L’accent français est sooo cute pour la plupart des australiens, mais peut-être pas pour votre futur employeur… Il risque de préférer un backpacker de langue maternelle anglaise plutôt qu’un petit frenchy qui essaie de s’en sortir tant bien que mal en anglais. J’ai une solution ! Vous êtes français, alors servez-vous de ce qui peut être un inconvénient pour en faire un avantage et postulez à des jobs en lien avec la France. C’est comme ça que j’ai décroché un job de vendeuse de macarons !
Une boîte de jeunes français qui vendent des macarons ? C’est sûr, je postule !
Arrivée à Perth après un road trip le long de la côte ouest – qui est d’ailleurs magnifique – je commence à chercher du boulot sur le meilleur ami du voyageur en Australie, le site Internet Gumtree… À côté de ça, je me balade en ville pour distribuer mes CV, en ciblant les endroits qui sont liés à la culture française. Une crêperie, un magasin de meubles et déco importés de France, un bistrot…
En général, quand on se trouve dans une ville moyenne ou une grande ville, surtout dans les quartiers chics et trendy, il y a toujours des commerces qui font référence à la France. Et un point pour nous, un ! On a une réputation de râleurs et de voleurs ici mais aussi paradoxalement d’élégance et de classe, alors autant jouer sur les préjugés positifs.
Et ça marche ! Après mon passage dans une jolie boutique de macarons appelée Maison Saint-Honoré à Fremantle, on me rappelle pour me dire qu’il y a des « shifts », des jours de travail disponibles. Génial ! J’ai goûté les macarons et ils sont délicieux, le job va être de les vendre dans l’une des boutiques de la marque, en plein centre de Perth. Toute l’équipe est française et ce ne sont que des jeunes, l’ambiance a l’air vraiment très sympa.
La manager, Laure, a 26 ans et le directeur de la boîte, Alex, a 24 ans ! Il est arrivé en Australie il y a 6 ans pour étudier la biotechnologie, le marketing et l’ingénierie des énergies renouvelables à l’université de Murdoch. Il a commencé à produire et à vendre des macarons au marché des étudiants de son université pour pouvoir payer ses études. Ça a tellement bien fonctionné qu’il a ouvert une première boutique à Fremantle, puis deux autres dans les environs, en tenant aussi des stands sur les marchés locaux et en restant encore aujourd’hui fidèle au marché des étudiants de l’université, où tout a commencé. Une belle réussite !
Laure me demande de faire un essai dans la boutique dans laquelle je pourrais travailler. Je rencontre donc Fanny, une française qui est employée ici depuis quelques mois. Elle m’explique en quoi consiste le job : mettre en place les macarons et la décoration en arrivant le matin, recompter le fonds de caisse, les prix des produits, la tenue du stock, etc. Je reste deux heures avec elle, qui suffisent à faire le tour des tâches à accomplir. Ça me semble très faisable, les clients qui sont passés étaient vraiment sympa et la boutique est agréable donc je suis convaincue par le job, j’espère avoir convaincu aussi ! Laure m’appelle le lendemain et me dit que c’est ok, je pourrais commencer la semaine prochaine à bosser du mercredi au vendredi pour l’instant, en espérant que plus d’heures se libèrent ensuite.
C’est vrai que souvent en Australie si l’on veut travailler à temps complet il faut cumuler les jobs à temps partiel. Mais là, en trois jours ,je vais bosser 24 heures au total, payées 17,5 dollars de l’heure donc c’est déjà ça. J’espère avoir ensuite des heures le week-end car le samedi est payé 20,99 dollars de l’heure et le dimanche 24,49 dollars.
Essai transformé : mes débuts de vendeuse de macarons
La première journée dans un nouveau job est toujours assez stressante, heureusement Alexandra, qui assiste Laure, est à mes côtés pour m’aider au démarrage. La journée commence à 9h45 donc c’est cool, pas de réveil matinal ! J’arrive juste à temps car j’ai réussi à me tromper de rue et je ne retrouvais pas le magasin… Moi et mon terrible sens de l’orientation, bien que les rues ici soient quadrillées… Même à Paris je me balade toujours avec un plan de la ville sur moi, ici j’en ai deux au cas où !
Peu après notre arrivée, le livreur amène dans des glacières les macarons pour la journée, on met en place les 12 différentes saveurs sur des assiettes, en faisant en sorte que ce soit joli. Les macarons sentent tellement bon ! La partie la plus difficile de ce job sera de résister et de ne pas les manger alors que je les ai sous le nez toute la journée ! À 10h on ouvre la boutique, tout est mis en place, le fonds de caisse a été recompté, on allume les lumières et c’est parti, Alexandra me laisse seule aux commandes de la boutique.
