Mon job Australie : Avec les cow-boys de l’Outback

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Ferme Outback

J’ai rencontré Sarah à 5h30 du mat’, et pas à la sortie d’une boîte ! Elle était en cuisine, prête à servir du « bacon and eggs » à une tablée de cowboys de l’outback affamés… Cette londonienne de 26 ans est partie en Australie pour être dépaysée et tester de nouveaux jobs. Elle a trouvé un boulot idéal pour ça : être cuisinière pour les employés d’un élevage de bétail. Si vous êtes attirés par l’Outback, son témoignage est pour vous ! Dans ma série d’articles My Aussie Jobs, je vais vous faire découvrir des jobs que j’ai testé pour vous et des jobs qui font partie de l’expérience australienne d’autres WHV…Enjoy !

It’s not what you know, it’s who you know …

Je suis partie à Broome, dans le Kimberley, pour m’aventurer dans les endroits plus reculés du Nord de l’Australie. À mon arrivée dans un backpacker, je jette un coup d’œil au tableau d’information dans l’entrée, souvent le bon plan pour trouver des jobs. Encore des annonces pour des vans et des voitures à vendre, des demandes d’auto-stop et -ouf- quelques offres d’emplois.

Je suis prise pour deux jobs mais de courte durée, alors quand un ami me parle d’une ferme de bétail pour laquelle il a travaillé près de Broome, je saute sur l’occasion et lui demande de prendre contact. J’ai tellement envie de m’immerger dans le mode de vie rural à l’australienne ! Il envoie un mail à la gérante de la ferme pour savoir s’ils cherchent quelqu’un et « yes », ils ont besoin de quelqu’un pour aider la cuisinière de la ferme. Il me donne le téléphone de la gérante, qui comme moi s’appelle Sarah. Une chose que j’ai apprise ici au cours de mes différents jobs c’est qu’en Australie le réseau est très important. Beaucoup de jobs sont pourvus sans forcément qu’il y ait une annonce publiée. Comme on dit ici : « It’s not what you know, it’s who you know »…

Je téléphone tout de suite à Sarah et je lui donne le nom de la ferme où je travaille en ce moment. Elle répond : « Ah mais je connais les propriétaires ! » À partir de ce moment, c’est dans la poche ! Elle me parle avec enthousiasme, m’explique en quoi consiste le travail : il faut préparer le petit-déjeuner, la pause du matin et le dîner pour une vingtaine de personnes, les « musterers » ou « stockmen », qui rassemblent les troupeaux de bétail. Ça me convient tout à fait, même si j’aime l’ambiance familiale de la ferme dans laquelle je suis, j’ai hâte d’avoir plus de contacts avec les cowboys de l’Outback et d’en apprendre plus sur leur travail. Et puis c’est bien payé, je vais toucher 20 dollars de l’heure, pour 8/9 heures de travail par jour sans avoir à payer le logement ni la nourriture. C’est l’avantage majeur du travail dans une ferme. Vu qu’elles sont isolées, tout est pris en charge et comme il n’y a aucun endroit pour que je dépense mon salaire, je vais pouvoir économiser au maximum. Je me dis quand même « Pfff, pas de vie sociale pendant des mois, pas de sorties dans des bars, au cinéma où au restaurant… Par contre, autre bonus, ici les week-ends sont libres ce qui est très rare dans une ferme. J’ai de la chance, je suis bien tombée.

Nos "quartiers résidentiels" dans le bâtiment principal de la ferme
Nos « quartiers résidentiels » dans le bâtiment principal de la ferme

En comparaison, la ferme dans laquelle je bossais précédemment me payait 550 dollars par semaine, c’est pas mal non plus mais mes journées de travail étaient longues, week-end inclus. Je croise les doigts pour que mes collègues soient sympas et aient des voitures pour m’amener en ville le week-end vu que je n’en ai pas !

Jackaroo et stockmen, les personnages de l’Outback

Je ne sais pas trop à quoi m’attendre pour mon premier jour. Quelqu’un doit passer me chercher pour m’amener à la ferme, et là… Je vois débarquer le profil type du « jackaroo », le cowboy de l’Outback : jean usé par le temps, modèle des années 90, chemise à manches longues et of course chapeau de cowboy vissé sur la tête. J’ai l’impression d’être dans un film ! Australia me voilà ! Brad – le cowboy – se présente, il est bien venu me chercher pour m’amener à la ferme, à une trentaine de kilomètres de la ville. Il n’y a « que » 10 km de hors piste pour nous amener jusqu’aux bâtiments centraux de la ferme. Pour l’Australie c’est très peu, un autre point positif pour cette ferme, je suis soulagée. L’isolement ça me va mais à petite dose quand même !

