J’ai testé pour vous … l’Indian Pacific

0
2265
L'Indian Pacific, un des trains mythiques
L'Indian Pacific, un des trains mythiques

L‘Indian Pacific est ce train mythique qui relie Sydney à l’autre bout de l’Australie, Perth. Avide d’aventures et de découvertes, j’ai embarqué dans le train à Adélaïde. C’est ma première traversée du désert australien, le Nullarbor. Une expérience unique au milieu d’un horizon infini et pourtant rempli d’inspiration.

Organisation zéro !

J’avoue, sur ce coup là j’ai manqué d’organisation. Je suis montée dans le train, ce jeudi après-midi, enfin ! Pour seul bagage (à main) mon sac de plage, un peu léger pour un si long voyage.

De l’extérieur, l’Indian Pacific s’apparente à un vieux train quelconque au ton gris pâle. Seul son symbole, l’aigle noir et son nom inscrit sur les wagons indiquent qui il est, d’où il vient.

18h00 : embarquement. Je suis en classe « Red », la moins chère. L’intérieur n’a rien d’original : sièges rouges, toilettes. Si, un détail qui a son importance lorsque l’on voyage deux jours : les sièges sont grands et laissent beaucoup d’espace pour les jambes, bien plus qu’en classe « éco » dans un avion ! Après un petit speech du « chef du wagon », je découvre qu’il y a des douches, des serviettes fournies, de l’eau en libre service et bien sûr un wagon bar, « The Matilde café ».

ma voiture, classe rouge, la plus abordable
A l’intérieur de la Classe Rouge de l’Indian Pacific, les sièges sont basiques mais confortables

Je vois rapidement les personnes bien organisées : sac de provisions pour les repas, non fournis (ceux du bar ne sont bien évidemment pas très économiques), oreiller et duvet pour la nuit. Je n’ai rien de tout ça !

19h00 : nous sommes parti d’Adélaïde et le bar ouvre pour le dîner. Je fais la connaissance de Rob, américain, Patrik, allemand et Nathalie, belge et « déguste » des nachos du bar. On discute tout en regardant le paysage : des grands prés, des vaches, des moutons. Rien de bien original. « Est-ce que le train est à son maximum là parce que l’on n’avance pas très vite », je demande à mes acolytes qui eux sont dans le train depuis Sydney. « Non, non, enfin presque ! On ira légèrement plus vite quand on sera dans le bush ».

21h00 : nuit noire. Premier coucher de soleil depuis l’Indian Pacific et joli mélange de couleurs : bleu, orange, rouge, rose…
Avant de retourner à mon siège, je vais tester la douche. Pas de gel douche mais je vois qu’il y a un savon en spray. Chouette ! Seulement une fois dedans, je me rends compte que c’est vide. Ce sera donc une douche à l’eau chaude, pendant laquelle je tente de conserver l’équilibre. On peut se retrouver très près de la paroi plus vite qu’on ne le pense ! Dans l’histoire, j’ai quand même pensé à prendre ma brosse à dent et mon dentifrice, c’est mieux que rien !

Après un peu de lecture, le couvre-feu a lieu à 22h et l’Indian Pacific passe en mode nocturne. On nous annonce que l’on change d’heure. Il est désormais 21h, « heure du train ». J’incline mon siège en position « couchette ». Capuche sur la tête, écharpe en guise d’oreiller. C’est parti pour ma première nuit… Ou presque ! 23h30 : premier arrêt à Port Augusta. Gare désertique. Fin du voyage pour certains, début pour d’autres. Je referme les yeux, pour la nuit cette fois-ci.

Un vendredi désertique

5h30 : j’ouvre un œil. Je me réveille doucement, contemple le soleil qui dévoile, minute après minute, les traits du désert australien. Le sable est rouge, le sol rocailleux jonché d’arbres et d’arbustes au feuillage vert-foncé, voire gris, brûlé. Rien de tel que d’admirer ce levé du soleil au rythme de Tryo. Réveil en douceur, de bonne humeur.

6h45 : deuxième expérience douche. Un mini flacon de shampoing a été malencontreusement oublié… J’en profite, saute dans la douche et m’offre ce petit plaisir matinal !

La journée de vendredi se résume en un mot : désert.
La journée de vendredi se résume en un mot : désert.

7h00 : ouverture du wagon bar pour le petit déjeuner. Toasts au miel et à la confiture, thé, jus de fruit et pomme sont au menu. Je regarde le paysage défiler (on ne va pas bien vite alors j’ai le temps de le voir passer) et en musique de fond, la voix de Michael Jackson ! Le paysage est désormais différent : les terres vallonnées et jalonnées d’arbres ont laissé place au plat total et au désert à perte de vue. Quelques arbustes ont pris racine dans cette terre toujours rouge. Étonnant, le long de la voie de chemin de fer, je découvre à plusieurs reprises des panneaux solaires !

