Sur la côte du New South Wales, au sud de Sydney, se trouve le Murramarang National Park. C’est ce petit bout de paradis qu’une poignée de mes amis australiens avaient choisi comme lieu de villégiature pour un petit week-end en dehors de la city, à goûter aux plaisirs simples du camping et du bush.
Nous formons un petit groupe aux nationalités équilibrées : deux français, trois australiens. Olivier et Jenny, un français et une australienne, je les ai rencontrés quelques mois auparavant à Paris. Entre temps, ils ont déménagé pour revenir s’installer sur Sydney. Avec eux, ils ont amené un autre couple, David et Hillary. On quitte Sydney à deux voitures, après avoir empilé notre matériel de camping dans les véhicules. C’est le dernier week-end de février et le temps est encore au beau et à l’été : une route bitumée s’élance sous un ciel bleu, l’appel de l’asphalte se fait sentir.
Près de 300 km de goudron nous séparent de notre destination, la route est longue. En chemin, nous faisons quelques petites pauses ravitaillement – une boisson énergisante pour les conducteurs, un détour par un supermarché pour faire nos provisions pour le camping et une occasion de faire plaisir à David, qui nous explique qu’il a développé « a taste for expensive cafés » (un penchant pour les cafés pas donnés). Loin de nous l’idée de nous plaindre – sur une terrasse ensoleillée de la petite ville de Berry, nous dégustons d’excellents cafés en toute quiétude, du cappuccino latte au petit noir serré !
En milieu d’après-midi, nous quittons enfin l’autoroute pour dévier sur la petite route en terre qui s’enfonce entre les eucalyptus pour pénétrer dans le parc national. Un nuage de poussière se soulève au passage de nos roues et les nids de poule habituels entraînent des secousses familières à tout voyageur. Hillary, qui conduit, s’inquiète déjà de l’état de sa voiture maintenant qu’elle a dû quitter les lisses surfaces de l’univers urbain, mais moi, je suis aux anges : la dirt road, il n’y a que ça de vrai et ces cahots m’avaient manqué !
Nous débouchons sur la plage la plus connue du parc : Pebbly Beach. Quelques kangourous broutent tranquillement la pelouse qui environne le cottage du gardien des lieux. Nous frappons à la porte et, après une brève conversation, nous réalisons que Pebbly Beach est particulièrement connu : c’est un des derniers week-ends de la belle saison et le camping, ici, est déjà plein !
C’est finalement un peu plus loin, à Depot Beach, que nous plantons nos tentes. Ici, le camping est différent des petits sites modestes, discrets et perdus dont j’ai l’habitude : en plus d’une cinquantaine d’emplacements de camping, on trouve également un bloc de douches (chaudes, luxe suprême) et même quelques cabanons à louer pour les vacanciers plus désireux de confort.
Sur les pelouses, on croise quelques kangourous occupés à tondre le gazon, tandis que les arbres sont habités de king parrots (perroquets rouges et verts) et de rainbow lorikeets (perroquets de toutes les couleurs). Sur la table de camping de nos voisins, un kookaburra vient se poser au bord d’un réchaud portatif, observe son territoire quelques longues minutes, puis reprend son envol.
Si plaisante que soit notre résidence du week-end, une fois notre petit camp installé, nous n’avons qu’une envie : la plage ! Un large banc de sable blanc s’ouvre sur l’océan, une baie bordée de collines boisées. En maillots, nous courons jouer dans les vagues, nous profitons de cet incroyable privilège qu’est celui de la proximité et de la beauté de la nature australienne. L’eau est bonne et après une longue baignade nous rentrons au camp détendus et heureux. Une bonne douche puis tout le monde se disperse pour ramasser du bois et sortir les provisions : c’est l’heure du barbecue !
Apparemment, mère nature a autre chose en tête : des nuages approchent rapidement et la tempête se referment au-dessus de nos têtes. C’est sous une fine averse que je maintiens notre feu le temps afin que nos saucisses et nos steaks puissent griller. David, lui, nous sauve la mise : il retrouve une petite bâche dans ses affaires puis à l’aide d’une corde et d’un ou deux piquets, il improvise rapidement un modeste toit sous lequel nous nous réfugions, à demi coincés les uns contre les autres, pour nous abriter de la pluie.
Plus tard dans la nuit les gouttes s’arrêtent et nous nous blottissons tous autour du feu pour raviver ses flammes et bénéficier de sa chaleur bienfaitrice. La lune se lève au-dessus de l’océan et les étoiles se mettent à briller par-delà la cime des eucalyptus. Dans ma tente, je dors comme un loir.
Au matin, un nouveau visage de Depot Beach se révèle à qui a eu le courage de se lever avec le soleil : l’astre s’élève lentement des flots et baigne l’ensemble de la scène d’un rose intense. Au campement, les oiseaux s’éveillent eux aussi et quelques satin bowerbirds se promènent à la recherche de nourriture.
C’est encore la saison des amours pour eux, et donc l’époque où le mâle, au plumage noir bleuté, construit un nid (« bower ») au sol et l’agrémente de toute une collection de menus objets de couleur bleue (oui, les capsules de Pepsi, ça compte aussi) dans l’espoir de mieux plaire aux dames, quant à elle vêtues d’un plumage vert. L’amour, chez les bowerbirds, c’est avant tout une histoire de décoration !
Nous, les humains, nous sommes bien heureux de nous livrer à notre propre petit-déjeuner, typiquement australien : œufs sur le plat, bacon et tomates grillées. C’est bientôt l’heure de repartir pour Sydney et une chose est certaine : ce week-end était bien trop court !
MURRAMARANG NATIONAL PARK : PRATIQUE CORNER
- Le Murramarang National Park se trouve à près de 300 km au sud de Sydney, comptez 4h30 de route. Les indications sont simples : il suffit de prendre la Princes Highway en direction du sud. Une fois arrivé à hauteur du parc, tournez à gauche sur Mount Agony Road puis à droite sur North Durras Road pour arriver à Depot Beach.
Si vous n’avez pas de véhicule, vous pouvez louer un campervan à partir de $40/jour.
- L’entrée dans le Murramarang coûte $8/véhicule, la nuit de camping environ $10/personne.
Pour une pause gourmande sur la route, arrêtez-vous à Berry et essayez le Hot Donut Van (des beignets chauds à la cannelle, vendus depuis une camionnette) et/ou le Berrylicious Café (très bon café, super staff, déjeuner aux alentours de $15/personne). Les deux se trouvent sur la rue principale.
Bon je te l’ai déjà dit, mais j’adore la photo du Bowerbird !
Tu vas finir par me faire manquer l’Australie…
Bon voyage !
Merci ! Maintenant, c’est dans mon jardin que j’ai parfois une floppée de bowerbirds en vadrouille. Ils ont été chassés par la neige vers une altitude plus clémente. Malheureusement, ils sont ici beaucoup plus craintifs et méfiants que dans le Murramarang, la fameuse photo n’a donc pas été égalée ! 😉
Et qui sait, peut-être un jour reviendras-tu en Australie ! Il y a pire, comme malédiction…
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