Une année en Working Holiday Visa laisse la place à beaucoup de jobs de backpackers. Ces petits boulots souvent trouvés sur la route permettent financer le voyage et faire de nouvelles expériences, de nouvelles rencontres. Claire, Thomas, Madeleine, Alice, Cécile et Gérard ont bien voulu nous raconter une de leurs expériences…
Jobs de backpackers : cueillette de fraises et packing à Albany
Claire et Thomas sont un couple de français âgés de 25 et 26 ans. Ils sont en Australie depuis 5 mois et voyagent avec Madeleine, une amie suédoise rencontrée à Sydney. Après une première expérience de fruit picking (cueillette de fruits) dans le Victoria, ils viennent d’arriver dans le Western Australia. Témoignage…
Nous sommes au mois d’avril et nous venons de parcourir les quelques mille kilomètres qui séparent Adélaïde de la frontière de l’ouest australien. L’objectif ? Rester dans le sud de cette région et trouver à nouveau du travail dans une ferme. C’est assez urgent car notre budget est de plus en plus serré. Après deux semaines à chercher désespérément un job, à manger des pâtes (les fameuses noodles pour les connaisseurs) et à dormir à trois dans le 4×4, nous obtenons enfin une réponse positive : direction Albany pour ramasser des fraises !
Arrivés sur place à 7h du matin, pas le temps de nous installer car la cueillette va commencer ! Les autres travailleurs, environ une vingtaine, sont pour la grande majorité des backpackers d’un peu partout.
Le travail démarre sur les chapeaux de roue et nous fixons les autres sans trop savoir ce qu’il faut faire. Chacun s’empare d’un petit panier appelé « tray » (plateau) et attend les consignes. C’est Leslynn, une australienne plutôt coriace, qui supervise le groupe. À son signal, tout le monde se dirige en courant vers les champs pour commencer à cueillir. D’abord un peu étonnés de cette précipitation, nous allons vite en comprendre l’enjeu ! Le paiement se fait au panier et pas à l’heure, il faut donc cueillir un maximum de fruits pour un maximum de profit. Cependant, les champs sont limités et c’est aux cueilleurs d’être assez rapides.
Chacun prend une rangée et c’est parti ! Position penchée vers l’avant (aïe le dos !), la cueillette de fraises est un art et nous n’avons pas encore le coup de main. Le but est de récolter uniquement les beaux fruits sans arracher la tige. Il faut attraper la fraise, tirer gentiment mais efficacement puis la glisser dans le panier ! Et c’est comme cela sur tout le rang. Une fois au bout, il faut passer à celui d’à côté.
Nous avons un peu de mal à suivre par-rapport aux autres qui sont déjà bien rodés. Certains sont même d’une efficacité redoutable, issue d’une expérience de plusieurs mois. Outre la position peu adéquate, le panier est aussi un inconvénient car il faut le ramener en bout de rangée dès qu’il est plein. Une véritable course ! Lorsque les quatre champs sont ratissés, nous avons une pause de dix minutes. Nous réalisons qu’il va falloir remplir plus de paniers la prochaine fois car à 2$ l’un, il en faut minimum 50 pour que cela soit intéressant !
Étape suivante : le packing, qui consiste à empaqueter les fruits. Chaque personne est à son poste et doit remplir des barquettes de fraises. Cette fois, le paiement est à l’heure (6$) avec 12 cents en plus par barquette remplie. Il faut faire attention à bien sélectionner les fruits car les boîtes sont ensuite minutieusement contrôlées. Si une fraise n’est pas assez belle ou trop petite, c’est à refaire !
Vers 13h, la journée de travail est enfin terminée ! Nous avons toutes nos après-midi de libres. Côté logement, nous vivons dans un grand foyer avec les autres et nous avons notre chambre pour presque rien.
Dans l’ensemble, même s’il ne nous a pas rapporté énormément (car fin de la saison), ces deux jobs de backpackers nous ont permis de mettre un peu d’argent de côté pour la suite du voyage. Cueillette et empaquetage le matin et plages désertes l’après-midi : malgré quelques petits bobos au dos, ces trois mois de boulot ont été vraiment agréables !
Jobs de backpackers : kitchen hand et runner à Perth
Alice est française, elle a 27 ans et voyage en Australie depuis 8 mois avec son compagnon de 25 ans. D’abords arrivés à Sydney, ils ont voyagé vers l’ouest jusqu’à Perth.
Les différents petits jobs trouvés sur la route leur ont permis d’avancer, mais ils ont décidé de s’arrêter trois mois pour économiser et faire ensuite tout le nord de la Côte Ouest. Témoignage…
Nous venons d’arriver à Perth avec des amis rencontrés en chemin. Nous nous sommes tous installés dans un camping dans le coin de Fremantle.
