Au-delà des grandes villes glamour et des paysages sauvages à la beauté époustouflante, l’expérience Australie c’est parfois aussi ceci : s’installer provisoirement dans un petit morceau de campagne et, pendant quelques temps, vivre à la ferme, apprendre à connaître plus intimement une région et un style de vie rural. Aujourd’hui, je vous propose de découvrir un de ces discrets coins de paradis : bienvenue dans la Vallée de Yarra, au nord de Melbourne.
Je suis installée dans la région dans le cadre d’un séjour HelpExchange : ce réseau de particulier à particulier basé sur un esprit d’entraide et de communauté, met en relation locaux et voyageurs. Les autochtones y tiennent le rôle d’hôtes, prêts à offrir le gîte et le couvert aux voyageurs en échange du dur labeur de ces derniers, qui remplissent un rôle de volontaires.
Alors, à quoi ressemble la vie d’un volontaire ? Cela dépend bien sûr de vos hôtes, de leur quotidien et de leurs projets ! Ici, dans ma ferme de Taggerty, mon labeur de volontaire se résume principalement à l’entretien des jardins et des 2 cottages loués aux vacanciers. L’automne m’a amené son lot de chemins et de pelouses à ratisser, mais sous les tapis de feuilles mortes au pied des arbres déplumés, une récompense attend parfois le jardinier attentif : les champignons sauvages, rien de mieux pour se faire une omelette !
L’automne, et maintenant l’hiver, c’est aussi l’arrivée du froid, et régulièrement j’embarque avec Mike, mon hôte, à bord de la vieille jeep défoncée qui sert de véhicule de ferme tout-terrain et increvable.
Un vague chemin mène au sommet de la colline où aller récupérer du bois : toute branche cassée, tout arbre abattu par les éléments, seront méthodiquement tronçonnés, créant ainsi une jolie collection de bûches prêtes à alimenter nos feux de cheminée. On balance les bûches dans la remorque, mais attention : sous l’écorce se cache parfois un nid de Huntsman, ces araignées inoffensives mais presque aussi grosses que la paume de ma main. Oui, ça surprend.
Les émotions passées, il est temps de redémarrer la jeep, qui, avec une remorque un peu trop bien chargée pédale parfois dans la semoule d’un sol rendu boueux par la pluie, et part lentement en arrière… oops !
Une fois revenus de ces aventures au sommet de la colline, il ne reste plus qu’à décharger. Et, bien sûr, à aller se saisir d’une hache pour trancher les bûches les plus grosses et les ramener à une taille plus convenable pour le foyer de la cheminée.
Des flambées, on en fait parfois aussi à l’extérieur : d’autres tas de bois, débris nettoyés des jardins, sont brûlés dehors, sous l’œil attentif des fermiers.
Les flammes montent à 2-3m de haut et la chaleur générée est intense – si bien que, par un après-midi frileux d’hiver, on se retrouve en t-shirt, à s’arroser au tuyau pour se rafraîchir. L’eau et une simple pelle servent aussi à contenir les brasiers si ceux-ci menacent de s’échapper en direction d’un arbre un peu trop proche.
Durant mes journées de libre, quand il fait beau temps (plus souvent qu’on ne le croirait à cette saison), c’est sur mon vélo que je m’en vais parfois pédaler jusqu’aux bourgades environnantes. Marysville, à 20 km au sud, est mon bout du monde cycliste – il faut près de 2H pour s’y rendre à la force des mollets. Car qui dit Vallée de Yarra, dit routes ondulantes qui montent et qui descendent !
La route est paisible – bien qu’il s’agisse d’une highway, elle n’est pas suffisamment fréquentée pour être déplaisante, d’ailleurs il n’est pas rare d’y croiser perroquets et cacatoès en vadrouille.
Sur le côté, la silhouette bossue de Cathedral Range accompagne ma progression jusqu’à Buxton, à mi-chemin, où attend le Saint Graal du sportif affamé : le Buxton Burger, annoncé par un panneau géant de 5m de haut.
Le Buxton Burger, il est tout simplement vendu à la modeste station service de ce petit patelin, qui fait également office de snack. Il est audacieusement proclamé comme le meilleur de l’état. Le test est plus que concluant : disponible en version 1, 2 ou 3 étages, le Buxton Burger accompagné de ses potato wedges (frites épaisses) est d’une taille monstrueuse et surtout délicieux.
Avis aux amateurs : il faut parfois savoir s’arrêter dans les petites stations sur les routes australiennes ! Mais attention, les résultats ne sont pas toujours si probants…
À Marysville elle-même, l’ambiance est différente. Par le passé, cette charmante bourgade a été l’un des grands centres du tourisme à proximité de Melbourne et même surnommée « capitale de la lune de miel ». Cette distinction a malheureusement été réduite à néant suite aux incendies de février 2009 qui ont laissé derrière eux une ville bien mal en point. « Marysville a été rasée de la carte », voilà ce qu’on pouvait lire dans les journaux de l’époque. Heureusement, ce n’est pas tout à fait vrai.
Au voyageur curieux, Marysville offre une expérience saisissante, celle d’une petite ville qui a survécu à l’enfer d’une catastrophe naturelle. Dans la rue principale, de nombreux bâtiments manquent à l’appel : le supermarché a été détruit, l’office du tourisme est en pleine reconstruction, la poste opère maintenant depuis un simple container métallique. Pourtant, miraculeusement, d’autres édifices ont survécu – c’est le cas notamment du café situé en plein centre de la ville, inexplicablement intact.
Ici, bien des scènes peuvent laisser songeur. Les forêts environnantes sont peintes du noir intense des cendres, couplé au vert vif de la régénération. De l’ancien hôtel Marylands, un vaste manoir, il ne reste rien d’autre que la piscine, maintenant abandonnée en plein terrain vague et devenue un drôle de refuge pour une troupe de canards.
Dans la ville, le Lolly Shop (magasin de bonbons), une véritable institution, a rouvert ses portes, lui aussi situé pour le moment dans un simple container de métal, envers et contre tout.
Solidarité, communauté, persévérance et détermination face à l’adversité : c’est avant tout ça, l’esprit de l’Australie rurale.
L’Australie rurale : Pratique Corner
- Pour séjourner chez l’habitant, dans des fermes où vous serez logé et nourri en échange de votre labeur, inscrivez-vous aux réseaux d’hospitalité WWOOF ($70/an) ou HelpExchange (20 € pour 2 ans).
- Un petit tour dans la Vallée de Yarra ? Marysville et Buxton se situent à moins de 120 km au nord-est de Melbourne, via la Maroondah Highway.
- Un Buxton Burger (2 étages) à l’Igloo Roadhouse vous coûtera $12,80. Il est également disponible en version 1 étage ($7,80) et 3 étages ($17,80). Des frites pour une personne se négocient à $1, et le cappuccino à $3.
- Et bien sûr, tant qu’à venir jusqu’ici, n’oubliez pas d’aller faire un tour sur les sentiers escarpés du Cathedral Range State Park, à 10 km de Buxton !
Ton article donne une belle idée de l’ambiance et de l’esprit d’un séjour HelpX. J’ai hâte d’aller vérifier ça par moi-même !
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