Située le long de la Stuart Highway, à mi-chemin entre Adelaide et Darwin, la ville d’Alice Springs se détache immédiatement sur la carte de par son exceptionnel emplacement : toute proche du centre géographique du continent australien, elle se situe à pas moins de 1 200 km de la côte et près de 1 500 km de la capitale la plus proche. Unique cité d’importance du Centre Rouge, Alice Springs jongle entre l’isolation inhérente à ses terres inhospitalières et son statut de principale plaque-tournante du tourisme de l’outback.
Du Temps du Rêve au chemin de fer
Territoire des aborigènes Arrernte (prononcez « aranda »), qui lui donnaient le nom de Mparntwe, la ville d’Alice Springs et les terres qui l’entourent puisent leurs racines dans le Temps du Rêve. Dans cette lointaine époque de création centrale aux croyances et aux mythes aborigènes, de puissantes créatures magiques d’apparence animale parcouraient la terre. Ce sont leurs voyages qui ont façonné le paysage australien. La topographie de la région d’Alice Springs serait ainsi due au Caterpillar Dreaming : ce sont les ancêtres chenilles qui, au fil de leur reptation, ont creusé le lit des rivières et soulevé le roc des chaînes montagneuses qui parsèment la région.
L’histoire européenne de la ville d’Alice Springs est bien plus prosaïque. Au début des années 1860, c’est l’explorateur John McDouall Stuart qui est le premier colon à compléter une traversée du Centre Rouge, depuis Adelaide jusqu’à Darwin. Son expédition, loin de simplement satisfaire une certaine curiosité scientifique, est capitale à l’établissement des réseaux de transport et de communication qui permettront de relier le sud de l’Australie à son nord tropical.
Dès 1872, un point d’eau permanent sur le cours autrement desséché de la rivière Todd devient le site d’un relai télégraphique : l’Overland Telegraph Line, qui assure les communications entre Adelaide et Darwin, voit le jour. Quelques années plus tard, en 1887, on découvre des dépôts alluviaux d’or à une centaine de kilomètres de là. Peu à peu, la colonisation commence et une bourgade du nom de Stuart s’établit au cœur du désert.
Entre 19ème et 20ème siècle, la longue et pénible construction d’une ligne de chemin de fer traversant le continent achève de relier nord et sud – commencée en 1878 à Port Augusta, la ligne de train n’atteindra le centre qu’en 1929. En 1933, Stuart devient officiellement la ville d’Alice Springs, mais il faudra attendre 2004 avant que le train n’aille jusqu’à Darwin !
La ville d’Alice Spring : vivre au milieu de l’Outback
Aujourd’hui forte de près de 30 000 habitants, Alice Springs est une petite bourgade de taille modeste, mais pourtant la seconde ville la plus peuplée du Territoire du Nord après la capitale, Darwin. Il faut dire que malgré son million et demi de kilomètres carré, le territoire ne totalise pourtant que 225 000 habitants. À 0,17 habitants/km², c’est là le territoire le moins densément peuplé d’Australie – un peu comme si les habitants de Lille se partageaient à eux seuls une région grande comme deux fois la France.
Cette isolation difficile à appréhender pour les natifs du vieux continent européen est soulignée par le paysage aride, presque lunaire, du centre rouge : horizons plats d’où s’élèvent soudain les arêtes affutées d’un relief rocailleux, végétation sèche et rabougrie, terre cramoisie, rivières poussiéreuses.
La rivière Todd, sur les rives de laquelle est bâtie la cité, est à sèche 95% du temps. À tel point que là-bas, il y a un vieux dicton : qui a vu la rivière Todd couler 3 fois reviendra toujours à Alice Springs ou n’en repartira jamais. On considère généralement qu’il faut 20 ans avant d’avoir été trois fois le témoin d’un tel événement.
Bien évidemment dotée d’un climat aride et désertique, la ville d’Alice Springs ne connait presque pas la pluie, et le soleil y brille toute l’année. Ce temps aux faux airs de paradis ne permet pourtant pas toujours une visite confortable des lieux car qui dit désert dit températures extrêmes. En été, l’air chaud semble tout droit sorti d’un four, insoutenable : la journée, les températures dépassent allègrement les 40° à l’ombre et même la nuit la chaleur perdure. En hiver, les températures de jour sont agréables, tutoyant les 20°, mais la nuit le thermostat peut descendre à zéro et au-delà. Prévoyez les pulls, les sacs de couchage et ne soyez pas étonnés de vous réveiller avec du givre sur votre pare-brise.
Malgré ces nuits froides, l’hiver reste de loin la saison la plus favorable au tourisme. En été, les températures ne permettent la randonnée qu’aux plus endurants et aux mieux préparés (certains sentiers sont d’ailleurs fermés du fait des fortes chaleurs), et l’une des pires pestes de l’outback se révèle : les mouches, qui, dès lors que les températures montent, viennent tournoyer par dizaines, se poser au coin des yeux ou à la commissure des lèvres et envahir toute nourriture posée à l’air libre.