Maintenant je dois me trouver un travail ! Après avoir déposé mon CV dans je ne sais combien de magasins et de restaurants en surmontant ma timidité à chaque fois, il y en a enfin un qui m’appelle. Il s’agit d’un pub/restaurant plutôt sympa et situé à côté du camping.
Pour mon essai, je dois travailler derrière le bar. N’ayant fait que des jobs de picking depuis mon arrivée, c’est ma première fois en restauration. Je n’y connais rien en bière et sachant que dans ce pays cette boisson est une institution, je suis au comble du malaise. Entre l’accent alcoolisé et l’accent « aussie », impossible de comprendre ce que veulent les clients. Concernant ceux que j’arrive à décrypter, je dois servir la bière correctement et cavaler derrière le bar pour chercher les bons verres, bref pas franchement concluant ! Je ne suis évidemment pas payée vu qu’il s’agit d’un essai et je rentre le premier soir dans ma tente, bredouille, en me faisant à l’idée qu’ils ne rappelleront pas !
Deux jours se passent et, ô miracle, coup de téléphone du gérant. Il me dit que le bar ne s’est pas très bien passé (c’est un euphémisme) mais qu’ils ont une place en cuisine si cela m’intéresse. Je réponds que oui car la cuisine est la planque idéale pour la grande timide que je suis ! Le job consiste à aider le Chef, à faire la vaisselle et à amener les plats aux clients (pas de prise de commande).
Je suis donc kitchenhand et « runner » (apporter les plats). Avec Jack, le Chef, le contact passe tout de suite très bien. Il parle fort, il maudit les clients, il est à 150 à l’heure mais cache une incroyable gentillesse. Après quelques jours de boulot, je deviens sa « goûteuse officielle » et j’ai le droit de tester chacun de ses mets. Un délice pour moi qui suis en manque de bonne nourriture !
Je m’habitue rapidement à servir les clients et à répondre à leurs demandes. Entre les plats, la vaisselle et le service, tout va très vite, pas le temps de s’ennuyer ! Payée 17$ de l’heure, je travaille le soir du lundi au vendredi, le midi et le soir pendant le weekend. Pas de congés mais au moins j’ai toutes mes journées !
L’ambiance là-bas est assez enjouée et tout le monde est adorable. Après trois mois passés au restaurant et l’équivalent d’un bac+5 en vaisselle, j’ai droit à un pot de départ royal. Mon patron me donne même un peu d’argent pour la route en me disant de revenir quand je veux ! Cette expérience restera inoubliable, tout comme les gens avec qui j’ai travaillé.
Jobs de backpackers : l’enfer de la pêche à la crevette
Cécile est une française de 26 ans. Elle voyage avec un ami rencontré durant son road trip. Après 14 mois de périple le long des côtes australiennes, elle décide de faire une halte à Carnavon. Le compte bancaire est à sec et il est grand temps de travailler pour ensuite mieux repartir ! Témoignage…
Carnavon est une petite ville côtière vivant principalement de la pêche et de l’agriculture. Quelques jours après mon arrivée, j’entends parler de chalutiers recherchant du personnel pour partir en mer pêcher la crevette. Sautant sur l’occasion, je me précipite vers le port. Apparemment pas besoin d’expérience, juste d’être immédiatement disponible et motivée ! Sans trop savoir ce qui m’attend (si seulement !), je me lance dans cette aventure de trois semaines en mer avec le sourire.
À bord du bateau « Cape Tribulation », je suis avec une équipe de cinq personnes : le skipper à la barre et le reste de l’équipage sur le front. Le travail s’effectue de nuit, il commence à 16h et se termine à 9h du matin (aie ça pique !). En effet Mademoiselle Crevette ne daigne se montrer qu’à la nuit tombée !
L’atmosphère est tendue, la compétition entre les chalutiers est rude et chacun veut sa part du gâteau. Le travail est répétitif, il faut lancer les filets à l’eau, trier les crevettes en fonction de leur espèce et de leur taille, puis les conditionner par boîte de 20kg. Un de mes « collègue esquimau » (au vu de son costume) les descendra ensuite dans des frigos à -20° avant que la compagnie Norwest Seafood ne rachète toute cette marchandise.
Le lever du soleil annonce la fin de mon calvaire avant la nuit prochaine. Je ne me fais pas prier pour aller au lit, ni pour manger après 15 heures passées debout et sans pause.
Mais ce n’est pas le pire ! Outre cette vie de vampire aquatique, mon mal de mer incessant ne facilite pas ce travail de bourreau qui, au final, ne me rapportera pas grand chose.
