Avec mon compagnon, nous sommes en Australie depuis un an et nous avons eu la chance d’obtenir un Second Year Visa. Après un long road trip sur la côté ouest, nous commençons à être à court d’argent. Il est grand temps de renflouer les caisses !
C’est un passage à Mackay, ville sans grand intérêt de mon point de vue, qui nous permettra de décrocher un job pas tout à fait comme les autres. En effet, deux jours seulement après s’être inscrits dans une agence de la ville, celle-ci nous recontacte pour nous proposer de travailler pour Morris Corporation, une société spécialisée dans l’aide aux collectivités.
Dans notre cas, il s’agit apparemment de travailler dans un village minier. En effet, les exploitations minières sont particulièrement nombreuses dans la région du Queensland. C’est un secteur qui rapporte très gros, autant pour les entreprises que pour ceux qui y travaillent !
Glenden est une bourgade rurale plantée en plein milieu du bush australien. Elle abrite principalement des familles dont les membres travaillent dans la mine de charbon de Newlands. Outre les maisons classiques pour ceux qui vivent ici, elle comprend également une large zone avec des bungalows destinés aux travailleurs qui viennent ici en mission de plusieurs jours, semaines ou mois. Ces installations, tout comme le grand réfectoire au milieu du village sont gérés par Morris Corporation.
Mais revenons-en à nos moutons… On nous propose donc de travailler pour cette société, sur les horaires de nuits, pour 24$/heure. En prime, nous serons logés et nourris, ce qui veut dire que ce salaire attrayant sera purement et simplement de l’argent de poche ! Nous devrons travailler de 3h du matin à midi, 9 jours d’affilé avec ensuite 4 jours de congé. Expérience à tenter, nous acceptons !
Le lendemain, direction Glenden pour commencer ce nouveau job. Lorsque nous arrivons sur place dans l’après-midi, le responsable nous explique le travail à effectuer, nous donne une tenue (dix fois trop grande mais pas de place pour le glamour ici !) et nous montre le bungalow où nous logerons. Celui-ci comprend une pièce avec placard et lit double, ainsi qu’une petite salle bain/toilettes. C’est petit mais au moins c’est chez nous pour les quelques semaines qui nous attendent.
Étant donné que nous commençons le lendemain à 3h du matin (concept psychologiquement difficile à accepter), nous allons prendre le dîner vers 17h au réfectoire puis nous rentrons dormir à l’heure des poules.
Débuts difficiles
À 3h, tout est noir, l’ouest australien est encore profondément endormi ou sur le point de se coucher concernant les fêtards invétérés. Pour nous, il est l’heure de commencer le travail pendant que notre corps essaye encore de comprendre ce qu’il fait debout à une heure pareille. Après un rapide café à la cantine (nous prendrons la pause déjeuner plus tard), l’équipe à laquelle nous sommes assignés vient nous chercher.
L’équipe… Quatre femmes australiennes au caractère bien trempé, fumant cigarette sur cigarette et au langage grossier à souhait ! Le premier contact étrange, nous ne sommes pas habitués à cela. Il va falloir s’adapter aux blagues douteuses et faire nos preuves parmi ces dures à cuire.
Le timing est serré et il ne faut pas traîner. Nous devons nettoyer un certain nombre de bungalows dans un laps de temps bien précis. Changer les draps, passer le balai et la serpillère, récurer les toilettes (je passerais les détails sur l’état de certaines) et laver la salle de bain (douches comprises). Lorsqu’un bloc de maisons est fait, nous montons dans la voiture pour passer à un autre. Je ne me doutais pas qu’il y en avais autant. Le travail est rapide, mécanique, absolument pas passionnant mais au moins le temps passe rapidement !
Nous prenons la pause petit déjeuner un peu plus tard, lorsque la majorité des mineurs ont pris le leur. Là c’est le réconfort : plats variés, salés et sucrés, jus, céréales, fruits frais, café, thé, lait, etc. De quoi se faire un repas copieux (et gratuit !). Une fois l’estomac bien rempli, nous reprenons le travail avec les filles. Le soleil est maintenant sorti, la chaleur et les rayons qui tapent sur la tôle des bungalows compliquent vraiment la tâche. Rien à voir avec la fraîcheur de la nuit !
