Nommé par l’Amiral français D’Entrecasteaux, le Parc National de Cape Arid se situe à 731 kilomètres de Perth. Une terre sauvage au bord de l’Océan du Sud et aux portes du fameux Nullarbor, le vaste désert australien. Aucune route goudronnée n’y accède et sur place, la conduite se fait principalement sur le sable. Voici le récit d’une aventure unique au plus profond de l’Australie du sud-ouest, un paradis oublié.
Il fait presque nuit lorsque Vaughan et moi-même embarquons à bord de notre international Troopy ( Toyota Landcruiser ) pour le long voyage de Perth vers Cape Arid. Planches de surf et canoë sur le toit, petit frigidaire de voyage et « swags » (sorte de sacs de couchage australiens avec matelas intégré) : nous sommes parés pour une semaine de camping.
Nous passons à Espérance, petite ville de 9 600 habitants dont le nom fut attribué en 1792 lorsque les navires français, la Recherche et L’Espérance, pénétrèrent dans la baie pour s’abriter d’une tempête. Nous reprenons ensuite la route pour Cape le Grand, puis Cape Arid, à 120 km d’ici.
Ces deux parcs nationaux sont Australiens, et pourtant, les Français sont passés par là, laissant derrière eux une histoire et des noms. Cape le Grand d’abord et son « Frenchman Peak », nommé ainsi du fait de sa ressemblance aux chapeaux portés par les troupes françaises au début du XVIIIe siècle. Puis Cape Arid, d’abord nommé « Cap Arride » en 1792 par l’Amiral français D’Entrecasteaux. Il deviendra quelques années plus tard « Cape Arid » suite au passage du capitaine Matthew Flinders en 1802, un nom faisant référence au terrain sec et à la végétation rare.
Cap Arid, du sable blanc comme la neige
Deux chemins mènent aux portes du Parc National de Cape Arid : Fisheries Road, une route goudronnée, ou bien Merivale Road, un chemin de terre rouge orangé. Nous optons pour l’aventure.
Troopy trace son chemin, laissant échapper un nuage de fumée rouge. Dehors, les branches des arbres se plient sous les rafales de vent. Une heure plus tard, la première plage de Cape Arid se dessine devant nous. Éblouissante et étourdissante à la fois. Son sable surprend par sa couleur blanc-neige, l’océan par ses teintes bleues-turquoises. C’est magnifique. Si l’on dit que le sable de Cape Le Grand est fin comme du sucre, celui de Cape Arid est doux comme de la farine.
Nous poursuivons notre voyage, non sur les chemins poussiéreux mais sur la plage. Une infinie étendue de sable immaculée se forme devant nous : nous sommes sur les 280 000 hectares qui constituent Cape Arid.
Une nature riche et préservée
La conduite sur la plage est extraordinaire. C’est une sensation de liberté incroyable, une bouffée de bonheur indescriptible. Cape Arid est le paradis pour la faune et la flore. Plus de 1 100 espèces de plantes sont présentes sur le parc et pas moins de 160 espèces d’oiseaux. On repère sur la plage une bande de « Banded Stilt », ces oiseaux blancs et noirs qui se distinguent par leur bec noir long et fin, leurs hautes pattes orange. Quelques kilomètres plus loin, nous apercevons trois oies du Cape Barren, souvent observées à Cape Arid.
L’Australie est un pays/continent incroyable de par sa nature si bien préservée, ceci en particulier grâce à ses nombreux parcs nationaux (environ 500 selon le gouvernement) comme celui de Cape Arid. En conduisant sur les chemins sablonneux du parc, nous observons quelques panneaux avertissant de la présence de la « Dieback » (Phytophthora cinnamomi). Cette maladie, apportée par l’homme via l’essence et la boue présentes sur les pneus des voitures et sous les semelles des chaussures, attaque les racines des plantes, les empêchant de se nourrir et provoquant leur mort. Il est donc important de ne pas s’éloigner des chemins pour éviter le risque de prolifération.
