualité d’argumentation, toutes choses qu’ils ont développées dans des cursus de Lettres et de Sciences Humaines : compétences qui semblent plus facilement reconnues qu’elles ne le sont en France. Ainsi la plupart des étudiants en Lettres et Sciences Humaines ne se destinent-ils pas à l’enseignement.
Mais peut-être peut-on expliquer ce « manque de professionnalisation » plus simplement par le fait que les étudiants paient pour leur cours un prix très élevé. L’idée de verser des milliers de dollars pour effectuer un stage non rémunéré ne plaît pas beaucoup. La vaste majorité des étudiants australiens étant salariés à mi-temps pour financer leurs études, ils connaissent déjà bien le monde de l’entreprise. (Par ailleurs, la précarité financière des étudiants australiens, qui les oblige en grand nombre de travailler à mi-temps pendant leurs études, a été dénoncée par les présidents des universités australiennes en février 2007, à la suite d’une enquête approfondie portant sur la vie étudiante.)(20)
Je voudrais terminer mon intervention en relevant un autre paradoxe(21). Au moment où la nouvelle présidente de Harvard prononce un discours d’investiture condamnant l’entrée de la logique du marché dans les universités(22), au moment ou le Labor Party vient de gagner des élections en Australie avec un programme axé sur un investissement public élevé dans l’enseignement supérieur et des promesses de le rendre plus accessible au plus grand nombre(23), bref, au moment où les pays anglo-saxons prennent acte des dommages infligés par les dérives libérales dans leur système d’enseignement supérieur, la France introduit une « réforme » qui va encore plus loin que les pays anglo-saxons dans la logique libérale, et qui cherche, avec le « Plan de réussite en licence », à diminuer fortement la part du contenu intellectuel des formations universitaires et à dynamiter les bases du savoir dans les universités françaises au profit d’une « professionnalisation » à courte vue et sans preuve aucune de sa réelle efficacité quant à l’insertion dans le monde du travail.
Je crois que tout le monde ici est d’accord sur le besoin de réforme des universités françaises. Mais je rejoins le titre de l’article de Jean Fabbri publié dans le Monde le 29 novembre : « La réforme, oui, mais pas celle-là. »
Naomi Toth, membre du Collectif SLU Lille 3.
1. Au sujet de l’usage du mot « autonomie » dans le contexte des débats actuels, voir l’article d’Anne Berger, « La loi Pécresse et le modèle américain », Libération, jeudi le 20 décembre 2007 [et en ligne sur Fabula].
2. En Australie, les deux universités privées les plus importantes sont Bond University et The Australian Catholic University. Aux Etats-Unis, les « Ivy League » sont toutes des institutions privées. Pour plus d’information sur le financement des universités américaines et le rapport entre universités publiques et privées aux Etats-Unis, voir l’article de BusinessWeek, 10 décembre 2007 : « The dangerous wealth of the Ivy League »,
4. http://www.aph.gov.au/library/intguide/SP/HECS.htm
5. « Selected Higher Education Finance Statistics 1995 » publié par le Department of Employment, Education, Training and Youth Affairs, Australian Government
6. « Finance 2006 : Financial Reports of Higher Education Providers, October 2007 » publié par le Department of Education, Science and Training, Australian Government.
7. http://www.aph.gov.au/library/intguide/SP/HECS.htm
8. ibid
10. http://www.goingtouni.gov.au/Quickfind/PayingForYourStudies/…
11. Chiffre qui varie selon l’année et l’institution, mais le niveau requis pour l’entrée en médecine tourne autour d’un UAI (University Admission Index) de 99.
12. http://www.alp.org.au/media/0107/spe230.php
13. « Finance 2005 : Financial Reports of Higher Education Providers, October 2006 » publié par le Department of Education, Science and Training, Australian Government. 15% de la revenue des universités vient des frais de scolarité des étudiants étrangers ; 14% vient des frais de scolarité d’étudiants australiens occupant des places subventionnés.
14. Il y avait six personnes en 2001.
15. http://www.goingtouni.gov.au/CourseDetails.htm?CourseId=98233…
16. Ce n’est pas le but de cette présentation de montrer et critiquer le fonctionnement de ces classements, dont les plus connus sont celui du ‘The Times Higher Education Supplement’ et celui de l’université de Jiao Tong, Shanghai. Voir à ce sujet l’étude de la situation des universités néo-zélandaises par rapport à ces classements, qui comprend une analyse critique de ceux-ci : Simon Marginson, présentation au ‘Annual New Zealand International Education Conference’ 8-10 août 2007, Christchurch, Nouvelle-Zélande : http://www.cshe.unimelb.edu.au/people/staff_pages/Marginson/…
17. The Times Higher Education Supplement, classement de 2007, où l’ANU est classé 16e au monde, la seule institution australienne de figurer parmi les 20 premières.
18. Chiffres du « Group of 8 »
19. Le Monde, « Economie », mardi 4 décembre 2007
20. Voir http://www.universitiesaustralia.edu.au/documents/publications/…
21. Il y a beaucoup d’autres points que j’aurais aimé aborder, notamment la situation de la recherche et la diminution, voire la disparition, de disciplines qui n’ont pas su trouver de financement privé, mais le temps me manque.
22. Voir l’article publié dans The New York Times, le 13 octobre 2007, « First Woman Takes Reins at Harvard »
23. Le programme du Labor mettait l’accent sur trois points : les contrats de travail, l’environnement, et l’éducation, avec une forte attention donnée à l’enseignement supérieur. http://www.alp.org.au/
26 septembre 2016 à 0 h 18 min #184837Jc BinganaMembrebonjour mes frere des autralien, j´aimes beaucoup vivre en autralie pour la paix
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