Capitale du Territoire du Nord, Darwin, au climat tropical et à l’isolement géographique, possède une ambiance et une chaleur uniques en Australie. Entre son énorme culture aborigène et son cadre exceptionnel, petite visite guidée d’une ville au charme à la fois discret et profond
Il est 9h du matin, Darwin s’éveille. Sur l’esplanade, les sportifs courent pour un dernier souffle d’air frais. Dans Mitchell St, citadins et touristes se confondent paisiblement. Sur les terrasses, le café est glacé et l’image d’un crocodile géant esquisse la Une du NT News. Au coin d’une rue, un groupe d’Aborigènes joue, chante et hèle ses amis. L’ambiance est sereine, nonchalante.
Dans la capitale du Territoire du Nord, la vie va et vient à son rythme. En tendant l’oreille, on saisirait même presque la complainte rêveuse d’un peuple millénaire et le chant des oiseaux qui peuplent depuis la nuit des temps, les terres de Kakadu, de Litchfield et de la Terre d’Arnhem.
Pour quelques dollars de plus, un train mythique et la ruée vers l’ouest
Jouissant d’un climat tropical, Darwin ne possède que deux saisons : la saison sèche (mai à octobre) et la saison humide (novembre à avril). La moyenne annuelle des maximales dépasse la barre des 30°. Autant dire que survivre à Darwin dépend beaucoup de la climatisation.
En saison humide, le thermomètre grimpe aisément jusqu’aux 35°, et les moussons qui déchirent le ciel de la capitale, alimentent les photos des chasseurs d’orages. La bibliothèque (Parliament House), calme, moderne et ventilée avec accès gratuit à Internet, tout comme les centres commerciaux (Casuarina, Mitchell St), peuvent se révéler d’excellents refuges, à la fois contre la chaleur et la pluie.
Malgré son isolement géographique au Top End de l’Australie, venir à Darwin relève plutôt de la « facilité », malgré les distances énormes. En voiture, la ville relie l’ouest vers Broome, le sud en direction d’Alice Springs ou la côte est pour Townsville.
Solution la moins onéreuse, à condition de partager le fuel à plusieurs, la route peut également se révéler d’un dépaysement absolu à travers l’immensité du désert vers le sud et l’est. À l’ouest, de nombreux particuliers, en vans ou 4×4 essentiellement, proposent des lifts (allouer un siège gratuitement tout en partageant les frais d’essence) que vous pourrez consulter dans tous les backpackers de la ville ou sur des sites comme Gumtree.
Deuxième solution : la voie des airs. En Australie, vous le comprendrez assez vite, l’avion, transport logiquement le plus rapide, est aussi peu coûteux. Les compagnies low-cost que sont Jet Star et Virgin Blue se partagent les prix les plus bas. En partance de Brisbane par exemple, vous en aurez pour à peine plus de 200$ et quelques heures de vol.
Enfin, si on élimine le vélo et le roller, le dernier choix reste le train.
Depuis 2004, le Ghan relie en en effet Darwin à Adélaide en plein cœur de l’outback, pour 2 979 km de poussière ocre, de paysages dévastés et de couchers de soleil rédempteurs. Poésie aride et colorée, la ligne est souvent citée comme l’une des plus singulières au monde.
Avec plus de 140 000 habitants, Darwin est la plus grande ville du Northern Territory. Globalement, sous ses airs indolents, Darwin figure parmi les villes les plus onéreuses d’Australie, dans une fourchette comparable à Sydney.
Une exception vient cependant contrer la règle : le bus. Pratique et bien réparti, le réseau dessert les principaux sites touristiques et villes périphériques (Mindil Beach, Fannie Bay, Crocodilus Park, Casuarina, Palmerston).
Côté travail, les opportunités ne manquent pas. Des agences comme Chandler MacLeod ou Top End proposent des emplois pour les étrangers titulaires d’un Working Holiday Visa.
