Uluru. Un immense rêve. Une force de la nature, rouge et immortelle, en plein milieu du désert australien, un étendard pour tout un peuple. Une culture ancestrale, vieille de 10 000 ans, qui émane d’un parc, d’un rocher et des 36 dômes des Kata Tjuta, éternels. Au-dessus de la terre ocre, entouré d’herbes sèches et de cours d’eau taris, Uluru est toute l’Australie. Une terre infinie, colorée, contraste saisissant de traditions et de modernité, de tourisme et d’isolement. Une terre où l’Aborigène et le voyageur se rejoignent. Dans la culture du mythe, dans la culture du rêve.
Le retour à la terre, 400 000 invités et le Tjukurpa
Le monde était autrefois le néant. Les places que nous connaissons de nos jours n’existaient pas. C’était le Temps du rêve, une ère spirituelle, immatérielle, métaphysique. Jusqu’à ce que les ancêtres, sous la forme d’êtres humains, d’animaux ou de plantes parcourent la Terre. Ils formèrent le monde et érigèrent les paysages en les rêvant et en les chantant. Autour d’Uluru, les pistes des rêves Emu, Serpent venimeux, Lézard à langue bleue, Martin-pêcheur et Python sont chantées. Aujourd’hui, le parc est habité par une douzaine d’esprits ancestraux, ceux qui créèrent la terre et les rochers. Ceux qui rêvèrent le désert.
« Le 26 octobre 1985, le gouvernement australien rend la terre aux propriétaires traditionnels à la condition que ceux-ci louent en retour, et pour une durée de 99 ans, le site au bureau des National Parks. »
« Nous avons appris de nos grands-mères et de nos grands-pères et de leur génération. Nous avons bien appris et nous n’avons pas oublié. Nous avons appris des anciens et nous garderons toujours le Tjukurpa dans nos cœurs et nos esprits. Ngura nyangakula ninti – nganana ninti. Nous connaissons cette place – nous sommes ninti, experts du lieu. »
Ces mots appartiennent aux Anangu, les propriétaires traditionnels d’Uluru. À travers la poussière ocre du désert, ils sont les gardiens de la roche sacrée et tentent de vivre en harmonie selon le Tjukurpa, la loi qui se transmet de génération en génération. Parmi les cars de touristes, par centaine de milliers chaque année, une puissance, une aura, mystique, religieuse, se détache de la roche rouge. Absents des sentiers, les Aborigènes semblent protéger leur domaine et diffusent dans l’air une sagesse impalpable et ancienne, liée à la terre, aux animaux et aux plantes.
Les Anangu vivent dans le Centre rouge depuis plus de 10 000 ans. Les colons européens entreront dans le désert à la fin du XIXe siècle.
En 1872, Ernest Giles découvre les Kata Tjuta et les nomme Monts Olgas. L’année suivante, William Gosse atteint Uluru et le baptise Ayers Rock, en l’honneur du gouverneur du South Australia, Sir Henry Ayers. Les fermiers s’y installent petit à petit, tandis que les premiers conflits entre Blancs et Aborigènes éclatent.
En 1920, une part du futur Uluru – Kata Tjuta National Park est déclarée réserve aborigène. Dans les années 1940, sont posées les premières bases pour le tourisme. Une piste pour véhicules est alors tracée en 1948.
Le site est finalement déclaré parc national en 1958 et est placé sous l’autorité du Territoire du Nord. Les Aborigènes perdent alors leurs droits de propriété. En 1984, le village de Yulara, aussi connu sous le nom d’Ayers Rock Resort, voit le jour à 15 km d’Uluru. Le site comprend des emplacements de camping, un backpacker, des chambres d’hôtel, un supermarché, des boutiques de souvenirs. Le tourisme prend définitivement forme au cœur du désert.
Le 26 octobre 1985, le gouvernement australien rend la terre aux propriétaires traditionnels à la condition que ceux-ci louent en retour, pour une durée de 99 ans, le site au bureau des National Parks. Le management du parc national se déroule alors conjointement entre Blancs et Aborigènes.
Un accord est passé entre le Premier ministre Bob Hawke et les Anangu quant à l’interdiction de grimper sur le rocher mais celui-ci est vite démantelé.
Le 26 octobre 2010, le Handback Festival fête le 25ème anniversaire du retour à la terre des propriétaires traditionnels, un pas très important dans l’histoire aborigène.
Aujourd’hui, Uluru attire 400 000 visiteurs chaque année et fait partie de la courte liste des Patrimoines mondiaux de l’Unesco reconnus la fois pour leurs vertus naturelles et culturelles (27 dans le monde).
Uluru : main dans la main, la vallée des vents et la bêtise humaine
Situé au sud du Territoire du Nord, à 450 km d’Alice Springs, Uluru, rocher immense entouré de désert, est un miracle de la nature. Deuxième rocher le plus grand au monde après le Mont Augustus (Western Australia), Uluru est la partie visible d’une roche souterraine affirmée par l’érosion. Plus haut que la Tour Eiffel (348 m), d’une circonférence de 9,4 km et visible à des dizaines de kilomètres à la ronde, Uluru peut prendre une dizaine de couleurs différentes tout au long de la journée, teintes rosées, orangées, rouge sombre au coucher du soleil.
