En chaque surfeur sommeille le rêve d’une vague parfaite, brisant les eaux chaudes et translucides d’un pays lointain dont on peut à peine prononcer le nom. Chez le surfeur Français, espèce habituée aux eaux froides de l’Atlantique et à la surpopulation des spots en été, l’Australie fait figure d’Eldorado. Il n’est donc pas étonnant d’y voir débarquer chaque année des milliers de Français en quête de la vague parfaite.
Quand la question de la destination se pose, Sydney est très souvent la réponse pour ces surfeurs expatriés. En effet, elle est incontestablement l’une des capitales mondiales du surf. Avec une très grande concentration de spots autour de la ville offrant de bonnes conditions toute l’année, Sydney est une destination surf d’excellence et un passage obligé pour tout surfeur qui fait escale en Australie. Aloha Surf Journal a fait pour vous l’inventaire des meilleurs spots de Sydney capitale du surf.
La vedette de Sydney : Bondi la sulfureuse
Dans la banlieue Est de notre capitale du surf, on trouve la très connue Bondi Beach. Il s’agit de la plage la plus fréquentée d’Australie. Les habitants y ont développé une culture à part, basée sur le surf et le célèbre « Carpe Diem ». Le résultat est un quartier extravagant où la seule règle est de ne pas respecter les règles. Les lieux sont enchanteurs, beaucoup de voyageurs « égarés » se sont laissés séduire par la douce Bondi et ont jeté les amarres pour toujours sur les rivages de cette banlieue hypnotisante de Sydney.
Chaque matin dès le lever du soleil, les foules de joggeurs, surfeurs, adeptes de yoga et de méditation s’emparent des lieux et viennent admirer l’un des plus beaux lever de soleil d’Australie.
Bondi Icebergs est un lieu mythique de ce décor. De l’aube à la nuit, son bassin d’eau salée et sa terrasse avec vue sur mer attirent les sportifs et les gourmands. Le soir, la banlieue s’anime et les hordes de cheveux blonds viennent envahir jusqu’au petit matin les pubs et restaurants branchés dans une ambiance électrique.
Côté surf, les conditions y sont agréables toute l’année, les vagues sont régulières et l’eau d’une rare beauté. Lors des bon jours vous aurez peut être la chance de vous offrir quelques tubes dans une eau translucide aux côtés d’un banc de dauphins. Attention malgré tout aux quelques requins qui rodent dans les parages et aux bancs de méduses « blue bottle » qui envahissent les eaux de Bondi après les tempêtes et les jours de fort vent. Néanmoins, compte tenu de la foule qui s’agglutine sur le spot dès que les vagues sont au rendez-vous, vous aurez certainement plus de chances de vous faire heurter par un autre surfeur que de faire une rencontre avec l’une de ces deux créatures.
Coastal walk dans la capitale du surf, entre Bondi et Coogee
Depuis Bondi et jusqu’à Coogee, s’étire le Coastal Walk, une promenade d’une incroyable beauté qui serpente le long de la côte. En Novembre, s’y tient une exposition internationale de sculpture en plein air qui ravira les amateurs d’arts.
MacKenzies Bay est le premier spot de surf après Bondi. Il s’agit d’une petite crique encerclée de falaises abruptes, qui offre un joli « reef break » (vague brisant sur la roche) très prisé par les addicts à l’adrénaline. En effet, la rame pour rejoindre le « peak » (endroit où brise les vagues) est une bataille contre le courant et le take-off (moment crucial où il faut se lever sur sa planche) redoutable. Aucune erreur n’est possible sous peine de heurter les roches qui affleurent à la surface de l’eau.
Le spot voisin de Tamarama génère de longues « gauches » (vagues qui déroulent vers la droite lorsqu’on regarde le spot depuis la plage) très creuses et très rapides qui raviront les « tube riders ». Les locaux y sont rudes et il ne vaut mieux pas tenter de « taxer » leurs vagues. Même les meilleurs surfeurs de la planète n’y sont pas les bienvenus. On y a déjà vu Kelly Slater et Taj Burrow, appâtés par les vagues parfaite de Tama, se retrouver face à une horde de locaux déchaînés ne leur laissant aucune vague.
Bronte Beach, plus au Sud dans la capitale du surf, reçoit toutes les houles et offre une option intéressante lorsque les spots de Bondi et Tamarama saturent. Plus abrité que ses voisines et avec de meilleurs bancs de sable, Bronte tient la taille et produit de très jolies vagues pouvant dépasser 3 m. Les très bons jours, les vagues peuvent déferler d’un bout à l’autre de la plage sur plusieurs centaines de mètres.
En dehors du surf, Bronte est un quartier très agréable à vivre où l’atmosphère est paisible. L’érosion et les assauts de l’océan sur les falaises ont permis la création d’une piscine naturelle d’eau de mer qui fait le bonheur des habitants du coin. Le parc environnant accueille les foules qui se retrouvent autour des barbecues publics lors des beaux jours.
