Histoire des aborigènes : La Colonisation 2/3

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Stolen generation
Stolen generation copyright wikipedia

La colonisation de l’Australie est une des période sombre du pays. À leur arrivée, les Anglais ayant déclaré juridiquement que cette terre n’appartenait à personne, la « Terra Nullius », ils ont fait peu de cas de cette culture vieille de 50 000 ans. Entre massacres, exactions, tentatives d’assimilation, ce peuple, ces peuples sont passés tout prêt de l’extinction, c’est cette histoire que Caroline Simon a retracé au travers de ces articles fruits de longues recherches et d’un travail passionné.

La colonisation de l’Australie : un sombre constat

Rubrique à éviter pour le s personnes atteintes de troubles anxio-dépressifs divers, car l’Australie est un pays merveilleux, sauf que… Les Aborigènes ont quand même été victimes de nombreuses exactions. Ça n’est pas une spécialité  » Aussie « , nous n’avons pas de leçon à donner en Europe, mais il faut quand même essayer d’y voir clair ! Avertissement (bis), ce qui suit est une suite de statistiques froides et difficilement supportables…

massacre aborigène

En 1911, les Aborigènes n’étaient plus que 31 000 (on estime qu’ils étaient environ 400 000 en 1788). Le recensement de 1996 montre une multiplication par dix : 352 970 personnes soit 1,97 % de la population, dont 68% en milieu urbain.

aborigène

En réalité, le chiffre est plus proche des 2,5% de la population totale. Pourtant, cette augmentation résulte plus d’un changement d’attitude de la part des Aborigènes, qui osent à nouveau avouer leur aboriginalité. Ils craignaient souvent l’usage qui pourrait être fait de ces chiffres et éprouvaient d’ailleurs une profonde aversion pour les systèmes imposés par les Blancs en général, et pour cause !

Les Aborigènes figurent au bas de tous les tableaux statistiques. Leur espérance de vie est « réduite », c’est le moins qu’on puisse dire (50-55 ans chez les hommes et 55 ans pour les femmes contre, pour le reste de la population des chiffres équivalents à ceux, très élevés, des Français et des Japonais, 75 et 80 environ).

Leur taux de chômage est par contre élevé (22,7% contre une moyenne nationale de 8,1%, en 1996), très peu sont propriétaires, et ils perçoivent un revenu annuel moyen très bas (502$ par semaine pour un ménage moyen de 3,7 personnes chez les Aborigènes, contre 736$ pour un ménage d’environ 2,3 personnes en général).

Leur taux d’arrestation et d’incarcération extrêmement hauts : il s’agit du taux le plus élevé d’institutionnalisation, avec, pour chefs d’accusation dominants, des délits rares dans les années 1960 (homicide, viol, mauvais traitement d’enfants, vol, agression physique, trafic et consommation de drogue.

Leur taux de suicide chez les jeunes, qui n’est aujourd’hui plus considéré comme un acte criminel, mais dont les chiffres demeurent parmi les plus élevés du globe… Rien de très folichon là-dedans. Pas exactement l’image traditionnelle !

Bringing them home

Une des racines de ces terribles statistiques, c’est le problème de la  » Stolen Generation « . Si vous n’en avez jamais entendu parler, Bringing Them Home est le document à lire.

C’est le gouvernement travailliste qui a décidé en mai 1995 de mener une enquête sur cette fameuse génération volée d’enfants aborigènes (Cathy Freeman, par exemple), en réaction à la pression des groupes aborigènes et des médias.

bringing them home

Certains aspects sont très controversés, mais il était important d’établir la vérité. Cela a entraîné et incité d’immenses progrès dans ce que les Australiens appellent « race relations ».

Le rapport Bringing Them Home décrit les lois, les politiques et les pratiques passées qui ont débouché sur la séparation forcée des enfants aborigènes et du Détroit de Torres de leurs familles, ainsi que les conséquences que ces séparations ont pu avoir.

la stolen generation
La stolen generation (enfants volés – retirés de leur famille)

Du même coup, il propose parfois des changements et de faciliter la recherche des disparus. Autre objectif : une éventuelle compensation aux personnes et communautés touchées.

La Commission a essayé de travailler en concertation avec les Australiens. La date de fin de l’enquête était fixée au mois de décembre 1996.

Pas mal pour un seul rapport ! Sous le jargon administratif, de témoignage en témoignage (des centaines), de tableau statistique en tableau statistique, on découvre dans Bringing Them Home le calvaire subit par les peuples indigènes australiens, depuis deux siècles.

Genocide or genocide

Depuis Bringing Them Home, on entend de plus en plus souvent parler de génocide et il semblerait bien malheureusement que les exactions commises à l’encontre des Aborigènes relèvent bien de la définition de l’ONU.

Essayons d’y voir un peu plus clair, même si le tableau est assez sombre. Il faut savoir en passant que les virus n’ont pas aidé… Par contre, il paraîtrait qu’ils n’auraient pas été utilisés pour une fois ! C’est effectivement seulement en 1882 que le bactériologue allemand Robert Koch a exposé sa théorie.

Avant cela, on compte trois vagues d’épidémies :

avril 1789, juste après l’arrivée des colons tous sales et plein de « bugs », des indigènes qui dérobent des fioles de « variolous matter » apportées par les chirurgiens et les médecins dans leurs petites valises… Infection accidentelle ?

1829-1831, origines mystérieuses.

1865-1869, visites de pêcheurs malais de trépang. Pas vraiment de préméditation dans ce domaine…

Copyright photos : Wikipedia

Texte: Caroline Simon

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