À la découverte de l’Outback…. mais qu’est ce que l’Outback australien ? En gros, il s’agit de tout l’intérieur du pays, et plus précisément les immensités peuplées de troupeaux de moutons et de vaches qui appartiennent à de vastes « Stations » (fermes) situées la plupart du temps au milieu de nulle part, parfois plus grandes que le Luxembourg ou la Corse…
Un bush semi-aride en saison sèche, qui se transforme chaque année pendant les inondations en un marécage inextricable, bloquant ses quelques occupants pendant parfois plus de 5 mois ….
Nous sommes donc partis à la découverte de ces gens qui vivent dans les endroits les plus isolés et les plus reculés de la planète. Car si la société australienne est essentiellement urbaine, c’est pourtant dans l’Outback que l’on apprécie réellement le pays, avec sa terre rouge, ses pubs et le tempérament des « Aussies ».
Tout l’intérieur de l’Australie est sillonné de milliers de kilomètres de pistes, soit boueuses, soit envahies d’une fine poussière qui s’infiltre partout en fonction des saisons.
Ces pistes sont pour la plupart des anciennes « Stock Routes », (routes du bétail) qui ont chacune leur histoire. En effet, elles servaient à faire migrer les troupeaux en fonction des conditions climatiques, en direction de meilleurs pâturages. Aujourd’hui, elles sont empruntées par d’énormes camions tirant au minimum 3 remorques, voire 4, et transportant en général du ravitaillement à l’aller et le bétail (sur 2 niveaux) au retour des « Stations » (fermes) du bout du monde. Ces « Road Trains » sur les « tracks » (pistes) lèvent une poussière rendant les dépassements très délicats.
Les 29 moutons mérinos et les 5 vaches importés d’ Angleterre en 1788 sont à l’origine de la richesse de l’agriculture australienne….. Avec ses 7 713 360km2 et ses 27 millions de bovins, l’Australie est très productive. La viande de boeuf et de veau produite par les « Cattle Stations » est principalement exportée vers les États-Unis et le Japon. Au total, les terres réellement cultivables représentent moins de 10 % du territoire national.
Toutefois, les pionniers australiens ont su créer, par leur labeur et leur technicité, une agriculture très performante qui produit des excédents considérables. Pour rassembler ces immenses troupeaux d’ovins et de bovins qui s’égaient au milieu de nulle part, plusieurs méthodes de « Mustering » s’offrent aux « Farmers » (fermiers).
L’hélicoptère, l’avion, le 4×4, la moto, et le cheval bien sûr, le tout relié par radio UHF. Généralement, c’est une combinaison de 3 de ces moyens que choisissent les fermes.
Le mustering peut prendre jusqu’à 3 semaines en fonction de la superficie de la station, qui peut atteindre sans peine la dimension d’un département français… D’ailleurs, beaucoup de stations disposent de leur propre avion et l’utilisent pour faire le tour des clôtures, vérifier les points d’eau et faire le tour du propriétaire.
Le mustering ( rassemblement du bétail ) est un « sport » dangereux : tous les ans, des pilotes se prennent dans les arbres et les accidents sont fréquents. En effet, le bétail devient de plus en plus récalcitrant en prenant de l’âge, contraignant les pilotes à prendre des risques pour aller les débusquer dans le bush.
123 millions de moutons à tondre par les Shearers. L’Australie est le plus grand producteur et exportateur mondial de laine avec la Nouvelle-Zélande. Les « Sheep Stations » fournissent quelques 70% des besoins mondiaux en laine destinée à la confection de vêtements. La laine est produite par 53 000 éleveurs avec environ 123 millions de moutons répartis sur la moitié du pays. Le cheptel est constitué, pour les quatre cinquièmes, de moutons de race mérinos qui donnent la laine la plus fine qui soit. Environ 97% de la laine australienne est exportée. La Chine, le Japon, la France, l’Allemagne et l’Italie constituent les principaux marchés.
La tonte est un moment important dans le bush. Des équipes de tondeurs professionnels, les « Shearers », vont de sheep-station en sheep-station pour proposer leurs services pendant les mois d’automne, d’hiver et de printemps austral. Dans la culture australienne, les shearers sont une race d’hommes à part, payés au nombre de moutons tondus. Ils se livrent à des matchs épiques, tondant un mouton en quelques dizaines de secondes.
Un bon shearer tond 170-180 moutons par jour (8 heures), et gagne 1.74 $ (0.97 €) du mouton tondu. Une fois le mouton tondu, la laine est triée par catégorie, puis elle passe à la presse pour être empaquetée par balles de 200 kg chacune.
