Un plan du gouvernement d’Australie-Occidentale prévoit la fermeture de 150 communautés autochtones. Ce qui provoque la colère des défenseurs de la cause aborigène.
« L’absence de dialogue politique de bonne foi entre les gouvernements australiens et les peuples autochtones est criante et indigne d’une société qui se prétend démocratique. » Tribune de Martin Préaud et Barbara Glowczewski, membres du Laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France,publiée le 27 avril 2015 sur le Huffigton Post.
« Nous ne pouvons pas éternellement subventionner des choix de vie si ces choix de vie ne permettent pas de participer pleinement à la société australienne. » Interrogé en mars sur les ondes d’une radio australienne, le Premier ministre Tony Abbott a justifié, sans tabous, la proposition du gouvernement d’Australie-Occidentale de supprimer 150 communautés aborigènes du territoire. Un plan qui prévoit la coupure de l’électricité, du gaz, de l’eau et des aides au logement, au transport, à l’éducation ou à la santé. L’Etat estimant n’avoir plus les ressources nécessaires pour subventionner les communautés aborigènes.
Un discours et un plan qui provoquent le courroux des communautés aborigènes et des défenseurs de la cause indigène. Comme le reporte le journal Le Monde, à l’occasion du « Close the Gap Day » du 19 mars à Perth, un évènement annuel porté par les associations d’égalité des droits, une banderole « D’abord, ils ont volé nos enfants, maintenant ce sont nos maisons », inaugurait le cortège des manifestants. Déjà, plusieurs manifestations sont prévues le 1er mai prochain, pour dénoncer la fermeture des communautés aborigènes en Australie.
Le 27 avril, les chercheurs Martin Préaud et Barbara Glowczewski, membres du Laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France, ont signé une tribune acerbe sur le site du Huffington Post. « Depuis une quinzaine d’années maintenant, le terme de « dysfonctionnement » est utilisé pour caractériser les communautés aborigènes isolées et justifier leur fermeture, le plus souvent sans s’encombrer de nuances ou de preuves réelles », déplorent les scientifiques, spécialistes du monde aborigène.
« En fermant les communautés, en sapant les conditions d’autonomie des organisations, en vidant les Pays aborigènes de leurs habitants, le but est de laisser le champ libre aux investisseurs miniers, principaux acteurs du boom économique de l’Etat. »
Les conditions socio-économiques pour les Aborigènes restent alarmantes en Australie. Les inégalités entre les autochtones et les « Blancs » sont criantes. Selon l’Association médicale australienne, le taux de mortalité des enfants est deux fois plus important chez les Aborigènes que pour le reste de la population. Quand l’espérance de vie est inférieure de près de dix ans. Et, en Australie-Occidentale, 42% des détenus sont des autochtones. Ce qui pousse une certaine opinion publique à dénoncer un « assistanat » des communautés aborigènes, vivant sous subventions de l’Etat australien.