Survie dans l’Outback : nos conseils pour vous débrouiller en milieu hostile

0
5098
survie dans l'Outback
Désert de Western Australia

Mise en situation : vous êtes bloqué en plein milieu du désert australien, le réseau est inexistant et pas une voiture à l’horizon depuis une heure, lorsque vous avez eu « l’excellente » idée de prendre ce joli petit chemin de terre en prenant le prétexte de l’aventure. L’aventure oui, mais à condition de ne pas se mettre en danger. Après une première partie sur la préparation et le matériel essentiel, voici la suite de notre petit guide de survie dans l’Outback.

Si vous faites le récapitulatif des vivres, il vous reste deux ou trois bouteilles d’eau, quelques pâtes et des barres chocolatées qui, avec la chaleur, ont déjà passé l’arme à gauche. Une idée de chanson appropriée ? « Highway to hell » peut-être. En tout cas, le titre est en parfait accord avec le climat. Comment rester en vie quand il fait 45° à l’ombre et que le prochain point d’eau potable est à des kilomètres ? Pas facile, mais pas impossible non plus. Il suffit simplement de ne rien faire de stupide, d’avoir des notions de survie… Et de la chance !

Simpson Desert
Simpson Desert – Copyright : Myheimu

Survie dans l’Outback : l’importance de rester hydraté

La priorité est de trouver de l’eau car sans cela, votre corps ne tiendra pas plus de 3 jours. Dans un environnement très chaud, il se déshydrate à vitesse grand V, créant rapidement une sensation de malaise. N’attendez pas d’avoir vraiment soif pour boire, c’est déjà un signe de déshydratation. Buvez en petite quantité mais régulièrement.

Simpson Desert
Simpson Desert – Copyright : Island Home

Pour obtenir de l’eau, vous avez le choix :

  • Appliquer la méthode « de transpiration » s’il y a de la végétation autour. Pour cela, entourez d’un plastique la branche la plus feuillue d’un arbre ou d’un buisson non toxique, puis refermez avec une corde. Le soleil créé un phénomène de sudation des feuilles dont l’eau s’écoule ensuite au fond du sac. Toutes les 3 heures environ, creusez un petit trou dans le plastique pour recueillir le liquide, et rebouchez ensuite avec du scotch ou une corde. Faites en sorte que le sac soit toujours placé en plein soleil.
  • Collecter la rosée sur les surfaces lisses, sur les plantes ou sur une toile de tente avec une éponge que vous pressez ensuite dans une bouteille.
  • Suivre les traces d’animaux. En général, quand plusieurs empreintes vont dans la même direction, c’est qu’il y a une source pas loin.

De l’eau oui, mais de l’eau propre

Une fois que vous avez trouvé de l’eau, il faut d’abord la purifier pour ne pas tomber malade. Là encore, plusieurs techniques sont possibles :

  • Laissez l’eau reposer dans un récipient pendant plusieurs heures afin que les organismes retombent au fond. Ensuite, placez un morceau de tissu au-dessus d’un autre récipient propre (bouteille coupée, casserole, etc.), puis versez très doucement l’eau. Le chiffon sert à retenir les impuretés.
  • Pour rendre l’eau propre à la consommation, vous devez toujours la faire bouillir au préalable.
  • Si vous ne pouvez pas la faire bouillir, il existe une autre solution : le traitement solaire. Pour cela, prenez une bouteille transparente (si possible en verre, sinon en plastique). Remplissez-la de moitié avec l’eau trouvée et fermez à l’aide du bouchon. Secouez-la énergiquement pendant plusieurs secondes et finissez de remplir avec l’eau qu’il vous reste. Couchez la bouteille sur un endroit exposé en plein soleil et assurez-vous qu’elle chauffe toute la journée.
survie dans l'Outback
Méthode de transpiration – Copyright : bobcoopersurvival.com

En début de soirée, les ultra-violets auront tué les micro-organismes présents dans le liquide. Ceux qui ont des pastilles purifiantes peuvent en rajouter une fois ce processus terminé afin de sécuriser au maximum la consommation.

Si vous n’arrivez pas à trouver de l’eau et qu’il ne vous en reste qu’une faible quantité, buvez par petites gorgées pour remplacer les fluides perdus par votre organisme. Ne buvez surtout pas d’eau salée et JAMAIS votre urine (oui, Bear Grylls le fait mais ce n’est pas une raison) .

Survie dans l’Outback : faites connaître votre position

Une fois que vous êtes calme et bien hydraté, il faut tout mettre en œuvre pour que l’on puisse vous retrouver plus facilement.

Faites-vous remarquer

La première chose à faire pour attirer l’attention sur votre situation de détresse est de bloquer la route à l’aide d’un trépied fabriqué avec des bâtons ou d’autres objets. Les véhicules et les marcheurs doivent pouvoir vous repérer de jour comme de nuit.