Million Dollar Bay : la plage en or
Les deux premiers jours dans le parc national sont nuageux et venteux. Nous entreprenons donc une quête acharnée pour tenter de trouver un coin à l’abri du vent. Sans succès. Chaque jour est une aventure et ce soir-là, mon sang se glace lorsque je baisse les yeux pour apercevoir un serpent à quelques centimètres de mes pieds. D’après les gardes du parc, il pourrait bien s’agir d’un « Western Brown Snake », une des espèces mortelles de serpent.
Carte en mains, nous poursuivons notre route le long de la baie de Yokinup, elle-même part de la réserve naturelle de la « Recherche Archipelago » composée de plus de 100 îles et îlots. Finalement, nous arrivons à sa pointe, une voie sans issue. C’est un petit coin de paradis. D’ailleurs, quelques locaux y ont déjà monté leur camp. « Nous venons d’Espérance pendant les vacances scolaires avec les enfants. C’est le plus bel endroit que vous trouverez à Cape Arid », nous confie le père de famille. « Si vous aimez marcher, suivez les rochers jusqu’à la prochaine baie. Vous arriverez à Million Dollar Bay, nous l’avons surnommé ainsi à cause de son sable couleur or ! « .
Nous voilà donc partis à la recherche de la plage couleur or. Un dauphin sillonne tranquillement les eaux transparentes, ajoutant une dose de paradis à cet endroit qui décidément me semble de plus en plus magique. Puis sur notre droite, la voici, Million Dollar Bay. Sans plus attendre, nous allons effleurer le sable et sa texture toujours si onctueuse. Outre les couleurs fantastiques, le silence nous entoure. Un silence impérial, apaisant.
Des souvenirs plein la tête
Après une bonne dose de relaxation et une nuit sur la plage, nous décidons de partir randonner, une des activités phares à Cape Arid. Le Tower Peak (585 m) partant du Mont Ragged, est probablement le plus connu du coin, mais aussi le plus difficile à atteindre.
Nous décidons de nous arrêter au Mont Arid pour une ascension de 343 m qui commence au milieu d’un décor sec et rocheux. Après avoir sillonné sur un petit chemin sablonneux au milieu d’une basse végétation, nous arrivons au pied de ce gigantesque rocher, le Mont Arid. La pente est raide mais l’effort vaut le coup car en haut, la vue est une incroyable. Durant les mois de septembre et octobre, il est possible d’observer la migration des baleines qui se déplacent du nord vers les eaux froides du sud. Nous nous contentons d’admirer ce paysage insolite, en silence.
Au total, notre expédition durera une heure et trente minutes. Nous arrivons en bas avec le sentiment d’une mission accomplie.
Notre dernière nuit sur le sol de Cape Arid sera évidemment sur la plage, sous les étoiles. Un petit coin idyllique comme il semble y en avoir tant ici. Puis, il est temps de reprendre la route et de laisser dernière nous cette terre sauvage qui nous a accueillis pendant cinq jours.
Cape Arid est certainement un lieu désigné pour tous les aventuriers et les amoureux de la nature. Un paradis caché que chaque visiteur doit respecter. Ce voyage restera sans aucun doute ancré dans nos esprits. Nous pensons déjà au prochain.
Cape Arid en chiffres
- 280 000 hectares
- 1 100 espèces de plantes
- 160 espèces d’oiseaux
- 120 km : distance qui sépare Cape Arid d’Esperance.
- 1792 : l’amiral D’Entrecasteaux nomme Cap Arride
- 1802 : le capitaine Matthew Flinders renomme le parc Cape Arid faisant référence au terrain sec et à la végétation rare.
Activités
- Pêche
- Randonnée
- Plongée
- Canoë et kayak
- Natation
Visitez le site du gouvernement Parks and Wildife pour toutes les informations concernant le Parc National de Cape Arid.
Sources : Government of Western Australia
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