Eh oui, malheureusement nous ne sommes pas rémunérés à l’heure et le skipper applique le pourcentage qu’il souhaite au backpacker démuni dont il profite sans vergogne. Pour 18 heures de travail par jour, je n’ai gagné que 500 misérables dollars après 7 jours de travail d’affilée !
Finalement, malade, déprimée et à bout de force je décide d’arrêter. Difficile de jeter son tablier lorsqu’on est en pleine mer me direz-vous ! Par chance (ou par pitié), ils acceptent de me débarquer avant la date prévue. C’est avec plaisir et soulagement que je retrouve la terre ferme, mes amis et surtout une vie normale. La pêche à la crevette : je suis venu, j’ai vu, j’ai survécu… mais plus jamais merci !
Jobs de backpackers : l’homme qui travaillait à la ferme de chevaux
Gérard, un français de 28 ans, est en Australie depuis 2 mois. Lui et sa voiture baptisée Jolly Jumper ont quitté la ville de Griffith dans le New South Wales pour trouver un travail de fruit picking au nord de Nagambi dans le Victoria. Témoignage…
Après 4h de route, à la recherche d’un « free camp » pour passer la nuit, je me rends compte qu’il fait sombre et que je n’ai toujours pas trouvé d’endroit. Je voyage seul et personne pour me relayer au volant. Trop fatigué pour continuer, je décide de m’arrêter devant un hôtel/restaurant. La patronne a des chambres libres pour 50$ la nuit mais c’est trop cher pour mon budget. Elle me propose donc de dormir gratuitement en échange d’un peu de travail le lendemain. Apparemment mon air exténué et mon accent français « so romantic » ont fait leur effet !
Le jour suivant, pendant que je m’active, elle me demande si je m’y connais en chevaux. Euh…. Yes ? (Ou pas, mais on ne dira rien !). Sachant que j’ai besoin de travail, elle a contacté un client qui cherche du monde pour sa ferme. Il doit arriver dans 30 minutes afin de me voir. Une heure plus tard, entretien passé avec brio ! Je vais directement visiter Erinvale, une ferme de purs sangs (préparation et vente des chevaux). Mon nouveau boulot m’attend dès le lendemain. Je suis logé gratuitement dans un petit cottage au milieu des pâturages et la paye est de 500$ par semaine.
Mon anglais est très scolaire et je dois m’habituer à une nouvelle langue, à un nouveau vocabulaire, et surtout… à l’accent du bush ! Je travaille avec des professionnels des équidés, c’est donc un peu difficile au début mais je trouve rapidement ma place.
La matinée commence à 8h par la préparation de la nourriture pour les 40 chevaux des écuries, chacun ayant un régime spécifique. Nous les amenons ensuite 5 par 5 faire de l’exercice dans le manège. Pendant qu’ils font leur marche, nous en profitons pour nettoyer les boxes (rempaillage, changement de l’eau, etc.).
Après une pause repas d’une heure, nous continuons jusqu’à environ 15h. Il faut encore préparer de la nourriture pour les quelques 120 chevaux qui restent dans les différents champs de la ferme. Une fois que tout est prêt et chargé dans le buggy, c’est l’heure de la distribution et nous donnons en même temps leurs médications à ceux qui en ont besoin.
Différentes tâches peuvent s’ajouter en cours de journée comme la venue du maréchal ferrant, du vétérinaire, refaire les stocks de nourriture, de foin, ou encore le nettoyage régulier des chevaux.
Je partage la maison mise à disposition avec trois autres voyageurs : un australien, un anglais et un japonais. L’ambiance est donc plutôt sympa !
Le programme est à peu près le même chaque jour mais ce boulot est loin d’être ennuyeux. Je m’occupe de chevaux de course, des animaux puissants et magnifiques. En dehors des heures de travail, je passe mon temps libre dans les champs à les brosser et à les admirer. Avec mon chapeau et mes bottes, je m’imagine cowboy solitaire au milieu de ce cadre idyllique…
Au bout de cinq semaines passées là-bas, je suis parti heureux et riche de superbes souvenirs. Ce travail a été très intéressant et m’a appris énormément.
Qu’elles soient bonnes ou mauvaises, ces différentes expériences restent gravées à jamais. Par la suite, on rit des pires, on raconte les meilleures avec un grand sourire et le regard mélancolique. Ce sont des jobs que certains et certaines n’auraient probablement jamais fait dans leur propre pays. Le backpacker ne va pas vivre pour travailler mais travailler pour vivre une aventure hors du commun. Certains de ces boulots seront d’ailleurs eux-mêmes de drôles d’aventures !
Bonjour, je suis à la recherche des coordonnées de la ferme de pure sang à Erinvale. Pourriez vous me donner une adresse mail ainsi qu’un numéro de téléphone?
Merci beaucoup! 🙂
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