Le Cattle (bétail) est acheminé sur des foires aux bestiaux dans les principales villes de l’Outback, par d’énormes Road Trains (camions) où il sera vendu aux enchères. Les bêtes d’âge pour la viande, sinon les plus jeunes têtes partiront vers d’autres Stations (fermes), afin de continuer à grandir et finiront tôt ou tard en T-bone (côte de boeuf) dans nos assiettes !
Nous nous enfonçons toujours plus profondément dans l’Outback australien et la piste s’étire à l’horizon, impressionnante ligne droite sur des centaines de kilomètres, seule trace de l’homme dans la nature sauvage. Bleu, rouge et vert, sont les trois couleurs qui se déclinent en Australie. Le bleu intense du ciel sans nuage, le rouge vif de la terre et le vert du « Bush » (buisson ardent). Aussi loin que porte notre regard, nulle autre couleur ne vient troubler cette parfaite harmonie naturelle. À 80km/h, la vitesse est grisante sur la piste sans trafic et un véhicule tout terrain bien équipé prend ici tout son sens. Le « Bull dust » (poussière rouge) que lève le 4×4 pénètre partout. Même nos cheveux prennent des nuances orangées ! Le soir, nos bivouacs se passent dans la plus grande solitude, en autonomie complète, nous nous sentons immensément libres….
La réponse à l’isolement du Bush, Flying doctors et School of the Air
Il n’y a que pour les touristes que le « Bush » (brousse) australien est une merveilleuse randonnée. Pour ceux qui le vivent au quotidien, cela peut tourner au cauchemar.
En effet, ces terres immensément plates se transforment, pendant la saison des pluies (octobre/mars), en un vaste marécage de plusieurs milliers de kilomètres carrés, rendant inaccessibles par voie de terre la plupart des « Stations » (fermes). Devant cet isolement total de près de 6 mois par an, sont nés les « Flying Doctors » et la « School of air« , afin de rendre un peu plus hospitalier certaines régions de l’Outback.
Jusqu’à la fin des années 20, les habitants des zones les plus reculées de l’outback n’avaient pas, ou peu, accès aux infrastructures médicales. C’est pourquoi à partir de 1912, le révérend John Flynn, horrifié par les tragédies dues au manque d’infrastructures médicales, comprit rapidement que le problème serait réglé au moyen de la radio et de l’avion. Mais, malheureusement, ces outils en étaient encore à leurs balbutiements.
En 1928, à Cloncurry, dans le Queensland, vit le jour la première base des « Royal Flying Doctor Service », (médecin volants). La ville devint par la suite la base du Queensland & Northern Territory Aerial Services (Qantas) qui fournissait un pilote et un appareil. Aujourd’hui, il n’est plus aucun patient sur le territoire australien qu’un médecin ne puisse atteindre en moins 2 heures.
Les 16 bases que compte le réseau sont éparpillées sur l’ensemble du territoire. Par exemple, celle de Broken Hill rayonne sur 640 km2, elle compte 6 pilotes, 6 infirmières, 6 médecins et des correspondants dans les dispensaires éparpillés dans quelques bleds du bush.
Si ce n’est pas grave, les ordonnances se font par radio, car chacun, à son domicile dans les régions reculées, possède une pharmacie très complète. Sur le plan administratif, le RFDS est financé par les autorités et par des personnes privées, et bénéficie du statut d’association à but non lucratif.
Il a fallu aussi que l’Australie remédie à un autre problème, celui de la scolarité des enfants du bush ; c’est ainsi que naquit sur les ondes des RFDS la « School of the Air » (école par les ondes). Les enfants vivant dans l’outback étaient scolarisés par correspondance. En 1944, Adelaide Meithke se rendit compte que la radio HF pourrait être utilisée pour la scolarisation de ces enfants et donner un côté social par un contact direct avec leur enseignant et les autres élèves.
Son idée était de créer une salle de classe sur les ondes en utilisant le réseau radio du Royal Flying Doctor Service (RFDS).
Cela devint une réalité en 1951. Aujourd’hui, il y a 14 « School of the Air » qui couvrent l’outback australien. La plus grande partie de la scolarisation se fait toujours par correspondance mais chaque jour l’élève suit des leçons par radio et parle 15 minutes par semaine personnellement avec son enseignant.
