Les coraux et poissons multicolores de la Grande barrière de corail font l’objet d’une fascination justifiée auprès des touristes comme des scientifiques qui l’étudient. À Heron Island, s’offre à vous la possibilité de séjourner dans un cadre de rêve, au plus près de cette fascinante biodiversité et ce, en évitant les écueils du tourisme de masse. Récit d’une expérience inoubliable sur le « reef ».
Minimiser son impact sur la Grande barrière
Victime de l’industrie du charbon, de l’acidification des océans et du tourisme de masse, la Grande barrière de corail, trésor inestimable de biodiversité, est aujourd’hui plus que jamais en péril. Pour profiter de cette merveille de la nature avec la garantie d’un impact réduit sur l’environnement, un passage à Heron Island me semblait être l’option idyllique. Le séjour sur l’île n’est certes pas donné, mais offre une expérience unique, loin du tourisme de masse de Cairns, d’Airlie Beach et des Whitsundays, dans un cadre préservé et sauvage.
En bref, un séjour à la Robinson Crusoé, qui n’a pas de prix quand on aime la nature et la détente. Heron Island est une petite île de 17 hectares, située à 80 km au large de Gladstone. Le trajet de 2h en bateau se fait sur des flots tranquilles, avec la possibilité d’observer des baleines selon la saison.
Véritable sanctuaire pour la faune et la flore, Heron Island est un paradis pour les photographes et les amoureux de nature. En particulier pour les passionnés de plongée qui peuvent découvrir, avec leurs simples masque et tuba, de nombreuses espèces depuis les plages de l’île. Requins de récif, tortues vertes et caouanes, raies mantas et pastenagues, murènes, poissons tropicaux, etc. Autant de merveilles de la nature à quelques mètres seulement des bungalows.
Côté faune terrestre, les oiseaux peu farouches sont facilement observables et s’agitent à la nuit tombée. L’île compte de nombreuses espèces nicheuses ou endémiques. Parmi elles, les aigrettes sacrées et à têtes blanches (« herons » en anglais) qui ont donné leur nom à l’île, mais aussi des espèces moins connues comme le noddi noir, le puffin fouquet, la sterne bridée ou le superbe aigle pygargue blagre. L’île est recouverte d’une forêt de pisonia et d’héliotropium, semblables à des yuccas géants.
Bon à savoir : la gestion éco-responsable du site a reçu l’Advanced Eco Certificate en raison de son architecture discrète, de son alimentation en eau désalinisée et de son générateur d’électricité en circuit fermé.
Récit d’un séjour sauvage sur Heron Island
Dès l’accostage sur l’île, les premiers clichés apparaissent. L’imposante épave du Protector, ancien bateau de la marine australienne abandonné ici en 1943, plante ce décor de bout du monde. Sur place, un nouvel univers s’offre à nous, loin de l’urbanisation de Gladstone et des fêtards de tous horizons qui convergent à Airlie Beach. Le resort est camouflé dans la verdure et pour cause : il n’occupe qu’un tiers de l’île afin de ne pas trop perturber l’écosystème local.
Un membre du personnel nous conduit au centre du « village » composé de 109 bungalows. Il explique les « règles » habituelles de tout resort (horaires du dîner, du petit déjeuner, pas de wifi), puis nous plonge immédiatement dans le vif du sujet : la nature, présente à son état le plus pur, d’où l’importance aujourd’hui de la préserver. Quelques conseils que je retiens : « Se tenir à distance des oiseaux qui nichent sur toute l’île, ne pas les nourrir, ne pas prélever et marcher sur le corail, etc ». Autre conseil que nous retiendrons sans nous faire prier : « Quand vous êtes en plongée, ne ramassez pas de coquillages ». En effet, parmi eux, se terre le conus, un mollusque doté d’un dard extrêmement venimeux. Les requins, nous dit-on, sont des requins de récif, inoffensifs.
Malgré ces quelques faux ennemis, nous ne perdons pas de temps et empruntons du matériel de snorkeling (masque et tuba). S’immerger dans cette eau cristalline n’est pas désagréable, mais je préfère garder mes sandales en plastique pour éviter toute coupure. Sans surprise, nous ne tardons pas être encerclés de bancs de poissons en tout genre, y compris d’impressionnants barracudas.
Les majestueuses raies sont là, les requins aussi. Ils font fuir en quelques mouvements furtifs les bancs de poissons qui se mouvaient jusqu’alors paisiblement. Perdue dans la contemplation des coraux multicolores, je me fige en apercevant une tortue marine occupée à brouter les herbes marines à seulement quelques mètres. Elle me guette du coin de l’œil et finit par s’enfuir. Les requins se tiennent également à distance. Ils sont petits, pas plus de 1,20 m d’envergure mais leurs yeux inexpressifs m’impressionnent malgré tout
Quelques heures plus tard, je sors de l’eau et contemple le paysage caractéristique de l’île, verte et touffue, contrastant avec l’eau azur qui l’entoure. Je m’étonne du peu de ne voir personne à l’eau ou sur la plage. Quel bonheur de se sentir seuls au monde ! Nous rejoindrons par la suite notre bungalow, une cabine très sobre et confortable. Ici, pas de mauvaises ondes : ni télé, ni portable, ni wifi. De quoi enfin profiter d’un bon bouquin sur le hamac, sans mauvaise tentation.
La nuit tombée, je me surprends à vouloir m’enfoncer dans l’épaisse forêt qui bruisse de mille bruits. De cris d’oiseaux surtout, que j’assimile à ceux de mystérieux fantômes. Je ne suis jamais allée aux Galapagos, mais j’imagine sans mal que les sensations s’en rapprochent. Après avoir erré dans l’obscurité, je finis par rejoindre la terrasse où nous observerons le ciel constellé des heures durant.
Au petit matin, je tente ma chance sur la plage, souhaitant profiter de la solitude. Je ne regrette pas cette initiative car j’ai le plaisir de croiser une imposante tortue verte qui retourne à l’océan. Décidément, les clichés s’enchaînent durant ce séjour plein de surprises. L’après-midi, nous optons pour une découverte du récif avec une petite embarcation qui nous mène plus au large. Sur le retour, nous regrettons presque de n’avoir réservé qu’une seule nuit sur ce petit bout de terre sauvage, mais nous savons aussi que d’autres « îles de récif » valent le détour : Musgrave, Lady Eliott, Green Island, etc.
Pratique
Quand y aller ?
Si vous cherchez la solitude, évitez la saison estivale australienne, entre décembre et février. Il est recommandé d’y séjourner entre octobre et mars pour observer les tortues marines en période de ponte. L’éclosion des petits, quant à elle, a lieu jusqu’en mai. Juin-juillet est la saison idéale pour observer les baleines à bosse. Tout le reste de l’année conviendra si vous êtes passionnés d’oiseaux et de plongée.
Quel budget ?
Comptez à partir de 347 AUD$ pour une chambre double puis à partir de 64 AUD$ pour le transfert en bateau.
Que faire sur place ?
Plongée, balade et observation des oiseaux, détente sur les plages paradisiaques, etc. Profitez du silence durant la journée et du concerto ornithologique en soirée.