Welford National Park, terre de contraste

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Welford Nationa l Park
Copyright photo thelandy.com

Loin dans l’outback du Queensland, à plus de 600 km à l’ouest de la côte de sable blanc et d’eau turquoise qui fait la renommée de cet « état du soleil », se trouvent des rivages moins souvent explorés par les voyageurs, a fortiori les étrangers. Sur les berges de la rivière Barcoo, le Welford National Park offre un oasis aride aux égarés de l’intérieur des terres.

Comme la plupart des parcs nationaux de l’outback du Queensland, le Welford est considéré « remote » : comprenez « loin de tout ». Bien qu’en l’occurrence le village le plus proche ne soit pas si loin, il est toutefois fortement recommandé de respecter ici toutes les consignes de prudence habituelles dans l’outback. Le but du jeu ? L’autosuffisance. Dans les « remote parks », il ne faut jamais oublier d’avoir avec soi eau, nourriture et essence, et ce en quantités permettant de survivre plusieurs jours si nécessaire – en cas de panne, ou tout simplement s’il se met à pleuvoir et que l’état des routes ne permet plus de s’en aller.

Welford National Park
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Cette sage mise en garde énoncée, le Welford n’en demeure pas moins un refuge de relative abondance en ces terres sèches. Ici, le large cours argileux du fleuve Barcoo, dont les eaux sont d’un brun laiteux, soutient une large population d’oiseaux de toutes sortes, attirés par la promesse d’un repas de poisson. Hérons, ibis et aigrettes patrouillent patiemment les gués à la recherche d’une prise facile, tandis que haut dans le ciel les rapaces planent par dizaines dans les courants d’air chaud. Les rives sont bordées d’arbres et de fleurs sauvages.

Certains disent que « l’outback, c’est partout pareil », ou encore « l’outback, il n’y a rien à voir ». Pourtant, ici, je remarque de subtils changements d’habitat, et ces contrées me semblent bien différentes des régions de Broken Hill. Ici le spinifex, une herbe longue et piquante, pousse en bouquet sur les dunes et le roc.

Welford National Park
Photo Copyright Toothbrush Nomads

Des petites crêtes de plumes dépassent de ci de là et se déplacent à toute allure sur le sol : les pigeons du spinifex sont de drôles d’oiseaux bruns barrés de noir, à l’œil entouré de rouge vif. Les reptiles, aussi, sont différents. Si durant mes semaines dans le New South Wales j’ai régulièrement croisé les lézards à langue bleue qu’on appelle les shinglebacks, aux écailles inégales et sombres, ici c’est une autre espèce de la même famille qui traverse la route sous mon nez : le centralian blue tongue à des écailles lisses, alternant bandes d’orange cuivré et de blanc cassé. Sa langue, elle, est toujours aussi bleue !

Welford National Park
Photo Copyright Toothbrush Nomads

Être remonté à quelques centaines de kilomètres plus loin au nord comparé à Broken Hill apporte également un changement dans les températures : ici, je ne suis plus qu’à 250 km au sud du Tropique du Capricorne et la chaleur se fait sentir. À 30°, en short et en t-shirt auprès du Little Boomerang Waterhole où j’ai établi mon camp, la douce fraicheur apportée par la brise est la bienvenue. Nous sommes toujours en hiver, et à Melbourne les températures sont encore bloquées dans le voisinage des 10° – telle est la beauté de la diversité des climats australiens !

Welford National Park
Photo Copyright Toothbrush Nomads

Welford, comme la majorité des parcs de l’outback, se découvre en voiture davantage qu’à pieds : ici, presque pas de sentiers de randonnée. À la place, des « scenic drives » : des pistes de terre qui permettent de tracer d’agréables boucles au cœur du parc et d’en visiter différentes facettes… à condition d’avoir un 4×4 !

Le Desert Drive amène dans des dunes de sable rouge, de spinifex et d’eucalyptus à l’écorce immaculée ; le River Drive suit les rives de la Barcoo ; et le Mulga Drive s’enfonce dans des bois habités de kangourous…. et de centaines de sauterelles qui viennent s’écraser sur mon pare-brise.

Welford National Park
Photo Copyright Toothbrush Nomads

Au bout de la route, j’abandonne mon carrosse mécanique au bord de Sawyers Creek, un trou d’eau fréquenté par quelques cormorans et une poignée de lézards. Les cassias sont en fleurs, un mur de petites « balles » jaunes et cotonneuses. Le seul « sentier » du parc amène en haut d’une petite colline, qui donne vue sur un paysage avalé de forêt, des bois où pépient les oiseaux.

Encore une fois, l’outback a changé


Welford National Park : Pratique Corner

  • Welford National Park se trouve à 1200 km au nord-ouest de Brisbane. Suivez la Warrego Highway jusqu’à Charleville, puis continuez vers l’ouest jusqu’à Quilpie, et suivez la route en direction de Windorah avant de bifurquer à droite vers le parc. Welford est également accessible depuis Longreach (200 km au nord-est) via la route menant à Windorah.
  • Le village le plus proche du parc national est Jundah, à trentaine de km au nord. Vous trouverez des douches chaudes en libre service à l’entrée de la bourgade, et l’accès à internet est gratuit sur les postes du centre d’information. Il est possible d’acheter de l’essence à Jundah, mais attention – il leur arrive d’être à cours de carburant ! La station essence suivante se trouve à Stonehenge, 70 km plus loin en direction de Longreach.
  • Comme toujours dans le Queensland, l’entrée dans le Welford National Park est gratuite, et la nuit de camping est facturée $5/personne. Les deux aires de camping du parc (Trafalgar et Little Boomerang Waterholes) sont accessibles aux véhicules conventionnels et se trouvent sur la rivière Barcoo.
  • Les « scenic drives » sont des pistes réservées aux 4×4. Le Desert Drive fait 22 km, le River Drive 12,3 km, et le Mulga Drive 54,5 km – si vous disposez d’un 4×4 pensez à inclure toutes ces pistes dans le calcul de votre plein d’essence !
    Sur le Mulga Drive, la courte balade menant à Sawyers Lookout fait 1,2 km, comptez une vingtaine de minutes.
  • Toutes les routes du parc (4×4 ou non) sont en terre et par conséquent hautement susceptibles de devenir impraticables en cas de pluie. Cela est particulièrement vrai des routes aux alentours du fleuve, qui sont argileuses et deviennent donc extrêmement glissantes à la moindre averse sérieuse. Soyez prudents, et n’oubliez pas d’avoir des réserves d’eau et de nourriture avec vous au cas où vous soyez bloqués par la pluie pendant quelques jours !
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3 Commentaires

  1. Encore bravo pour cet article qui donne envie de sortir des sentiers battus. J’apprécie la « prise de risque » de ton blog qui ne se contente pas de nous faire découvrir les spots touristiques incontournables (des milliers de blogs y font déjà référence, comme le mien^^) mais des spots reculés qu’aucun guide touristique ne met en avant.

    Continue comme ça !

  2. Merci pour ce message fort apprécié… 🙂 Il y aura peut-être un peu plus d’articles « mainstream » à l’avenir (« pression » de la majorité du lectorat oblige), mais les petits coins hors des sentiers battus auront je l’espère toujours leur place ici !

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