Le Coastal Walk se prolonge jusqu’à Coogee, en passant par le « reef break » terrible de Clovely. La vague est très dangereuse et brise sur une roche acérée dans quelques centimètres d’eau. Lors des gros « swells » (houles), le spot se réveille pour créer des vagues mutantes. Pas d’amateurisme ici, le spot est réservé aux surfeurs très expérimentés qui n’ont ni peur du courant, ni de passer du temps sous l’eau en cas de « wipe out » (chute). Cette vague offrira aux plus téméraires un « take off » radical suivit d’un court tube dans les mâchoires de la bête. Avant de vous mettre à l’eau, n’oublier pas de prier pour ressortir de cette caverne liquide vivant.
Coogee est certainement la plus cosmopolite des banlieues de notre capitale du surf. Elle est la terre d’accueil de milliers de jeunes étudiants venus découvrir le « lifestyle » Australien. La plage de Coogee est très calme car très protégée des houles. Elle convient parfaitement à l’apprentissage du surf et au perfectionnement. Coogee reste aussi un très bon spot de repli lors des jours de très gros surf pour ceux qui souhaitent surfer des vagues à échelle humaine.
Manly l’authentique
Située à l’extrême Nord de la capitale du surf, la plage de Manly est très réputée pour ses vagues et son lifestyle. Manly est facilement accessible depuis la ville par ferry. On peut y surfer toute l’année, même si l’hiver, de Juin à Novembre reste la meilleure saison pour les amateurs de grosses vagues et de sensations fortes.
En effet, les grosses houles venues du Nord offrent à cette époque de l’année des sessions épiques pour les plus courageux. Avec son ambiance décalée, ses rues encombrées de pubs diffusant des films de surf, de surfshops aux enseignes toutes plus branchées, Manly est l’une des plages les plus prisées de Sydney.
Elle attire chaque année des milliers d’étrangers venus pour son cadre de vie idyllique et ses vagues réputées dans le monde entier ! En effet, on y trouve une grande diversité de vagues pour tous les niveaux. D’ailleurs, une compétition durant laquelle s’affrontent les meilleurs surfeurs Australiens y est organisée tous les ans.
On trouve à l’extrémité nord le « beachbreak » (vagues cassant sur du sable) de Queenscliff, anciennement nommé par les aborigènes Curl Curl, qui attire les foules lorsque les vagues sont bonnes. Le spot fonctionne à toutes les marées mais préfère les houles venues du Sud Est. Lorsque la houle est consistante, les vagues ont vite tendance à fermer et il vaut mieux opter pour les spots plus au sud.
En redescendant vers le cœur de la bourgade de Manly, on trouve le spot mythique de Steyne. Le spot peut offrir, pour les plus chanceux, des rides d’anthologie ! Lors des bons jours, lorsque les conditions sont réunies, les plus audacieux pourront s’offrir de longs tubes. On se souvient encore du tube de 8 secondes de Larry Blair lors de la compétition du Coca Cola Surf en 1977, dans des vagues d’une rare perfection et devant une foule en délire. Mais attention aux courants et aux rochers qui affleurent ainsi qu’aux quelques squales qui patrouillent dans le coin.
L’extrême Sud de Manly offre de bonnes conditions pour apprendre le surf et se perfectionner. Une fois ce cap passé, n’hésitez pas à vous rendre sur les spots pour surfeurs confirmés. Queensie Bomby est le premier « reef break » de Manly. Le spot ne se réveille que les jours de très grosses houles. Les vagues cassent alors à près de 1 km au large et offrent un « take off » radical suivit d’un tube très profond et très court. C’est une vague très dangereuse et capricieuse qui demande un bon entraînement, une bonne connaissance du spot et beaucoup de patience. Ceux qui arriveront jusqu’au « peak » obtiendront une bonne dose d’adrénaline pour les années à venir.
Fairy Bower est le « reef break » le plus connu de Manly. Les vagues viennent s’enrouler autour de la pointe sud de Manly. C’est une vague magnifique qui s’est fait une renommée chez les tubes riders Australiens et les amateurs de longues vagues. Le soir, autour d’une bière dans l’un des nombreux pubs de Manly, les locaux vous raconteront des rides merveilleux et des légendes de tubes de plus de 10 secondes !
Quand la houle est très grosse, la vague de Winky, qui casse au large de Fairy Bower rejoint cette dernière pour former une vague d’une longueur éternelle. Le ride est alors formidable et inoubliable.