À midi, une fois notre « journée » terminée, nous prenons notre déjeuner et nous rentrons au bungalow. C’est le moment de se détendre. Quelques films, un peu de lecture, rien d’extraordinaire puisque nous projetons de nous coucher vers 17h. Le rythme est difficile à prendre, la journée est complètement décalée c’est étrange et cela ne laisse pas grand chose à faire. En même temps, mise à part le pub et la piscine que nous essayerons un autre jour, le village ne propose pas un large choix d’activités.
Prendre ses marques et s’adapter
Au fil des jours, nous nous habituons à ces collègues qui, sous leur dehors dur et leur langage cru, sont en fait vraiment appréciables. Il faut dire que cela ne doit pas être simple pour une femme d’évoluer dans ce monde et de côtoyer ce quotidien. Histoire de vie et d’expérience, elles se sont construites une épaisse carapace difficile à percer.
Après une semaine, on m’assigne une nouvelle tâche. Mon compagnon continuera le nettoyage des bungalows pendant que j’apporterais mon aide en cuisine, et nous garderons les mêmes horaires. Une chance !
Hannah, la Chef est adorable et son sourire fait chaud cœur. Non seulement je peux goûter à tout, mais en plus je suis à l’intérieur donc je ne souffre pas de la chaleur et le travail est bien moins fatiguant. J’oscille entre le rangement des aliments dans les immenses frigos, la plonge parfois, le placement des produits dans le réfectoire pour que tout soit prêt et à disposition une fois que les mineurs viendront manger. Lorsque la tranche horaire du petit déjeuner est passée, il ne me reste plus qu’à tout ranger et à tout nettoyer.
Bilan des neuf premiers jours : c’est plutôt long, surtout avec des horaires comme les nôtres, mais arrivés au bout, c’est la libération ! Ni une ni deux, nous prenons la voiture en direction d’Airlie Beach, qui deviendra notre QG pendant les périodes de repos.
Bien que le rythme soit dur à tenir, ce travail nous permet de profiter pleinement de nos 4 jours de congé et surtout de nous faire plaisir (visite des Whitesundays en bateau, saut en parachute, plongée au dessus de la Grande Barrière, etc.).
Une fois ce long weekend passé, nous reprenons le chemin de Glenden. La motivation n’est pas là mais nous tâchons de penser aux prochains jours off et surtout au reste de notre road trip qui sera possible grâce à ce travail. Après tout, cette mission est temporaire, il suffit de tenir encore un peu !
En tout, nous sommes restés 2 mois à Glenden. Deux mois de dur labeur et de réveils difficiles mais deux mois qui nous ont permis de mettre une belle somme d’argent de côté. Pour vous donner une idée, nous avons pu visiter toute la côte est et revenir sur Sydney pour ensuite quitter l’Australie sans avoir à travailler de nouveau.
Après des débuts difficiles, il a simplement suffit de s’adapter, de montrer que nous étions bosseurs, ouverts et investis. Effacer l’image du backpacker un peu paresseux, voire hautain parce qu’il sait qu’il n’est là que pour quelques temps. Alors une fois nos preuves faites et une fois la glace brisée, les gens se sont avérés particulièrement sympathiques et même vraiment chaleureux pour certains. On ne peut pas dire que la mission ait été particulièrement intéressante mais c’est une expérience qui permet d’apprécier le reste.
Pour conclure, si le travail, la chaleur et les horaires ne vous font pas peur, si vous avez besoin d’économiser beaucoup et rapidement, tentez votre chance à Glenden. Puis ça fait partie du voyage en Australie, faire des petits boulots auxquels nous n’aurions jamais pensé, parfois agréables, d’autres fois moins, mais toujours dans l’optique de repartir ensuite pour de nouvelles aventures !
Pour celles et ceux qui souhaiteraient postuler, rendez-vous sur le site Morris Corporation.
Crédits photos : ABC News, Morris Corporation.
intéressant …
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