C’est l’heure idéale pour mes débuts car la boutique est dans une food court et le matin il n’y a pas grand monde, l’heure de pointe est entre midi et deux. Je souris aux passants, j’essaie de ne pas me tromper en rendant la monnaie et pratique beaucoup le calcul mental… Je commence à avoir faim vers 13h mais la pause est seulement de 14h30 à 15h, c’est vraiment le moment critique de la journée, quand on a faim et qu’on fait face à des montagnes de macarons sans pouvoir les manger. Un peu comme le supplice du chien à qui l’on pose un sucre sur la truffe en lui demandant de « pas bouger » ; le pauvre salive sur la carrelage jusqu’à ce que son maître lui dise qu’il peut enfin manger… Mais je résiste et pour m’auto-récompenser, quand viens l’heure de la pause déjeuner, je m’offre un bon Hungry Jacks bien gras, le Burger King australien. Miam !
Après 15 heures, c’est un peu calme, alors pour passer le temps je plie des boîtes en cartons de 8 et 12 macarons pour être prête à les servir quand les clients les demandent. Je me fais aussi des petits « défis sourire » : je repère les gens qui font la tronche et leur fait un grand sourire pour qu’ils sourient aussi. Ça ne marche pas souvent… En fin de journée, les écoliers des environs viennent manger un ou deux macarons entre copains. Certains passent juste piquer les échantillons de dégustation sans dire bonjour, un ou deux m’ont dit « c’est petit et c’est cher » mais la grande majorité des gens font des remarques très positives.
Ils disent que ce sont les meilleurs macarons qu’ils aient mangé depuis longtemps, qu’ils les adorent, ça fait plaisir de bosser dans une bonne ambiance comme ça. Je fais un peu la promotion de la France aussi, les clients me racontent qu’ils sont allés en France, je dis « Paris » ? Oui je viens de là, c’est magnifique mais mieux en vacances que quand on y vit. » « Nice ? Oui, magnifique ! La côte d’azur blablabla »… On compare nos cultures, nos pâtisseries, j’aime bien ces échanges avec les australiens.
Après quelques semaines, je rentre dans le cercle des travailleurs de la food court !
Les jours passent et je suis de plus en plus à l’aise dans mon rôle de vendeuse de macarons. Je fais les additions de prix plus rapidement, je commence à connaître les habitués qui viennent prendre leur dose de macarons au caramel beurre salé, le best seller de la boutique. Je connais aussi mes voisins de la food court, qui m’offrent en fin de journée les invendus, je repars toujours avec un stock de sushis du stand japonais qui fait face au mien. Et bien sûr, autre grand avantage de ce job, je peux embarquer les macarons invendus !
J’en distribue d’abord à mes voisins de la food court et au personnel de nettoyage du centre commercial qui est très sympa et qui du coup accepte de récupérer mes poubelles en fin de journée pour m’éviter d’avoir à les descendre au sous-sol… Un échange de services qui fonctionne bien ! Je ramène ce qu’il reste à la maison et pour mes amis, qui me disent d’arrêter d’en amener parce qu’ils vont grossir mais qui sont quand même bien contents quand j’arrive les mains pleines !
Au bout de deux semaines, des jours de travail se libèrent le week-end donc c’est parfait, je vais pouvoir gagner un peu plus. Je fais mon premier samedi sur une autre boutique, dans un centre commercial du quartier de Karrinyup, au nord est de Perth. Par contre, il me faut 2 heures pour y aller de là où j’habite à Fremantle, deux bus et deux trains différents, c’est l’inconvénient de ne pas avoir de voiture. Au moins ça me permet de gagner un peu plus de 500 dollars par semaine, c’est pas mal d’autant que j’ai dû abandonner un autre job que j’avais trouvé car ils voulaient que je travaille les mêmes jours que ceux pendant lesquels je travaille déjà.
J’ai rencontré pas mal de backpackers qui cumulaient les jobs, travaillaient dans différents endroits 7 jours sur 7, à être vendeur la journée et dans les bars en soirée… C’est faisable et ça rapporte beaucoup mais il faut être motivé !
Un job où il n’y pas de pression, où l’on est autonome et responsable de sa boutique, où l’ambiance est bonne et le contact avec les clients sympa, je n’y vois que des avantages ! Les produits sont bons donc ce n’est pas un problème de les vendre – ni d’en manger. Et c’est une petite fierté de valoriser sa culture culinaire auprès des australiens… N’hésitez donc pas à déposer votre CV quand vous voyez une enseigne française, dans la boutique où je travaille il y a d’ailleurs régulièrement des backpackers qui viennent me donner leur CV. Après, il faut avoir la chance de tomber au bon moment, quand des places se libèrent.