Les secteurs des services du tourisme et de la construction sont très demandés. De fin septembre à novembre, la saison du picking porte ses fruits, et de nombreuses fermes cherchent chaque année des milliers de pickers dans la cueillette des mangues. Dangereux à cause du jus acide présent dans la queue du fruit, le travail rémunère en moyenne 1 000$ la semaine.
La Harvest Line (1800 062 332) ou son site Internet pourront vous être d’un grand secours pour décrocher du travail dans une ferme. Plus généralement, les petites annonces du NT News, gratuites sur Internet, ainsi que Gumtree Darwin, vous aideront dans la recherche d’un emploi.
Au son du didgeridoo, 16 bières pression et les méduses-boîtes
Bananes frits, hamburgers au buffle, poulet satay, opales chatoyantes, fouets en peau de crocodile et massages thaïs, etc. Le Mindil Beach Sunset Market peint Darwin des couleurs du monde tous les jeudis et dimanches soirs de mai à octobre. Les plats Indonésiens ou Sri Lankais se confondent aux saveurs du bush, pendant que des groupes locaux, entre didgeridoo, batterie et guitare, animent les couchers de soleil sur la plage. Le marché étaye de ce fait la culture gastronomique et internationale de la ville. En témoignent ses pizzerias, ses plats à emporter vietnamiens, portugais ou grecs du centre-ville. Plus classique et australien, vous pourrez déguster un fish and chips et boire une bière fraîche sur un ponton en bois avec vue sur l’océan à Wharf Precinct, près du lagon.
Côté bons plans, pensez aux promotions du mardi soir chez Domino’s Pizza et vérifiez les backpackers, des flyers pour manger au pub-club-restaurant Le Vic, gratuitement en payant uniquement sa boisson, circulent parfois dans la ville.
Des retransmissions sportives, de footy et rugby mais aussi de soccer, ont lieu au Shenanigans, pub irlandais avec une grande terrasse donnant sur Mitchell St. Enfin, le Ski Club à Fanny Bay, possède le meilleur cadre de la ville. Sous réserve d’une inscription rapide au club de ski nautique, vous pourrez boire une bière tout en admirant un coucher de soleil sur la plage. Des concerts y sont donnés toutes les semaines.
Côté baignade, le lagon à Wharf Precinct est ouvert toute l’année, protégé par un filet anti-méduses. Sinon, la baignade est proscrite d’octobre à mai en raison de la présence de petites bêtes mortelles, les méduses-boîtes, que Wikipedia explique à merveille : « Les cubozoaires se rencontrent dans des eaux tropicales, surtout en Australie et aux Philippines, où ils sont connus pour leur poison puissant, souvent mortel. Le cycle de vie comprend une forme polype benthique, solitaire et une forme méduse pélagique. »
À 15 km de Darwin, le Leanyer Recreation Park propose une piscine gratuite, ouverte tous les jours, avec toboggans, skate-park et terrain de basket.
Pour manger, vous habiller ou acheter un CD de Nick Cave (parce que Nick Cave, ça envoie et c’est Australien), le centre-ville abrite les supermarchés traditionnels, Coles et Woolworths, ainsi qu’un centre commercial – relativement petit sur Mitchell St – dans lequel vous trouverez un Dick Smith, la Fnac – sans les livres – australienne. Sinon, un immense centre commercial se trouve à Casuarina – 30 minutes en bus du centre – et vous trouverez tout ce qu’il vous faut, entre K-Mart, Big W, JB Hi-Fi ou autre City Beach.
Plus culturel, vous pouvez faire des achats intéressants dans les nombreuses galeries d’art aborigène de la ville et ainsi contribuer au développement de l’artisanat local. Vous trouverez des galeries intéressantes sur Mitchell St, proposant des toiles mentionnant l’origine de l’artiste, souvent issues des communautés du Kakadu, de la Terre d’Arnhem ou des Tiwi Islands.
