Dans les eaux du Ningaloo, nagent des requins-baleines et les coraux frisent la comparaison avec la Grande Barrière de l’est… À Karijini, les chutes, piscines et gorges rafraichissent et impressionnent… Une côte ouest du Western Australia pleine de surprises et d’exceptions mondiales : celle du plus grand rocher du monde, de la plus grande concentration sur Terre de stromatolithes, de la ville la plus chaude d’Australie et d’une proclamation étatique sans effusion de sang.
L’autre barrière de corail, de la poussière rouge et 37,8° à l’ombre
En quittant Broome, la civilisation s’échappe pour 611 kilomètres de rien sinon quelques plages par des routes buissonnières, jusqu’à Port Hedland, industrielle et peu digne d’intérêt. Commence alors la région du Pilbara, vaste étendue de poussière rouge surplombée d’énormes rochers, digne d’un western australien.
Dans les terres, Marble Bar, un village perdu dans le désert, peuplé de seulement 300 âmes, mérite un détour, ne serait-ce pour le défi. Marble Bar est connue pour être la ville la plus chaude d’Australie. Le Sydney Morning Herald relate qu’en 1924 la ville a supporté 161 jours consécutifs à plus de 37,8 degrés (100 degrés farenheit). Plus de six mois par an, le thermomètre dépasse la température du corps humain. Ainsi, dans un petit poème intitulé « L’Homme de Marble Bar », le journaliste australien Victor Courtney pense que « Satan s’est assis sur les flammes de l’enfer », évoquant la chaleur mais aussi la désolation d’une ancienne ville minière. L’essence de la ville, comme dans bien d’autres coins perdus de l’outback, n’est autre que son pub, historique et typique, l’Ironclad Hotel.
En descendant la Great Northern Highway, le Millstream-Chichester National Park peut être l’occasion d’expérimenter quelques randonnées au cœur des oasis du parc, pendant que Roebourne, Cossack et Point Samson sont des ports ou des plages agréables sur la côte. Mais l’attraction incontestable de la région reste le Karijini National Park.
Entre lits de fleurs sauvages et gorges en contrebas de falaises à pic, le parc fait figure de lieu enchanteur au cœur de l’Australie-Occidentale. Les marches, les possibilités de baignades et les points de vue mémorables sont nombreux, comme aux Dales Gorge, à Circular Pool, à Fern Pool et à Kilimina Gorge. L’attraction touristique du site reste l’observation de requins-baleines, les plus grands poissons au monde.
Après le splendide Cap Range National Park (profonds canyons, gorges, plages…), à la faune composée d’émus et de kangourous roux, les eaux turquoises du Ningaloo Marine Park délivrent leur dose de paradis.
Quand les touristes s’accumulent dans les îles de la Grande Barrière de corail sur la côte est pour certes, peut-être les plus beaux coraux du monde, le récif du Ningaloo, la barrière de corail de l’ouest, bien préservée et moins courue, irait presque titiller en beauté son opposé sur la carte.
Ses plages de sable blanc, son eau claire, d’Exmouth à Coral Bay, son calme et son climat doux, font du Ningaloo un spot parfait pour s’adonner à la quiétude dans un décor de carte postale, entre sessions de snorkelling et lecture sur la plage. Les coraux, plus intéressants près d’Exmouth, offrent les meilleures plongées du côté de Turquoise Bay, Oyster Stacks et Lakeside.
La faune unique y est protégée, et si peuvent être aperçues régulièrement des tortues et des raies manta près des côtes, l’attraction touristique du site reste l’observation des requins-baleines, les plus grands poissons au monde, de mai à juillet, chaque année.
Une baie écologique, des coquillages et un caillou encore plus grand
Les eaux limpides du Ningaloo laissent progressivement place aux paysages arides de la Gascoyne. Carnarvon, « grande » ville de la région, est entourée de champs fertiles qui font le bonheur des travailleurs saisonniers.
En se dirigeant vers les terres jusqu’à Gascoyne Junction, il restera 300 kilomètres supplémentaires pour atteindre le Mont Augustus, le plus grand rocher du monde. Haut de 1 106 mètres, il dépasse en taille Uluru, le deuxième plus gros caillou du monde donc, et reste lui aussi orné de peintures aborigènes.
Shell Beach possède la particularité d’être constituée uniquement de coquillages, parfois entassés jusqu’à 10 mètres d’épaisseur.
