‘Là-bas, c’est l’Australie, le continent aux 1000 clichés. Comme beaucoup de jeunes français, l’auteure en quête d’ailleurs, y part avec très peu de moyens. De petits boulots en rencontres humaines plus que surprenantes, le lecteur est vite entraîné par cette singulière aventure, loin des attentes espérées. Humour et lucidité se dévoilent, dans un style contemporain qui ne mâche pas ses mots.
A lire de toute urgence pour ceux qui veulent changer d’horizon, mais aussi pour tout voyageur.
Un livre témoignage qui traduit parfaitement ce qui reste difficile à transmettre, l’expérience d’une année en Australie, « Aller la-bas » y réussit parfaitement, témoignage juste, un regard incisif, un talent pour saisir et traduire l’humour des aventures et mésaventures de tout voyage en « backpacker ». Il faut absolument accompagner Marie Dufour Downunder.
Bonne lecture et surtout bon voyage imaginaire sous la plume de Marie…voyage qui ne devrait qu’être un prélude au vôtre.
Extrait du livre :
Sur notre carte, une aire de repos est indiquée dans peu de mètres. Je roule quelques minutes encore avant de garer le van dans un endroit vraiment charmant. Des petites toilettes, une table en bois, le tout bien organisé, bien propre, avec des arbres disposés sur l’emplacement, véritable atout contre le soleil. Pendant que Pierre décharge les deux buches du coffre, une ou deux mouches viennent se coller à son visage, il les chasse d’un revers de main, et les intruses s’envolent. «J’ai une de ces faims! On mange les pâtes ce soir?» Tout en parlant, son t-shirt blanc se recouvre de petits points noirs, de plus en plus nombreux, on dirait que cela ne va jamais s’arrêter. J’observe le phénomène complètement sidérée. «C’est fou! Tu verrais le nombre de mouches que tu as dans le dos!» Je me rapproche de lui et les fais partir d’un geste rapide. Une se pose sur ma bouche. Cri horrifié. «C’est dégoûtant! Il y en a plein!» «Pourquoi est ce que tu cries comme ça, ce ne sont que des mouches.»
Tout va alors se passer très rapidement. En l’espace de deux minutes, une multitude de mouches se posent sur nous, nos yeux, nos cheveux, comme si elles s’étaient passées le mot pour attaquer en même temps. Je me mets un foulard sur le visage pendant que Pierre gesticule en agitant ses mains. Rien n’y fait, même mon foulard ne les empêche pas de reculer, elles s’infiltrent partout. L’image des vaches aux yeux toujours infestés de mouches me vient en mémoire, accompagnée d’une énorme compassion envers elles.
A penser bétail, j’ai perdu le contrôle du flux. J’essaye de les enlever de mon t-shirt, mais elles s’y reposent aussitôt, mes battements ne servent à rien. Que faire? Je commence à devenir très nerveuse. A droite, Pierre est toujours en train de se débattre en une danse contorsionnée très impressionnante. Des gargarismes sortent de ses lèvres, apparemment, lui aussi a connu meilleure posture. Le tableau que nous devons donner doit être totalement pathétique. Deux énergumènes en sueur dansant bizarrement en plein milieu de l’aire de repos…Les ennemies reviennent, toujours plus nombreuses, sans aucune relâche pour notre fatigue.
Cette profusion en devient très inquiétante. Nous devons plisser les yeux- elles se collent aux parties humides de l’œil- puis faire attention à nos narines, agiter continuellement la tête, c’est un cauchemar. Et plus nous bougeons, plus nous transpirons, plus elles se posent, ravies de cette moiteur. Un vrai cercle vicieux. Elles débordent d’énergie et la nôtre commence à être bien maigre. Nos gestes sont saccadés, nerveux, peu efficaces. La chaleur est encore très forte, ce qui accentue notre agacement. Pierre s’emporte, tape du pied et d’une voix coléreuse: «Je rentre! Il y en a trop!»
L’idée de retourner dans la voiture ne me plaît pas du tout. Il doit y faire une température impressionnante, surtout fenêtres fermées! Une idée miracle me vient à l’esprit que j’aurai le temps de regretter par la suite. Pour le moment, très fière de moi, je braille à travers la vitre fermée en direction d’un Pierre brandissant sans relâche sa tong contre des petits points noirs s’écrasant bêtement : «J’ai acheté une moustiquaire! C’est le moment de m’en servir! Si je me mets dedans, elles ne pourront plus venir!»
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A propos de l’auteure
Dufour Marie
Journaliste presse: Vivre Paris (pages culture), Arts Magazine, Francofans, Nouvelle vague, Pellicam..
Journaliste radio: Animatrice principale émission Focus sur radio libertaire (89.4 F.M)
Journaliste web: lacolonne.fr, Pellicam.