Trépied de signal
Trépied de signal Copyright bobcoopersurvival.com

Réveillez le ou la survivaliste qui sommeille en vous

Dans un contexte de survie dans l’Outback, le feu est un bon moyen de se faire repérer. Pendant la journée, mieux vaut faire un feu contenu avec le plus de fumée possible. Pour cela, faites brûler des branches et des feuilles mortes. Vous pouvez aussi brûler un pneu de secours qui saura créer une fumée visible de loin.

Pendant la nuit, en fonction de l’endroit où vous vous trouvez, le feu doit être bien lumineux, car une grande flambée attirera plus facilement l’attention.

Quand vous faites un feu de détresse, construisez-le en forme de pyramide (trois feux positionnés en triangle). Tâchez de l’éloigner de 100 m des deux autres feux et du reste de la végétation.

Prudence tout de même à ne aggraver la situation en provoquant un incendie !

Miroir, miroir

Vous pouvez également signaler votre position en utilisant le phénomène de réflexion avec des outils lumineux la nuit ou avec un miroir réfléchissant le jour. Pensez à votre rétroviseur, aux feuilles d’aluminium, à une carte de crédit, etc. Il vous suffit de pendre ces objets aux arbres ou sur votre trépied au milieu de la route.

3 points, 3 traits, 3 points

Si vous décidez d’écrire un message de détresse, le plus simple est le fameux SOS (« Save Our Souls »). Trouvez tout ce que vous pouvez pour tracer ce signal aussi grand que possible sur le sol et pour vous faire repérer, notamment depuis le ciel (bâtons, pierres, vêtements, etc.). Vous pouvez aussi l’écrire en morse pour les avions :

SOS = … — … (3 points, 3 traits, 3 points).

Appliquez la « règle de 3 » : les 3 signaux à intervalles réguliers sont considérés comme un signal de détresse international (3 flashs de lumière, 3 feux, 3 coups de sifflet, etc.).

Survie dans l’Outback : l’art de trouver un abri

L’important maintenant pour assurer votre survie dans l’Outback est de trouver un abri afin de vous protéger des éléments. Pour les fans de construction et les adeptes de cabanes, c’est le moment de tout donner !

Vous pouvez tout à fait utiliser votre voiture, à condition qu’elle soit protégée des rayons directs du soleil avec des couvertures de survie, des arbres ou des branches. Encore une fois, faites en sorte de rendre votre location visible pour faciliter les recherches des secours.

Si vous décidez de construire un abri avec des matériaux naturels (branches, feuilles, boue, etc.) attendez le début de soirée quand les températures sont plus fraîches au lieu de le faire en plein soleil. Regardez autour de vous pour voir ce qui pourrait servir à votre construction. S’il pleut, prévoyez un K-way ou improvisez avec un sac plastique.

Rester abrité et au chaud est important physiquement comme mentalement. Cela vous permettra aussi de dormir afin que votre corps puisse reprendre les forces nécessaires.

La guerre du feu

Le feu est un élément essentiel à la survie dans l’Outback, puisqu’il va permettre de préparer à manger, d’apporter de la chaleur au corps, de stériliser de l’eau et de vous faire repérer.

Pour le démarrer, il vous faut un combustible, de la chaleur, de l’oxygène et de la patience !

voici la suite de notre petit guide de survie dans l'Outback.
Feu dans l’Outback – Copryright : Philipp Morton

Le combustible peut par exemple être apporté par des herbes, des branches sèches, ou encore des produits chimiques à condition de faire preuve de prudence.

La chaleur peut être provoquée par friction, par réaction chimique ou par le biais d’une étincelle. Avoir un briquet ou des allumettes waterproof peut donc s’avérer plus qu’utile !

Vous pouvez faire un feu en utilisant un peu de pétrole et en l’allumant avec une cigarette, avec une allumette ou en utilisant les câbles de votre batterie pour faire une étincelle. N’oubliez pas de vous éloigner du véhicule.

Mode d’emploi de base

  • Pour la préparation du feu, collectez du bois sec en cherchant dans les endroits protégés de l’humidité. Évitez de prendre des feuilles d’arbres car celles-ci font plus de fumée qu’autre chose ! Séparez ensuite le petit du gros bois, ainsi que les brindilles.
  • Dégagez une zone réservée à l’emplacement du feu (enlever les cailloux, les racines, les bâtons, etc.). Celle-ci doit être assez loin de tout objet susceptible de s’enflammer et si possible à l’abri du vent.
  • Une fois que c’est fait, placez du papier au centre ou des feuilles séchées ramassées, puis allumez (briquet ou allumettes). Ajoutez les brindilles tout autour. Si vous avez des écorces d’arbres ou des tiges de ronces, elles sont aussi très utiles pour faire démarrer les flammes.
  • Lorsque votre feu de joie est lancé, il ne vous reste plus qu’à ajouter le gros bois en formant une sorte de pyramide au dessus des flammes. Allez-y avec délicatesse sinon cela risque de s’éteindre !
  • Vous pourrez ensuite alimenter votre bûcher en rajoutant du bois au-dessus et au-dessous des flammes.
  • Pas d’allumettes ? Voici comment faire un feu par friction :

Concernant la nourriture

Une fois que vous avez fini vos noodles et que vous commencez à saliver en pensant raclette, steak frites et autres mignardises, dites-vous que le danger principal n’est pas la faim. Votre corps peut tenir jusqu’à trois semaines sans manger.