9h30 : halte à Cook, 4 habitants, ville fantôme fermée depuis 1997. Je fais mes premiers pas dans le désert australien. On s’arrête pour trente minutes, le temps de changer de conducteur et de se réapprovisionner en essence.

Indian Pacific
Indian Pacific

Pour un instant, Cook est alors envahie par une foule de visiteurs, errant dans les allées sablonneuses. Je fais un petit tour rapide, appareil photo en main. Au loin, j’aperçois un dingo, chien sauvage d’Australie qui vit dans le désert. Les oiseaux ont investi les lieux. Mais personne à l’horizon, seulement des restes de « maisons ». Quelques vieux panneaux indiquent une école que l’on aperçoit d’un côté. De l’autre, on devine un ancien terrain de sport. Le long de la voie de chemin de fer, un gros bloc blanc comporte plusieurs écritures. J’ai noté celle-ci : « Our hospital needs your help, get sick »!
Au milieu de cette ville fantôme est installé un « gift shop », tenu par l’une des pionnières du village. Il comporte cartes postales, canettes dans des vieux frigidaires et autres souvenirs.

10h00 : l’alarme de l’Indian Pacific retentit dans le désert. L’heure de remonter dans le train a sonné. C’est reparti pour la traversée du désert. Prochain stop : Kalgoorlie, quelques 800 kilomètres plus loin.

La journée de vendredi peut donc se résumer en un seul mot : désert. La vie dans le train, elle, se résume à un rien. Lecture, sieste, musique, repas, je navigue entre mon siège, les toilettes et le wagon bar, histoire de changer de paysage intérieur, puisqu’à l’extérieur, tout est identique. Quelques arrêts impromptus rythment la journée, comme celui en plein désert pour prendre un seul homme : un éleveur de mouton, yeux bleus, barbe blanche jaunie par la poussière tout comme sa petite valise et sa casquette, jadis blanche.

J’ai passé beaucoup de temps, le long de ma fenêtre, le regard fixant, explorant l’horizon. J’ai aperçu dans ce désert sans fin deux dingos (chiens sauvages) et plusieurs aigles noirs. Pour la petite histoire, cet aigle symbolise le voyage épique à travers le continent le plus incroyable au monde, l’Australie. Avec ses deux mètres cinquante d’envergure, il est l’un des aigles les plus larges au monde. Il est comme un roi, au dessus du désert et dans le train, on imagine le silence qui règne, au loin.

18h40 : après des heures et des heures de voyage, plusieurs passages au bord de villes fantômes (inconnues sur la carte) comme Forrest, Rawlina, Naretta, Zanthus, nous voilà arrivés à Kalgoorlie. On remonte les montres d’une heure trente pour se mettre désormais à l’heure de l’État de l’Australie-Occidentale.
Kalgoorlie est une petite ville plutôt vivante. Quel plaisir de retrouver la civilisation ! À mon grand étonnement on trouve pas mal de pubs, tous remplis.

Avec deux jeunes français, on en profite pour savourer un bon « fish&chips » accompagné d’une bière.

22h20 : embarquement pour la dernière ligne droite jusqu’à Perth. Cette deuxième nuit, je m’organise un peu mieux : je prends une serviette pour mettre sur mes jambes (il y a la clim’ dans le train) et je me fabrique un repose-pied avec mes livres et carnets ! Je dors ainsi de 22h30 à 4h00, puis referme les yeux jusqu’à 4h45.

La fin d’un chemin

4h45 : c’est mon moment préféré, le moment d’admirer le soleil se lever, de suivre son rythme dans le ciel. Tout s’éveille, lentement, gracieusement. Dans le train, les plus matinaux ouvrent un œil, se laissent réveiller, regardent le paysage défiler.

C’est un réveil particulier. On prend son temps, doucement. On ressent. Son corps est encore endormi. Le mien est endolori par la nuit passée sur ce « siège amélioré », à moitié assise, à moitié couchée. Cette nuit, j’ai bien dormi. Mais ce matin, je sens une douleur dans mon cou, dans mes genoux. Ma démarche est incertaine, mes jambes sont lourdes.

Aux abords de Perth, prairies et champs de cultures se dessinent à l'horizon.
Aux abords de Perth, prairies et champs de cultures se dessinent à l’horizon.

Dehors, les champs et les arbres font leur retour dans le paysage. On sent que l’on s’approche du point final. Des routes se dessinent, des maisons apparaissent. Des moutons aussi, paisibles.

9h30 : c’est l’arrivée. Je suis fatiguée par ce long voyage, mais contente de l’avoir réalisé. Il faut maintenant reprendre le rythme de la civilisation, effectuer ses premiers pas dans une nouvelle ville, partager mes premières impressions.

Voilà, c’est comme ça, un voyage dans l’Indian Pacific. Pas exactement comme dans un train quelconque, pas tout à fait comme les histoires d’amour, Dixit Grand Corps Malade. Pour moi, c’est une partie de mon histoire, de mon aventure. C’est un bout de chemin, un lien. Plus d’informations sur le site du Great Southern Rail.

Rate this post