Centre de la culture aborigène et de la précarité extrême des premiers australiens
Ce sont peut-être ces conditions difficiles qui déplaisent aux européens, couplée à l’importante tradition aborigène qui a toujours régné en ces lieux, qui font du Territoire du Nord l’une des dernières places-fortes des premiers australiens : un peu plus d’un quart de la population du territoire et près d’un cinquième de celle de la ville d’Alice Springs sont aborigènes. Par conséquent, celle-ci fait la part belle à l’art aborigène à travers ses multiples galeries éparpillées au cœur du centre-ville.
Financé par le gouvernement fédéral, territorial et le conseil municipal, il rassemble notamment la plus grande collection des œuvres d’Albert Namatjira, le plus célèbre des peintres aborigènes, né dans la région. Aux côtés de ses aquarelles reposent également les œuvres de ses relations et contemporains, dont son mentor, Rex Battarbee. D’autres collections rassemblent non seulement des peintures, mais aussi des sculptures et de l’artisanat.
Malheureusement, lorsque l’on regarde au-delà de ces œuvres envoûtantes, la situation des aborigènes de la ville d’Alice Springs est loin d’être un conte de fée : minés par l’alcool, la drogue et la violence, marginalisés, ils vivent trop souvent en situation de précarité extrême. Mal-être et pauvreté hérités des sombres heures de la colonisation et d’un décalage culturel si grand entre premiers habitants et nouveaux arrivants que le fossé ne parvient toujours pas à être comblé.
Les attraits touristiques d’Alice Spring, rompre l’isolement et affirmer son caractère
Une visite culturelle de la ville d’Alice Springs met également l’accent sur son isolation. Sur le plan historique, la grande saga des transports et des communications à travers le désert se découvre par l’intermédiaire d’une visite de l’ancienne station télégraphique, maintenant désaffectée, et de l’Old Ghan Train Museum qui satisfera les amateurs de vieilles locomotives.
Le National Pioneer Women’s Hall of Fame célèbre quant à lui les femmes australiennes les plus étonnantes, marquantes et innovatrices de l’histoire du continent, comme Nancy Bird, l’une des premières femmes pilotes qui a longtemps officié dans l’outback au service des médecins volants.
Ces derniers sont toujours d’actualité : pour mieux comprendre l’isolation contemporaine de la ville d’Alice Springs, rien ne vaut une visite aux installations des Royal Flying Doctors, les médecins de l’air, et de la School of the Air, l’école des ondes.
Il ne faut pas oublier que dans le Territoire du Nord, même les services les plus indispensables, ceux que nous avons l’habitude de prendre pour acquis en ville, se transforment en casse-tête face à l’immensité du territoire et la dispersion de la population.
Docteurs et infirmiers se déplacent en avion pour répondre aux urgences médicales des quatre coins du territoire et constituent une bouée de secours essentielle aux éleveurs locaux qui vivent sur des propriétés aussi gigantesques qu’inaccessibles, ainsi qu’aux aborigènes qui résident encore dans de petites communautés isolées. Et pour scolariser les enfants de ces hommes et ces femmes qui habitent les dernières frontières, pas d’autre solution que de donner les cours par radio.
La ville d’Alice Springs est aussi le théâtre d’étranges fêtes et festivals, à commencer par la Henley on Todd Regatta. Oui, une régate, vous avez bien lu : les Territoriens, caustiques et impassibles, ne sont pas prêts de se laisser décourager par l’état de sécheresse quasi permanente de leur rivière. Non, chaque année, dans le lit de sable de la rivière Todd, se tient une régate bien particulière où des bateaux sans fond avancent à la force des jambes de leur loufoque équipage.
Spectacle décalé et hilarant, tout comme celui de la Camel Cup, la course de dromadaires. Pourquoi une simple course serait-elle si cocasse ? Simplement parce que les dromadaires ne sont pas aussi dociles que les chevaux. Bêtes de caractères, imprévisibles et improbables, souvent montées par des cavaliers inexpérimentés, ils apportent à la course une note de folie et d’excitation supplémentaire.
Dans un autre genre, c’est l’ambiance Mad Max qui est au rendez-vous lors de la Finke Desert Race, une course tout-terrain où motos, 4×4 et buggies se tirent la bourre sur 220 km de piste.
Tous les événements de la ville d’Alice Springs sont-ils aussi déjantés ? Non, rassurez-vous ! L’Alice Desert Festival remet les pendules à l’heure en offrant de manière plus classique un rassemblement de nombreux artistes du centre rouge au fil de manifestations artistiques et culturelles étalées sur plus d’une semaine.
Au-delà de l’aspect social et culturel très particulier de la cité, il ne faut pas oublier de la quitter pour visiter son incroyable région. L’une des attractions les plus prisées du coin, le Desert Park, offre une première introduction en douceur à la faune et à la flore locales dans le cadre d’une réserve mi jardin, mi parc animalier.
Mais pour faire connaissance avec la splendeur véritable des lieux et l’atmosphère inoubliable de l’outback, il faudra aller dans la nature, la vraie. Et pour cela, il ne faudra pas avoir peur de faire de la route : perpétuellement synonyme de grands espaces, le centre rouge étire ses plus beaux sites dans un rayon de 500 km autour d’Alice.