Maroubra ou territoire des bra boys
Le gang des Bra Boys, dont la réputation n’est plus à faire, règne sur les lieux. Maroubra fait partie des nombreuses réserves de surf de l’Australie. Le spot est très reconnu parmi les surfeurs du monde entier et s’est créé une réputation dans le milieu du « gros surf » grâce au exploits des Bra Boys menés par les frères Abberton. Kobe Abberton, malgré ses problèmes avec la justice, a propulsé la petite banlieue de Maroubra sur les devants de la scène « surfistique » en ridant les plus grosses vagues du monde et en battant Kelly Slater lors d’une compétition mémorable tenue dans ce lieu de la capitale du surf. Au cœur de la banlieue, on trouve le « beach break » de Dunny Bowl et celui de Malabar qui offrent de très bonnes conditions toute l’année et pour tous les niveaux. Seuls points négatifs : le localisme et la foule à l’eau.
Pour parer à la surpopulation sur les spots, il vous suffit d’attendre l’arrivée d’une grosse houle et le réveil de « Ours », la vague bestiale de Maroubra. Elle déferle au pied d’une falaise abrupte sur seulement quelques centimètres d’eau. La mise à l’eau est difficile, mais ce n’est rien comparé à ce qui vous attend si vous atteignez le « peak ».
Des montagnes de liquide qui se brisent très violemment sur du reef acéré, une vague vicieuse et très dangereuse qui prendra un malin plaisir à vous hacher à la moindre erreur. Si celle-ci vous épargne, prenez garde aux requins qui ont fait de la zone leur territoire de chasse de prédilection. Si vous avez toujours le courage d’accrocher votre leash, de vous jeter à la mer pour tenter de prendre les tubes les plus massifs et profonds de votre vie, n’oubliez pas de respecter les priorités et de laisser aux Bras Boys leurs vagues. Votre survie en dépend et ils sont une menace toute aussi importante que les vagues ou les squales !
Cronulla ou le tube le plus photographié d’Australie
Au sud de la capitale du surf se trouve une péninsule très prisée par les surfeurs : Cronulla. De l’aborigène Kurranulla qui signifie « coquillages roses », Cronulla est une longue bande de sable qui s’étend de Boat Harbour à Oak Park sur plusieurs kilomètres. Elle attire des milliers de touristes chaque année depuis plus de 100 ans pour la beauté de ses plages, la pureté de son sable et son cadre de vie très agréable.
La pratique du surf s’y est développée très tôt grâce notamment à la création du premier Surf Life Saving Club en 1908. La visite du surfeur légendaire Duke Kahanamoku, en 1914, encouragea les surfeurs du monde entier à venir découvrir les tubes de Cronulla. La réputation des vagues de cette plage n’est donc plus à faire. Le spot compte d’ailleurs parmi ses locaux quelques-uns des meilleurs de l’histoire du surf tels que Bobby Brown et Mark Occhilupo, champion du monde de surf en 1999. On y dénombre de nombreuses vagues pour tous les niveaux et tous les goûts, tels que Cronulla Point, Wenda ou encore Elouera.
Shark Island, au large de Cronulla, peut générer lors des grosses houles des vagues de plus de 5 m et des sensations fortes à tous ceux qui réussissent à franchir la barre et à braver les courants.
Voodoo est l’autre vague connue mondialement de Cronulla, dont on garde longtemps en mémoire les souvenirs de tubes infinis et très rapides. Pour résumer, vous ne serez pas déçu par une visite à Cronulla !
Le Sydney Royal National Park
Le Royal National Park de Sydney ravira les surfeurs en quête d’aventure. Loin des foules de Bondi, Coogee, Manly et Cronulla, ce parc national, le plus vieux au monde après celui de Yellowstone aux États Unis, offre un cadre magnifique à quelques minutes du cœur de la ville. Après deux incendies majeurs en 1994, la nature commence à reprendre ses droits. Le meilleur moyen de découvrir ces lieux enchanteurs reste le road trip traditionnel : partez quelques jours à la découvertes des 20 km de côte qui regorgent de spots secrets. Garie Beach est la plage de surf la plus connue du Royal National Parc.
Elle offre de très belles conditions jusqu’à 3 m de vagues, et produit de très longs tubes qui peuvent déferler sur 200 m dans une eau turquoise et translucide. Néanmoins, pour les plus aventureux, nous vous garantissons que le parc possède de nombreuses autres vagues encore vierges qui n’attendent que de se faire surfer !
Sydney Harbour
Enfin, pour les surfeurs citadins, nous vous conseillons fortement, lors des très gros swells de vous aventurer dans les nombreux parcs qui bordent la baie de Sydney. En effet, lorsque la houle est vraiment grosse et les bonnes conditions réunies, vous aurez la chance de vous offrir de bons rides aux pieds des buildings. Les vagues ne sont pas forcément parfaites, mais le cadre est tellement atypique que nous n’avons pas pu y résister !
La capitale du surf offre donc des très belles possibilités pour ceux qui y font étape. Néanmoins n’oubliez pas que l’Australie et ses quelques 25 000 kilomètres de côtes regorge de spots tous plus sauvages les uns que les autres. Faites-vous la main à Sydney et partez à l’aventure !