S’il vous reste de la nourriture, préférez d’abord les aliments contenant de l’eau pour digérer plus facilement et dépenser moins de fluides corporels. Pensez à rationner les aliments que vous avez. Pour assurer votre survie dans l’Outback, pas besoin de vous goinfrer, mangez peu mais régulièrement.

Si vous êtes à court de provisions, commencez par regarder autour de vous et sous les roches ou les troncs d’arbres. Ne partez pas en pleine nature en quête de nourriture, vous pourriez vous perdre et empirer la situation ! Restez à proximité et ne sortez de votre abri qu’en début ou en fin de journée. Selon l’environnement, vous pouvez tenter d’attraper des animaux comme les poissons, les reptiles, les insectes, les oiseaux, etc.

Pour les chasseurs en herbe, le mieux est de fabriquer une longue lance pointue. Si vous attrapez un gibier, n’oubliez pas d’enlever la tête, les entrailles et la peau ou les plumes. Il est important de laver et de bien cuire ce que vous mangez pour éviter les risques d’indigestion ou d’infection.

Pour ceux et celles qui souhaiteraient s’essayer au « bush tucker« , il vaut mieux s’être renseigné au préalable sur le sujet et sur les aliments qui sont comestibles ou pas.

Quelques incontournables pour la voiture

Si vous accédez à une route de sable, il faut impérativement dégonfler vos pneus pour ne pas vous enfoncer. La surface de contact avec le sol sera plus grande et la répartition du poids de la voiture sera meilleure. Pas besoin d’un équipement précis, il vous suffit juste d’appuyer légèrement dans la petite valve du pneu avec une clé ou un petit bout de bois.
Il faut évidemment les regonfler rapidement avec un compresseur ou dans une station proche lorsque vous retrouvez un terrain ferme.

Si votre véhicule se retrouve coincé (boue, sable, etc.), pas la peine de faire tourner les roues inutilement car cela ne fera que vous enfoncer un peu plus. Quoi que vous décidiez, restez dans votre véhicule à moins d’être absolument certain qu’il y ait une station ou de l’aide à proximité.

survie dans l'Outback
4×4 ensablé – Copyright : Dmcl

Si vous êtes enfoncé dans du sable, dégonflez vos pneus. Utilisez la pelle pour dégager les roues et formez un chemin devant et derrière celles-ci afin de repartir. Essayez de trouver des petits cailloux ou des branchages à mettre dans les ornières pour offrir une meilleure prise à vos pneus.

Utilisez le cric pour soulever la voiture et placez des bâtons ou des pierres sous les roues afin de leur donner une surface ferme à laquelle s’accrocher. Il faudra sûrement le refaire plusieurs fois avant de réussir à sortir, donc continuez même si cela ne fonctionne pas du premier coup.

Jouez sur l’embrayage plutôt que le patinage des roues. Le jeu consiste à relâcher la pédale d’embrayage le plus doucement possible, de façon à ce que vos pneus avancent tout doucement. Cela permet souvent de se sortir de situations délicates.

Autres astuces

  • Un trou dans le réservoir d’essence peut être bouché en plaçant un bout de chiffon recouvert de lait concentré, un bout de chewing-gum ou un morceau de savon.
  • Si vous en avez la possibilité, poussez votre voiture dans un endroit ouvert où elle pourra être plus visible. Faites-le tôt le matin ou en fin d’après midi.

N’oubliez surtout pas de bien boire pendant toutes ces activités, de porter un chapeau et de faire des pauses. Le mieux est d’attendre le moment de la journée où il fait moins chaud. Avec un peu de chance, quelqu’un passera par là pour vous aider.

 

Vous l’aurez vite compris, pas besoin d’une fin du monde et d’une armée de zombies pour se retrouver en situation délicate. Plus que de simples précautions, ces connaissances sont non seulement essentielles pour assurer votre survie dans l’Outback, mais vous permettent aussi de vous rapprocher de la nature d’une certaine manière. L’art de la survie ne s’apprend pas seulement en quelques leçons, mais ces notions de base peuvent vous être utiles, voire vous tirer de situations très délicates.

Rate this post