Dans l’œil du cyclone, les pistes du rêve et un cinéma sous les étoiles
Petite ville paisible, Darwin n’en héberge pas moins une intéressante scène culturelle. Toute l’année, des groupes locaux jouent au Nirvana, au Happy Yess, au Fox et au Vic. Tandis que le Brown’s Mart et le Darwin Entertainement Center programment des pièces de théâtre, des humoristes ou encore des comédies musicales.
À quelques mètres de la Government House, au bord de l’océan, que se situe l’attraction culturelle de la ville : le Deckchair Cinema. En effet, d’avril à mi-novembre, ce cinéma de plein air distille une programmation éclectique, constituée de films d’arts et essais des quatre coins du monde. Palme d’or cannoise, classique Hollywoodien, film d’auteur français, néo-zélandais ou norvégien, l’ambiance est à la cinéphilie, à la détente et au simple plaisir de visionner un film sur écran géant, entre bière fraîche et pop-corn, sous le ciel étoilé de Darwin.
Sur les 200 000 habitants qui peuplent le Territoire du Nord, environ 30% sont Aborigènes. À Darwin, la culture rouge, noir et or est omniprésente. Il y a les galeries qui abritent et encouragent les artistes locaux, et un musée magnifique, le Northern Territory Museum and Art Gallery, qui retrace l’histoire des Larrakia à travers l’art aborigène. Gratuit et situé à Fanny Bay au nord du centre, le musée propose également une excellente reconstitution du cyclone Tracy, qui anéantit Darwin (65 morts et 60 % des habitations détruites) un soir de Noël 1974. Dans une chambre noire, l’électricité coupée, le bruit du vent et la peur au ventre, la nuit rappelle à quel point l’homme est petit face aux éléments.
Cyclone, un mot qui prend tout son avec sens le peuple aborigène du Territoire. À Darwin, les descendants des propriétaires traditionnels errent sur l’esplanade, dans la rue, boivent, crient, rient, pleurent. Certains sont marqués par l’alcool, le chômage, la vie, le racisme. Il y a cette fille, sans âge, qui s’approche sur l’esplanade et qui évoque son compagnon qui la bat. Elle en a peur, mais elle en rit, saoule, et s’en va titubant, le regard perdu, l’innocence de l’enfance oubliée. Il y a ces familles, transportant un caddie, le bagage d’une vie, qui interpellent les passants pour un malheureux dollar. Dans les rues de Darwin, entre touristes et hommes d’affaires, des ombres semblent crier leur désespoir.
Un cri étouffé, qui résonne à quelques centaines de kilomètres, à travers les roches, les marais et les herbes du Kakadu et de la Terre d’Arnhem. Car comprendre l’un des plus vieux peuples au monde, à l’histoire récente douloureuse, injuste et sanglante, c’est aussi visiter ses terres. Il y a 40 000 ans, les Aborigènes venus d’Asie, devenaient les premiers habitants d’Australie en s’installaient en Terre d’Arnhem, puis dans le Kakadu.
Manquer cette région, c’est oublier l’une des parties les plus typiques, les plus belles et les plus intéressantes du pays. Y poser le pied avec un guide aborigène, en rêvant de serpent arc-en-ciel et de crocodiles, est une expérience inoubliable, presque mystique, qui redonne la foi, une identité et un sourire à un peuple qui le mérite.
Darwin : Pratique Corner
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Super article très complet. Je ne savais pas si j’allais y passer a cause de la distance qui sépare Darwin des autres grandes villes mais je vais peut être modifier mes plans. Et je pense que quelques photos supplémentaires trouvées sur le net finirons de me convaincre 😉
Darwin est une petite ville mais j’y ait un tas de souvenirs. Je regrette pas d’y être passé. Si ça peut aider certains d’entre vous il y a quelques articles sur mon blog sur la vie à Darwin:
http://www.over-blog.com/recherche/recherche-blog.php?ref=1344168&query=darwin
Vraiment un trés bel article, tu écris toujours aussi bien quel plaisir 🙂
Article signé Mathieu, nouveau rédacteur sur le blog AA.com – toutes les félicitations vont à lui 😉 !
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