Malgré les cars de touristes, le rocher impressionne. En dépit des avis, des histoires, des écrits et des millions de photos, rien ne prépare à la vision d’un tel panorama. Quand, après des centaines de kilomètres en ligne droite dans le désert, apparaît dans la chaleur du Centre rouge, cette masse, brute, colorée et toute sa signification culturelle.
Le tour d’Uluru, long de 10,6 km, permet d’admirer les formations rocheuses et l’art aborigène, gravé dans la pierre. À 50 km, les Kata Tjuta, encore plus hauts (546 m), forment une chaîne de 36 dômes arrondis à leur sommet. The Valley of the Winds Walk, un circuit de 7,4 km, serpente entre les dômes, traverse les Walpa Gorge et débouche sur des points de vue exceptionnels.
« En 2010, l’ancien joueur de footy, Sam Newman, a été photographié en train de jouer au golf au sommet du rocher. »
Les chemins qui mènent à Uluru sont vastes. Ils dépendent d’une philosophie, du temps et de l’argent. Il existe différentes agences de voyages qui proposent des tours guidés en partance d’Alice Springs. Le plus populaire est le Rock Tour, qui propose pour un coût raisonnable de $300 un forfait de 3 jours vers Uluru et les Kata Tjuta. La plupart des touristes qui partent avec ce tour en reviennent ravis. Mais l’option de partir par ses propre moyens est plus que conseillée. Elle permet d’éviter les groupes, tous présents au même moment (coucher, lever de soleil), de prendre son temps, de s’arrêter, seul ou entre amis devant des roches ou des peintures sacrées et d’en ressentir davantage l’ambiance, la culture ainsi que le poids des années.
Uluru est parfois un contraste triste de puissantes traditions culturelles et d’inconscience moderne. Les visiteurs continuent à monter sur le rocher. Il y a pourtant ce message au pied d’Uluru : « L’escalade n’est pas interdite, mais nous préférons que, comme un visiteur de la terre Anangu, vous choisirez de respecter notre loi et notre culture en n’escaladant pas », préviennent les propriétaires traditionnels, qui eux-mêmes ne montent pas, le rocher traversant une piste de rêve.
En 2010, l’ancien joueur de footy Sam Newman a été photographié en train de jouer au golf au sommet du rocher. Voici ce qu’il déclare sur le site de Melbourne Talk Radio :
« J’ai apprécié la beauté d’Uluru et ce qu’il représente. Et je peux apprécier sa beauté et ce qu’il représente comme je le souhaite, sans être orienté par personne (…) C’était un magnifique trou en un. Il est parti à au moins 2,5 miles. »
En cette même année, deux personnes, dont une danseuse exotique française, s’adonneront à un striptease sur Uluru. Ces différentes actions ont donné lieu à des plaidoyers pour l’interdiction de l’escalade, publiés dans le NT News, le journal local.
Avec le Kakadu National Park, les sites d’Uluru et de Kata Tjuta sont les sites Aborigènes les plus symboliques et les plus respectés d’Australie. Ils représentent le pays, le drapeau australien, autant que la culture des premiers habitants. Le Handback Festival, qui célébra le 26 octobre 2010 le 25e anniversaire du retour à la terre des propriétaires traditionnels, est un bel exemple de travail, d’efforts et de respect entre les Aborigènes et les Blancs.
Car les évènements positifs sont plutôt rares pour les Aborigènes en Australie. Le niveau de vie des premiers habitants est parfois dramatique dans certaines villes comme Alice Springs, Darwin ou Katherine.
Harry Wilson, le président aborigène du parc national déclarait :
« Je suis vraiment fier de ce que nous avons fait, de ce que nous avons réalisé ces 25 dernière années ».
Et de Philip Toyne, l’avocat qui s’était battu pour le retour des propriétaires, d’ajouter :
« Je pense que ça a enseigné à toute l’Australie une leçon, et probablement à la communauté internationale également. Tu peux avoir les intérêts Indigènes dans une zone protégée, bien reconnue, et en parallèle des objectifs de conservation et de tourisme, et nous obtenons un meilleur résultat pour tout le monde. »
Infos pratiques
- Le parc national applique un droit d’entrée de $25, valable 3 jours. Le site de Watarrka (Kings Canyon), en dehors du parc, est gratuit.
- L’hébergement dans le Resort est très cher. Sachez cependant que des endroits gratuits pour camper sont disponibles en dehors du parc national.
- Plus d’infos sur le site officiel.
Photos : Mike Sola et Tchami
Nos conseils d’hébergement coup de cœur
Dormir dans un lieu tel qu’Uluru n’est pas donné à tout le monde. C’est ainsi l’occasion de se faire plaisir avec un hôtel digne de ce nom, de se détendre et de profiter pleinement des lieux. Le Desert Gardens Hotel propose des chambres climatisées, élégantes et soigneusement décorées, avec salle de bain et balcon privés. Vous trouverez de quoi vous détendre autour de la grande piscine extérieure et de quoi vous régaler au bar-restaurant. Aussi, un service de navette depuis et vers l’aéroport est assuré gratuitement. En savoir plus
J’ai adoré cette partie de l’Australie, mais non que dis-je j’ai adoré TOUT mon voyage … si seulement j’avais un peu plus de temps, j’y retournerai !! Pour sûr ! Merci de me remémorer régulièrement ce voyage avec ces billets. Bonne journée !
Respect à la Nature;
Respect au peuple Anangu;
Indignation pour ces profanateurs exhibitionnistes.
Excellent article.
Gilles. Cannes. France
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