Mais rien ne remplace le contact réel ; c’est pourquoi les enseignants se déplacent plusieurs fois par an en 4×4 ou en avion pour rencontrer leurs élèves. Et, une fois par an, élèves et parents se rendent à l’école pour une semaine d’activités en commun. Certains de ces enfants vivent à plus de 1.000 kilomètres de leur école et devraient parcourir plusieurs jours de pistes difficiles pour y parvenir.Avec l’avènement des nouvelles technologies sur Internet, l’enseignement s’en trouve de plus en plus facilité.
L’Outback australien ne laisse pas indifférent, les sentiments sont extrêmes comme le milieu, on adore et soudain on déteste au détour d’une piste poussiéreuse….. Ici les « Farmers » (fermiers) ont pris au piège des dingos, les ont étripés et les ont pendus par les pattes à un arbre !
Pourquoi ? Parce qu’ils les détestent et les tuent systématiquement, les considérant comme des immigrants illégaux introduits par les colons britanniques. Ces animaux sont désormais considérés comme « vermine » au même titre que les « Dingo » (chien sauvage d’Australie). D’ailleurs, ça aussi c’est un des nombreux visages de l’Australie !
Mais il y a également les cadavres de kangourous qui jalonnent les routes, heurtés par des chauffeurs trop pressés et équipés de solides « Roo bar »(pare-buffles). Il faut ensuite effectuer un gymkhana afin de ne pas leur repasser dessus… Et puis, pour se remettre de toutes ces émotions, il y a bien sûr les innombrables « Pubs » (bar) où tous les « Aussies » (australiens) du coin se retrouvent pour boire une « Piss » (bière).
Ces pubs sont tous plus hétéroclites les uns que les autres, un capharnaüm général conférant au lieu une ambiance bien particulière qu’il ne faudrait pour rien au monde rater !
Dingo Fence, la plus longue clôture du monde
Auprès de la population des grandes villes australiennes, la « Dingo ou Dog Fence » ne jouit pas d’un immense prestige : à Sydney, rares sont les gens capables de situer un point sur la longue trajectoire de 9.600 km qu’elle décrit à travers 3 états. Elle est la plus longue clôture du monde.
Cette barrière, réglementairement, mesure 1.80 m de haut et s’enfonce de 30 cm dans le sol. Elle n’est que la fameuse « Rabbit Fence » datant de 1880 et fut reconstruite contre les dingos en 1920. Elle est censée protéger les moutons de ces chiens sauvages.
Ici, deux « Boundary riders » (coureurs de frontière) constatent les dégâts d’un dingo qui a tué deux agneaux ; sa dépouille est accrochée en trophée au dog fence ! Leur tâche consiste à surveiller l’entretien de la barrière sur une soixantaine de kilomètres.
Les déserts de l’Outback, pour se perdre encore plus …
Les déserts en Australie sont au nombre de cinq. Le plus vaste se trouve au sud de Darwin et se nomme le Great Sandy Desert. Il couvre la région entre l’Océan Indien et le Parc National d’Uluru. À peine plus au sud, on trouve le Gibson Desert. Encore plus au sud et au centre du continent, s’étend le Great Victoria Desert. Enfin, à l’est d’Alice Springs, on trouve le Simpson Desert et au sud-est, le Sturt Desert.
Environ 70 % de la superficie du territoire australien est soumis à un climat aride ou semi-aride. Plus d’un tiers du continent est pratiquement désertique en raison de la faible pluviosité. Seul un cinquième du territoire est arrosé de précipitations annuelles supérieures ou égales à 600 mm. L’Australie est sans doute l’une des plus vieilles terres du monde !
Là commence la véritable aventure, lorsque nous rejoignons la « French Line » une piste qui traverse le désert d’ouest en est, incisant les dunes à angle droit.
Le Désert de Simpson en fleurs… Le Pois du Désert de Sturt ( fleurs rouges) est une plante annuelle des régions arides du centre qui fleurit après les pluies diluviennes.
Le dernier challenge est de gravir la Big Red, cette dune de plus de 60 mètres de haut au nord de Birdsville... Il a fallu, pour certains, s’y reprendre à plusieurs fois !
Fin du périple dans l’outback australien 🙂 j’espère que ce récit vous a donné l’envie de découvrir cet autre visage de l’Australie ! L’Outback.
Merci à Gwendolyn et Marc de nous avoir fait partager cette aventure.
merci pour ces magnifiques détails qui donnent envie d’y aller !!! Je suis venue chercher des infos parce que ma fille qui est en Australie depuis le mois de novembre vient tout juste de partir dans l’outback et je voulais savoir ce qu’elle allait découvrir. C’est incroyable, cela semble être un autre monde Super !;-):bravo::bravo:
test
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