Méconnu en France, le cricket est une institution en Australie. Un sport où l’équipe nationale règne en maître depuis plusieurs années au niveau mondial. On a l’habitude de dire, souvent à juste raison, que le cricket est un sport de « Blancs ». Et pourtant, c’est bien avec une équipe exclusivement composée de joueurs Aborigènes que l’équipe nationale d’Australie se rend pour la première fois en Angleterre, la terre du cricket, en 1868. The Times décrit alors le Onze australien comme « les autochtones conquis d’une colonie pénitentiaire », les peignant comme « des travestis voulant jouer au cricket comme des Lords ».
L’événement attirera 20 000 curieux. Des démonstrations de lancers de boomerangs étonneront les spectateurs. Et l’équipe aborigène australienne, en gagnant 14 matchs, en perdant 14, et provoquant 19 matchs nuls, tiendra largement son rang.
C’est le début d’une longue succession de tournées et de batailles anglo-australiennes. En 1882, contre toute attente, l’Australie inflige une défaite aux Anglais chez eux. Le journal Sporting Times parle alors de la mort du cricket anglais, et ironise en écrivant que les « cendres seront transportées en Australie ». C’est la naissance des « Ashes » (les « cendres »), une compétition qui voit s’affronter, sur le terrain ovale, l’Angleterre et l’Australie, depuis plus d’un siècle. Et l’avènement d’une nation qui règne aujourd’hui sur le cricket mondial : l’Australie.
Onze joueurs, la batte et le guichet
Petit retour en arrière. Le cricket, ce sport méconnu en France, serait apparu en Angleterre au XVIe siècle sous les Tudor, peut-être même quelques siècles avant, sans certitude historique. Au XIXe siècle, l’empire britannique exporte son sport dans tout le Commonwealth, et le cricket devient populaire dans des pays comme l’Inde, l’Afrique du Sud ou l’Australie. En 1909, la fédération internationale de cricket, l’ICC, est créée par des représentants anglais, australiens et sud-africains.
Petit essai d’explication des règles. Le cricket se pratique sur un terrain en herbe ovale avec deux équipes de onze joueurs. Au centre, on trouve une zone d’une vingtaine de mètres et à chaque extrémité, un « guichet », un ensemble de trois piquets de bois verticaux.
Au cours de la rencontre, qui est divisée en plusieurs manches, chaque équipe essaye de marquer des points simultanément, l’autre essayant de l’en empêcher. L’équipe qui veut marquer des points est composée de deux batteurs, équipés donc de battes, et l’équipe qui défend dispose de ses onze joueurs sur le terrain. L’équipe qui gagne est bien sûr celle qui obtient le plus de points, mais cela ne suffit pas. Un « draw », ou match nul, peut arriver si la deuxième manche de l’équipe opposante n’est pas terminée.
Il existe différentes formats de jeu. Certains, comme le « test-match » peuvent durer jusqu’à cinq jours. En Coupe du monde, on pratique le « one-day ».
Le sport d’été des Australiens
Le cricket est l’un des sports les plus populaires de l’Etat-continent.
« Il existe une culture sportive énorme en Australie, une culture de l’extérieur, des barbecues. Le cricket est donc au sens pur le sport d’été des Australiens »,
explique Robin Murphy, joueur de l’équipe de France de cricket d’origine australienne, dans les colonnes du Monde.
« Des sports comme le rugby à treize, le rugby à quinze ou le foot australien sont également populaires. Mais le rugby à treize est plus localisé à Sydney et dans ses environs, le foot australien est très implanté à Melbourne… La pratique du cricket est intégrée dans le système scolaire. On commence à l’école et on joue jusqu’au lycée. »
Depuis plusieurs années, l’Australie règne en maître sur le cricket mondial, au grand malheur du rival historique et ex-colonisateur anglais, par son palmarès et ses records. Avec cinq victoires mondiales (1987, 1999, 2003, 2007 et 2015), c’est la nation la plus titrée au monde, depuis la première Coupe du monde organisée en Angleterre en 1975.
La dernière édition, organisée en Australie et Nouvelle-Zélande en 2015, a vu les deux pays hôtes s’affronter en finale, avec une nouvelle victoire australienne contre son voisin du Pacifique.