Au sud-est de la Tasmanie, la prison de Port Arthur est le site le plus visité de l’État. Riche d’une histoire passionnante, l’ancien pénitencier, ravagé par des incendies, n’a malheureusement que peu d’intérêt touristique. Pourtant, les prix d’entrée y sont exorbitants. Petite visite (cher payée) des lieux.
Une palissade en bois. Un immense jardin. Un port, une eau calme et des collines environnantes. S’il n’y avait pas cette histoire de bagnards et de liberté déchue, on pourrait presque pique-niquer, apprécier le site, assis dans l’herbe avec de la musique et un bon livre. Un petit tour en bateau, puis la visite d’une prison brûlée, constituée d’une façade de briques et d’une passerelle restaurée, laisse sur la faim.
Plus loin, un asile vide, un musée intéressant et une prison isolée avec des cellules mises en valeur par des anecdotes ou des citations de prisonniers, ravive l’enthousiasme. Mais c’est en se promenant, parmi les bâtiments d’un blanc éclatant, à travers les allées arborées, paisibles, que la vérité tend à éclater : où sont passés les 40 dollars de l’entrée ?
« La prison est en effet l’Alcatraz australien : située sur la péninsule de Tasman, Port Arthur n’est reliée qu’à la Tasmanie par l’isthme d’Eaglehawk Neck, un passage d’une trentaine de mètres alors protégé par des gardes et des chiens. »
Pourtant, l’histoire est passionnante. Établie en 1830 comme chantier forestier, Port Arthur devient en 1833 une colonie pénitentiaire pour les prisonniers récidivistes d’Australie. Y sont incarcérés les détenus difficiles, les peines lourdes, bref les très méchants. La prison est en effet l’Alcatraz australien : située sur la péninsule de Tasman, Port Arthur n’est reliée qu’à la Tasmanie par l’isthme d’Eaglehawk Neck, un passage d’une trentaine de mètres alors protégé par des gardes et des chiens. Tout autour, l’océan et des eaux infestées de requins. Le port était alors la seule issue d’évasion.
Les marins devaient déposer dans une consigne rames et voiles lorsqu’ils arrivaient sur la presqu’île. Pourtant, huit détenus parvinrent un jour à s’échapper avant d’être rattrapés en Nouvelle-Galles-du-Sud quatre mois plus tard.
En 1840, Port Arthur devint même un important port commercial. On compte alors à l’époque 1 100 habitants. En 1842, est construit un hôpital, puis en 1848, une deuxième prison, appelée « prison isolée ». En 1853, les déportations de prisonniers sont bloquées et la population de Port Arthur vieillit. Mais la colonie reste pour autant une importante industrie, notamment de bois.
En 1864, un projet d’asile est même lancé. Cependant, la vieillesse et la faiblesse des forçats s’accentue et la machine s’enraye en 1877, année de la fermeture définitive de la colonie pénitentiaire. Le site est alors renommé Carnarvon.
Entre 1895 et 1897, des incendies dévastent les bâtiments, notamment le pénitencier principal. Dans les années 1920, les habitants de la ville se rendent compte du potentiel touristique du lieu et décident de reprendre l’ancien nom de Port Arthur. Les bâtiments sont restaurés, le site est mis en valeur et un musée est érigé. En 1971, le gouvernement reprend possession du lieu et le classe parc national.
Aujourd’hui, Port Arthur est devenu le site le plus visité de Tasmanie et fait partie des patrimoines mondiaux de l’Unesco.
Le site de Port Arthur ressemble à un grand parc au bord de l’eau. Le pénitencier principal est en ruines. Autour, il y a la maison du commandant, le quartier des officiers, la tour de garde, la blanchisserie, la cantine, etc., rien de bien intéressant. En continuant, on tombe sur l’asile, transformé en musée.
Un bâtiment captivant qui évoque la philosophie de la prison, fortement influencée par la pensée de Jeremy Bentham. L’Anglais avait appliqué des principes humanistes à l’incarcération au pénitencier de Pentonville en Angleterre. Pour Bentham, la prison avait une mission, celle d’une « usine qui transforme les escrocs en hommes honnêtes ».
« De retour sur terre, l’impression d’être au cœur d’un petit parc anglais avec ses maisons proprettes se dégage. Deux cent ans plus tôt, Port Arthur était l’une des prisons les plus importantes d’Australie. »
Près de l’asile, on trouve la prison isolée. Sorte de cachot en cas de mauvaise conduite. Les prisonniers y étaient enfermés 23h par jour, avec seulement une heure d’exercice. Préservée des incendies, la prison isolée est l’autre bâtiment intéressant de Port Arthur. Les cellules y sont alignées, il est possible d’y rentrer, d’y ressentir l’enfermement et de se mettre dans l’esprit d’anciens forçats par le biais d’anecdotes et d’histoires.
Sont apposés des citations d’humanistes de l’époque comme Charles Dickens. L’auteur d’Oliver Twist critiquait en effet l’enfermement solitaire, qui créait pour lui des comportements antisociaux et des dérèglements mentaux.
Sur le trajet en ferry, des familles et des touristes discutent pendant qu’un guide, peu inspiré, tend à passionner quelques aficionados. Il y a plusieurs îles, dont une baptisée « l’île des morts », où est disposé le cimetière. Le temps a beau être gris, maussade, parmi les touristes, les enfants, les appareils photos, rien n’est inquiétant. L’atmosphère n’y est décidément pas. De retour sur terre, l’impression d’être au cœur d’un petit parc anglais avec ses maisons proprettes se dégage. Deux cent ans plus tôt, Port Arthur était l’une des prisons les plus importantes d’Australie.
Et c’est là que le bât blesse. L’histoire de la prison est captivante mais le site en lui-même est pauvre. Les prix d’entrées sont absurdes, 40$ comprenant l’entrée au site avec un tour en bateau. Sans oublier les visites supplémentaires, comme un tour de nuit façon visite fantôme. Une industrie touristique florissante alors que l’intérêt majeur de Port Arthur réside dans un bon vieux livre d’histoire.
Port Arthur : Pratique Corner
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Salut,
Je te trouve un peu dur avec le prix d’entrée. Au taux « historique » du dollar AU, ça donne environ 18-19 euros (actuellement, un peu plus…), c’est une somme, mais tu peux y passer la journée…
Ce genre d’endroit est de toute façon un peu cher : quel est le prix pour accéder à la Tour Eiffel par exemple ? A Versailles ?…
J’ai trouvé l’endroit intéressant à visiter, et j’y retournerais.
On peut citer pour les économies l’entrée après 17h, facturée 15 ou 20 dollars, je ne sais plus exactement, mais il faut la demander spécifiquement à la caisse car elle n’est pas affichée…
Merci en tout cas pour tous les posts, qui me ramènent agréablement à mes jours sur la route, maintenant que je suis coincé dans un bureau en France…
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