La plus grande vedette des lieux, mais aussi la plus éloignée, est l’inimitable Uluru (anciennement Ayers Rock), l’iconique monolithe rouge qui sert d’emblème à l’Australie à travers le monde et demeure encore aujourd’hui l’un des lieux aborigènes les plus sacrés. Voisins, les dômes tout aussi rougeoyants de Kaja Tjuta (auparavant appelés les Olgas) prolongent le plaisir d’une virée dans ce parc national incontournable.
Un peu plus proche de la ville d’Alice Springs et presque aussi célèbre en Australie, l’énorme faille de Kings Canyon, dans le parc national de Watarrka, dont les vertigineuses parois rocheuses abritent de véritables jardins d’éden. Les randonnées sont aussi une occasion d’apercevoir certains des animaux qui composent la faune de la région : grands kangourous roux, dingos au pelage doré, aigles d’Australie à l’impressionnante envergure, bruyantes flopées de cacatoès, lézards épineux, pythons et varans sont quelques-uns des habitants les plus frappants des lieux.
Alice Springs : Pratique corner
- L’aéroport d’Alice Springs accueille uniquement des vols domestiques, en provenance de Sydney, Melbourne, Cairns, Darwin, Adelaide, Brisbane et Perth. Qantas a la main mise sur le trafic aérien du centre rouge. Seule autre alternative : la compagnie à bas-budget Tiger Airways, qui assure la liaison avec Melbourne. Pour aller de l’aéroport au centre-ville, empruntez une navette Buslink qui vous emmènera directement jusqu’à votre hébergement.
- Vous pouvez rejoindre la ville d’Alice Springs en empruntant un train légendaire, le Ghan. Comptez à partir de AU$1 529/personne pour environ 24h de trajet depuis Adelaide ou Darwin. Pour bénéficier des meilleurs prix, pensez à vous munir d’une carte YHA, PeterPan, Nomads ou VIP.
- Par la route, Alice Springs se situe à 1500 km au sud de Darwin et 1 530 km au nord d’Adelaide via la Stuart Highway. Comptez deux à trois journées de route.
- Dernière option : le car ! Greyhound assure la liaison entre Alice Springs et Adelaide.
- L’Araluen Arts Precinct coûte AU$8/ personne.
- La Telegraph Station Historical Reserve se trouve à 4 km au nord de la ville d’Alice Springs le long de la Stuart Highway. Vous pouvez rejoindre la réserve à pied ou à vélo via un chemin qui débute à Schwarz Crescent et longe la rivière.
- Le National Pioneer Women’s Hall of Fame est ouvert tous les jours de 10h à 17h (de 13h à 16h de décembre à février). L’entrée est facturée AU$15/personne.
- Le centre des visiteurs du Royal Flying Doctor Service propose des visites guidées régulières.
- Le centre de visiteurs de la School of the Air est ouvert du lundi au samedi de 8h30 à 16h30, le dimanche et les jours fériés de 13h30 à 16h30. Si vous venez durant les heures de classe, vous aurez peut-être l’opportunité d’assister à un cours en direct.
- Assistez chaque année à la Finke Desert Race (juin, gratuit), la Camel Cup (juillet, payant), l’Henley on Todd Regatta (août, payant), et l’Alice Desert Festival (août à octobre, payant). Notez que la Finke Desert Race met à disposition des spectateurs une navette gratuite menant à la ligne d’arrivée.
- L’Alice Springs Desert Park est ouvert tous les jours de 7h30 à 18h. L’entrée vous coûtera AU$37/personne. Le parc se situe à 8 km à l’ouest du centre-ville via le Larapinta Drive.
- Le parc national d’Uluru – Kaja Tjuta se trouve à 465 km au sud-ouest d’Alice Springs via les Stuart et Lasseter Highways. Campez à l’Ayers Rock Resort.
- Le parc national de Watarrka se trouve à 320 km au sud-ouest de la ville d’Alice Springs via le Larapinta Drive (4×4 conseillé) ou 475 km via la les Stuart et Lasseter Highways puis la Luritja Road (routes bitumées). L’entrée est gratuite. Campez au Kings Canyon Resort.
- Adventure Tours propose un tour organisé de 3 jours pour visiter Uluru et Kings Canyon, départ et retour à Alice Springs. Le tour inclut les repas et l’hébergement (camping, matériel fourni). Moyennant supplément, vous pouvez également rajouter deux activités à votre programme – une promenade à dos de dromadaire, et un survol en hélicoptère de Kings Canyon.
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Si on m’avait présenté Adélaide ainsi il y a quelques temps, nous n’aurions peut être pas fuit vers Perth. On lui donnera peut être une seconde chance, en tourisme… qui sait.
[…] cette route de le faire entre avril et octobre. Dans l’intérieur de l’Australie — autour d’Alice Springs — les températures peuvent augmenter fortement entre mai et octobre. Si vous souhaitez faire un […]
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