Plus au sud, se profile Shark Bay, ses stromatolithes, ses plages superbes et le François Péron National Park. Le site est le lieu d’un projet écologique majeur, Eden, qui consiste à redévelopper des espèces menacées ou disparues (à lire, L’immense patrimoine écologique de Shark Bay). Sur la route de Denham, charmante petite cité balnéaire, Shell Beach possède la particularité d’être constituée uniquement de coquillages, parfois entassés jusqu’à 10 mètres d’épaisseur.
Kalbarri détient cette opportunité touristique de présenter deux visages : celui d’une petite ville en bord de mer, charmante, avec cafés et fish & chips, et celui d’un parc national magnifique, le Kalbarri National Park.
Certains points de vue offrent des panoramas superbes sur la rivière qui serpente en contrebas au milieu de falaises imposantes, comme à Hawk’s Head ou au Z-Bend. Au Loop, une fenêtre naturelle de rochers permet de jeter un œil sur la rivière quand le sentier de Ross Graham permet d’accéder directement à la gorge.
La révolte du prince, un pub authentique et un désert en or
Il y a cette station-service à Binnu. Le gérant évoque un autre pays, seulement à quelques kilomètres, celui d’un prince qui accueillerait les visiteurs du monde entier. Après une route terreuse entourée de champs, entre Kalbarri et Northampton, se profile en effet la principauté de Hutt River. Et l’histoire est fantastique.
Hutt River se vante d’être la seule principauté au monde à s’être déclaré pacifiquement.
En 1970, un fermier du nom deLéonard Casley, en désaccord avec le gouvernement quant aux quotas imposés sur la production de blé, proclama la principauté de Hutt River en toute légalité. Quarante ans après, l’État de 75km2 tient toujours et se vante même d’être la seule principauté au monde à s’être déclaré pacifiquement.
Au cœur de la capitale, baptisée Nain, on trouve une poste, une église, une boutique de souvenirs, et un camping. Dans les bureaux du gouvernement, sont exposés une monnaie, des timbres, tous à l’effigie de Hutt River. Une statue du prince se dresse fièrement à l’entrée du royaume et si le désir de rencontrer Léonard en personne est trop insoutenable, le souverain se fait une joie de tamponner les passeports… Non sans une certaine touche d’humour, préférant souvent marquer l’empreinte de Hutt River sur la page de l’Australie.
Après Geraldton, ville peu vivante au bord de la mer (aucuns bars ouverts après 22h en semaine), Dongara-Port Denison et Jurian Bay méritent un détour pour leurs magnifiques plages. Au large du Lesueur Nt Park près de Jurian Bay, vit une colonie d’otaries que vante avec passion les agences de voyages. Depuis le port de Cervantès, à une vingtaine de kilomètres dans les terres, les Pinnacles Desert offrent des paysages d’un sable jaune foncé surréaliste, composés de pics étranges s’élevant jusqu’à cinq mètres de hauteur.
Si la route de sable qui traverse le désert avec panneaux indicateurs détériore la poésie du lieu, le désert n’en reste pas moins un contraste de couleurs exceptionnel, avec la plage au loin, blanche, le bush, vert, et le bleu, clair, de l’océan.
Au sujet des Pinnacles, les chercheurs se battent encore quant à leurs origines. En 2006, le géologue Paul Hearty déclare : « En dépit de leur spectaculaire et fréquent déploiement dans la région, peu de recherches scientifiques ont été achevées pour comprendre comment et quand les Pinnacles ont été formés. Presque tous les aspects géologiques relatés quant à leur formation sont controversés… » Ainsi, au choix, ces pics aux formes parfois douteuses proviendraient de dunes, de forêts ou encore de racines.
Entre Perth et Cervantès, la côte ouest dévoile toujours ses atouts fétiches, c’est-à-dire des plages immenses, pures et préservées, où l’on peut s’arrêter et s’oublier le temps d’un instant. À moins d’une heure au nord de Perth, le Yanchep National Park offre la possibilité de s’échapper aisément de la vie citadine pour le bush et d’apercevoir l’une des icônes australiennes, le koala.
Sur la côte, Lancelin accueille chaque été une compétition internationale de windsurf, la Lancelin Ocean Classic. Sur la plage, des agences ou des auberges de jeunesse louent des quads ou des chars à voile. Dans cette mignonne station balnéaire, se trouve surtout un pub fabuleux, repère à la fois des surfeurs et des gens du coin, fait de briques et de canapés confortables, assorti d’un large choix de bières et d’un beergarden avec vue sur l’océan… Pour des couchers de soleil parfaits au goût de Guiness…
Aller plus loin
Marble Bar par le Sydney Morning Herald, 15 janvier 2008
Site officiel de la principauté de Hutt River
Lancelin Ocean Classic, compétition internationale de windsurf