Sarah m’accueille chaleureusement, elle me montre ma chambre qui est aussi une bonne surprise. Elle n’est pas grande mais propre, dans un bâtiment à part réservé aux filles. J’ai le minimum : une armoire, un bon lit et, last but not least, l’air conditionné ! C’est vraiment un luxe ! En plus, la ferme a une cour pour jouer au basket, une salle TV et une piscine. J’ai limite l’impression que c’est un club de vacances… Mais il y a bien du boulot à faire et il commence très tôt…

ma chambre
ma chambre

C’est à 4h45 que je démarre ma journée… Il fait nuit, ce n’est pas vraiment la joie car je suis mal réveillée. Je suis seule en cuisine pour préparer le petit-déjeuner des stockmen qui doit être servi à 5h30, car ils commencent à bosser tôt. Rien de très compliqué, ils veulent du bacon, des œufs, des beans et des toasts. Du solide pour tenir jusqu’à la pause. Toute naïve au début, un matin j’essaie de varier le menu en cuisinant des champignons et j’ai droit à des « What-is-that ?? » en veux-tu en voila… J’ai compris, tout ce qui ressemble à un légume n’est pas le bienvenu ici ! Pour les prochains breakfasts, je m’en tiendrai aux œufs/bacon/beans/toasts…

Les hommes et la seule femme travaillant avec le bétail ont 15 mn pour prendre leur petit-déjeuner. Après leur départ, je nettoie la cuisine et la salle à manger, puis je fais des lessives si besoin et je nettoie uniquement la salle de bain réservée aux femmes. Une chance parce que celle des hommes est vraiment sale… Avis aux hommes qui seraient intéressés par ce genre de job, les conditions d’hygiène ne seront surement pas les mêmes. Je suis contente de partager ma salle de bain uniquement avec la cowgirl et la cuisinière que j’aide, Margy.

Préparation du Breakfast
Préparation du Breakfast

Un smoko avec des stockmen peu bavards

À 9h30 je retrouve justement Margy pour le « smoko », la pause du matin. L’ambiance est plus sympa car il n’y pas plus gentil que Margy, on s’entend très bien. On prépare ensemble des sandwichs à toaster, des gâteaux et des biscuits. Souvent, on met de la musique et c’est parti pour danser en faisant la cuisine ! Ma spécialité ce sont les cupcakes du coup j’en profite pour me perfectionner et tester différentes recettes. Ils sont mangés, donc je pense qu’ils sont appréciés mais c’est difficile à dire car les stockmen ne sont pas très causants… Certains ne me parlent pas du tout, d’autres un peu mais à part le bonjour et des petites plaisanteries, je n’arrive pas à avoir de grandes conversations avec eux. À 10h30 tout le monde repart travailler avec le bétail. Je remets de l’ordre en cuisine et je suis tranquille jusqu’à 17h car Margy s’occupe du déjeuner. C’est super d’avoir tout ce temps libre mais je me sens bien seule dans les habitations pendant que tout le monde est sur le terrain… Personne à qui parler, du coup je lis, j’écris un journal en me disant qu’il faudrait que j’en fasse un blog tout en étant trop fainéante pour le faire. Au moins cette ferme a accès à Internet, ouf !

Ce job est parfait pour observer le travail des stockmen avec le bétail
Ce job est parfait pour observer le travail des stockmen avec le bétail

À 17h je retourne en cuisine avec Margy, en général elle prépare la viande et je m’occupe de l’accompagnement. La cuisine est très familiale, rien de trop élaboré. Les stockmen ne veulent en général que deux choses : du steak et des patates… Et là le sketch de Florence Foresti sur les garçons devient réalité… Elle a dû faire un séjour dans l’Outback avant de l’écrire ! On essaie de varier un peu en cuisinant des légumes en sauce, du poulet, etc. du moment que ça les cale ils sont satisfaits. Il n’y a pas de pression comme dans l’hôtellerie et la restauration au moins, vu qu’ils ne sont pas clients, ne paient pas le logement ni la nourriture et sont faciles à contenter.

Au début, j’essaie de discuter un peu avec eux pour en savoir plus sur leur journée de travail mais j’abandonne rapidement en voyant l’ambiance du dîner. C’est très silencieux, tout le monde mange autour de la même table mais sans échanger. On se croirait dans un monastère, où il faut porter le chapeau de cowboy au lieu de la tonsure… Je fais ensuite la vaisselle, je nettoie la cuisine et dernière tâche de la journée, je passe la serpillère.

Le soir, on se retrouve avec quelques stockmen dans la salle TV pour regarder un film, c’est surement le moment de la journée le plus convivial. Après manger, ils sont plus détendus, plaisantent et on a la possibilité de faire connaissance. Par contre, Sarah la manager m’a prévenue, je dois faire attention à mon comportement, porter des t-shirts et pas de grands décolletés ou de débardeurs par exemple. Ils ont apparemment eu des problèmes dans le passé et même si l’équipe est très sympa, ça reste un groupe d’hommes dans une ferme isolée… Je me fais draguer régulièrement et pas toujours de la façon la plus classe ! Je vais dormir après avoir regardé un film en général car je suis assez fatiguée. Même si le travail n’est pas difficile, la journée est longue et le réveil matinal.

La salle à manger des stockmen
La salle à manger des stockmen

Au final je trouve qu’il y a pas mal d’avantages à travailler comme aide cuisinier dans une ferme de bétail. Aucune dépense, une paye plutôt bonne pour compenser l’isolement, expérimenter une façon de vivre complètement différente et typique de l’Australie. Mais c’est aussi une question de caractère, il faut être capable de supporter la solitude, les conditions de travail difficile parfois, la chaleur quand on est comme moi à Broome où on atteint facilement les 30°. Tout dépend aussi de la ferme dans laquelle on est. J’ai vraiment eu de la chance mais j’ai entendu parler de mauvaises expériences. Travailler par plus de 30° dans une petit caravane qui sert de cuisine ou en plein air quand on suit les cowboys à cheval ça peut être une bonne expérience de l’Outback, mais difficile. Je conseille à tous ce job mais en se renseignant avant sur la ferme dans laquelle on va travailler et sur les conditions de travail !

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