Cape to Cape en marchant : un défi physique et mental

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Cape to Cape
Randonnée de Cape Naturaliste au Cape Leewin

À trois heures au sud de Perth se situe l’un des chemins de randonnée les plus difficiles d’Australie : « Cape to Cape ». Situé le long du littoral, il sépare Cape Naturaliste et Cape Leeuwin par 135 km. Équipés de sacs à dos et armés de courage, nous sommes quatre à avoir relevé le défi. Voici le récit d’un accomplissement unique.

Cape to Cape jour 1 : Cape Naturaliste – Quininup beach

L’aventure de cette randonnée Cape to Cape commence un mercredi matin à 8h30. Le dos chargé de 17 kg (beaucoup plus que prévu !). Départ de Cape Naturaliste en direction du sud. Les premiers pas sont faciles, nous sommes tous frais et excités par ce défi.

Cape to Cape
Rocher Sugar Loaf – Cape Naturaliste – Australie

3h30 de marche plus tard, les premières douleurs apparaissent, en particulier aux épaules. On essaye de se soulager comme on peut en changeant la position du sac, après les 11 premiers kilomètres, un arrêt s’impose pour reprendre des forces.

Smith Beach, Injinup Beach, nous faisons nos premiers pas dans le sable mou le long de ces plages, nos jambes s’alourdissent un peu plus et notre énergie diminue. Cette journée nous donne finalement un avant-goût de ce que Cape to Cape est réellement : une randonnée difficile physiquement et mentalement. Après 30 km parcourus, nous installons nos tentes sur la plage de Quininup. Alors que le soleil disparaît à l’horizon, nos corps lessivés aspirent à une bonne nuit de repos.

Cape to Cape
Randonnée de Cape Naturaliste au Cape Leewin

Cape to Cape jour 2 : Quininup beach – Ellensbrook

7h30 jeudi matin. Le soleil brille et la température de 15 degrés est parfaite. Ampoules, courbatures, le départ est dur car nos corps sont froids et douloureux. Nous suivons toujours la côte, majestueuse et son océan bleu-roi, nous apercevons quelques kangourous matinaux.
Le passage via le campement de « Moses » nous permet de remplir nos bouteilles grâce à l’eau de pluie et nous poursuivons notre matinée en direction de Gracetown, petit village côtier réputé pour sa plage de surf.

Ces 11 km seront les plus durs de la randonnée Cape to Cape. Les dénivelés sont importants, entre rochers, escaliers et sable mou. Je garde les yeux fixés sur mes pieds ; mon corps me dit d’arrêter mais mes jambes continuent à avancer un peu malgré moi. Chaque partie est mise à rude épreuve, le mental, lui, jongle entre l’envie d’abandonner et le désir d’accomplir ce défi quelque peu sous-estimé !

Finalement 4 heures plus tard nous y sommes et nous apprécions une pause déjeuner bien méritée. Le plus dur est fait : désormais 9 km nous séparent du campement d’Ellensbrook. Après quelques boissons et de la nourriture, un esprit clair et positif, nous atteignons Ellensbrook en 2 heures seulement.

Cape to Cape jour  3 : Ellenbrook – Conto’s

Départ matinal à 6h45 et changement de décor : nous marchons au milieu de la campagne avec d’incroyables points de vue à 360 degrés au-dessus de la forêt, avec en fond de tableau l’océan. Mais une erreur de lecture de la carte nous amène à faire un détour d’une heure et à brûler de l’énergie pour rien. C’est rageant surtout lorsqu’on a une journée de 30 km devant nous !

Après une pause à Prevelly, le plus dur reste à venir : 19 km. D’abord le long de l’océan, nous nous dirigeons ensuite dans les terres au fil de jolis petits sentiers. La plage de Redgate se dessine au loin. C’est une journée sauvage : sur la plage le vent souffle fort et le grondement de cet océan déchaîné m’impressionne. Malgré la fatigue et une seule pensée en tête, arriver à destination, nous prenons le temps d’admirer la vue imprenable sur les vagues qui se déroulent les unes après les autres. Vue d’ici, tout semble calme et apaisant. Nous sommes éblouis par cette immensité naturelle.

Arrivés à Conto’s, une bonne séance d’étirement s’impose. Mes jambes me portent à peine, je peux tout juste poser un pied devant l’autre ! Avant d’aller dormir, nous apprécions notre bol de Noodles comme s’il s’agissait d’un festin.

Cape to Cape jour 4 : Conto’s – Hamelin Bay

C’est une « petite » journée en perspective puisque 22 km nous séparent de notre destination du jour : Hamelin Bay. Nous avons dormi sous une bonne étoile : de fortes pluies sont tombées pendant la nuit, mais nos tentes ont résisté et nous sommes au sec.

Nous marchons plusieurs heures dans le superbe décor de la forêt de Boranup. Avec ses arbres gigantesques, cet endroit est magique, silencieux. Seul le chant des oiseaux résonne entre les feuilles. Nous levons la tête et nous apercevons notamment plusieurs « Red-tailed black cockatoo », ces majestueux oiseaux que l’on trouve seulement en Australie.

Randonnée de Cape Naturaliste au Cape Leewin
Randonnée de Cape Naturaliste au Cape Leewin – forêt Boranup

Quelques heures plus tard, la plage éblouissante de Boranup se dessine devant nous. Elle s’étire sur 6.5 km et nous mène à Hamelin Bay. Trop impatiente d’arriver, je hâte le pas inutilement et arrive à Hamelin au bout du rouleau avec la sensation d’une déchirure musculaire. Heureusement, avec un peu de repos, mon corps reprend ses forces.

Ce soir, pour nous, c’est grand luxe : nous dormons dans un « vrai » camping, nous avons donc le droit à une douche, sans oublier un dîner de roi : pâtes, vin et fromage !

Cape to Cape jour 5 : Hamelin Bay – Cape Leeuwin

Nous y sommes : dernier jour de cette aventure unique sur le chemin de Cape to Cape. Chacun souffre de blessures plus ou moins importantes : des jambes courbaturées, des ongles bleus, des ampoules ouvertes à vif. Nous avons eu nos doutes, nos « coups de mou », mais cette fois-ci nous voyons le bout.

Hamelin Bay
Hamelin Bay

Encore une fois, nous sommes chanceux avec le temps : nous écopons de quelques gouttes de pluie et le vent joue en notre faveur. Nous progressons donc plus facilement le long de Deepdene Beach, cette plage de 7 km si isolée et coupée du monde !

En début d’après-midi, nous apercevons enfin notre point final : le phare de Cape Leeuwin. Les cinq derniers jours défilent dans nos têtes et nous ne sommes pas peu fiers d’aller effleurer le phare qui nous a porté jusqu’ici.

L’aventure s’achève alors, photos, sourires, on se félicite. Mission accomplie !

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