Où un ministre australien retrouve son fils abandonné

Où un ministre australien retrouve le fils qu’il avait abandonné en 1977
LE MONDE | 24.02.05 | 12h51

Sydney de notre correspondant

Tony Abbott n’avait jamais remarqué cet ingénieur du son qui lui agrafait le micro sur sa veste avant ses interviews télévisées. Aujourd’hui, le ministre australien de la santé et le fils qu’il avait abandonné il y a vingt-sept ans n’arrivent toujours pas à croire à l’incroyable coïncidence qui leur a permis de travailler si près l’un de l’autre dans les couloirs du Parlement fédéral, à Canberra.

Daniel O’Connor répétait depuis plusieurs mois à ses collègues qu’il souhaitait retrouver ses parents naturels. Grâce à l’Agence d’adoption catholique, cet employé de la chaîne publique ABC connu pour sa longue queue de cheval a fini par obtenir l’adresse de sa mère. Kathy Donnelly a reçu le soir de Noël une lettre de son fils qui commençait par ces simples mots : « Bonjour, comment allez-vous ? Cela fait un bon bout de temps que nous ne nous sommes pas vus… »Lors d’une conversation téléphonique, cette artiste a annoncé à Daniel que son père n’était autre que Tony Abbott. « J’étais assez choqué, a reconnu le jeune homme. J’ai surtout été surpris par le fait que nous avons travaillé dans le même bâtiment et que je l’ai rencontré à plusieurs occasions. »

Le ministre de la santé, opposant notoire à l’avortement, n’a pas caché, lui non plus, son étonnement en apprenant l’identité de cet enfant dont il n’avait pas voulu à l’âge de 19 ans. « Le lendemain de Noël, j’ai reçu un message de Kathy sur mon répondeur, disant que Daniel l’avait contactée, explique-t-il. Elle m’a dit : « C’est un enfant formidable, voilà son numéro, tu devrais l’appeler. Et il travaille pour ABC, au Parlement, à Canberra. » J’étais sidéré. Et dire que nous étions si près l’un de l’autre depuis des années… »

Daniel O’Connor, qui avait été confié à ses parents adoptifs cinq jours après sa naissance, a rencontré cette année son père naturel à plusieurs reprises. Le ministre a notamment invité son premier enfant à un barbecue à sa maison de Sydney, auquel participaient sa femme, ses trois filles et ses parents. Le jeune ingénieur du son a également fait connaissance de Kathy Donnelly et de ses quatre enfants. Quant à John O’Connor, le père adoptif de Daniel, il ne manque pas d’humour. Lorsque cet horticulteur de Canberra a rencontré pour la première fois le ministre de la santé, il a détendu l’atmosphère avec ces quelques mots : « Ecoute, Tony, il faut juste que je te dise tout de suite que toutes les qualités que tu trouveras chez Daniel sont le résultat de son éducation, et que ses défauts sont entièrement génétiques. »

Frédéric Therin