Toutes mes réponses sur les forums
-
AuteurMessages
-
15 décembre 2017 à 12 h 37 min #714236Remi_17Participant
Bonjour,
Je vais vous faire part de mon expérience en matière d’asile en Australie.
Fonctionnaire français homosexuel, ancien militant au MAG, je réussis le concours de conseiller d’éducation populaire et de jeunesse fin 2009. Il s’agit d’un emploi rattaché au ministère chargé de la jeunesse.
J’arrive au sein d’une DRJSCS pour une année de stage. J’ai donc un directeur de stage et un conseiller de stage. Mais dès que mon conseiller de stage apprend que je suis homosexuel, il refuse de me serrer la main et ne s’adresse à moi que pour me menacer. Il incite mes collègues à ne plus me serrer la main car « on ne sait pas quelle maladie, il peut avoir ». Je me tourne en vain vers le directeur de stage. Dernier recours, l’Inspection générale de jeunesse et sports. L’inspecteur général, un sous-préfet, prend le parti du conseiller de stage car celui-ci est de la famille d’un ancien ministre politiquement très à gauche. Et ce conseiller de stage est entré sur « recommandations », donc sans concours, au ministère des sports.
Isolé, victime de vol de documents de travail et d’insultes, je décide de tenir. À la fin de l’année de stage, le stage est renouvelé en raison d’une absence de faute professionnelle. À ma grande surprise, j’apprends par un représentant syndical qu’un rapport confidentiel de mon conseiller de stage a été lu aux membres de la commission administrative paritaire. En toute illégalité et dans des termes ouvertement homophobes, il leur demande un refus définitif de titularisation. Le représentant syndical atteste de ces faits dans un témoignage écrit.
Une seconde année de stage se tient néanmoins pour la forme. À la fin de la seconde année, mon directeur de stage est très satisfait de moi et s’excuse de devoir me descendre au jury final.
Je suis non tituralisable, licencié, pour « posture éthérée ». Il faut noter que la formule ne relève pas du champ lexical du monde professionnel.
Révolté par 2 années de stage scandaleuses, je me tourne vers le juge administratif et le juge pénal avec une plainte contre X.
Voulant prouver la discrimination, je demande à consulter mon dossier professionnel où doit figurer le rapport confidentiel de mon ancien conseiller de stage. Le ministère de la jeunesse refuse de répondre à une première demande faite par recommandé et à une seconde demande par télégramme. Le tribunal administratif constate le refus implicite opposé par l’administration. Il demandera l’application du droit reconnu par la Loi à accéder à mon dossier professionnel. L’administration finit par sortir de son silence : elle annonce avoir tout perdu.
La justice administrative va se contenter de cette explication plus que douteuse. En l’absence de cette preuve, attestée sous serment par un représentant syndical, tous mes recours échouent au Conseil d’État en 2017.
Fonctionnaire d’État à la carrière brisée, s’étant vu interdire le corps des conseillers d’éducation populaire et de jeunesse – aux missions passionnantes – alors que je n’ai commis aucune faute professionnelle, mettant vu refusé l’accès à mon dossier professionnel, écœuré de la justice et de l’administration française qui cède aux caprices d’un membre de la famille d’un ancien ministre, je décide de demander l’asile en Australie.
Pour cela, j’ai fait traduire des documents prouvant la discrimination et le grave préjudice professionnel.
À mon arrivée à l’aéroport de Perth, le 4 décembre 2017, j’explique que je viens chercher l’asile. Je ne souhaitais pas enfreindre les lois australiennes avec une entrée touristique.
Je suis interrogé poliment mais très succinctement sur les motifs de ma demande d’asile. L’essentiel de l’entretien porte sur mes liens avec l’Australie. N’en ayant aucun, je commence à comprendre la brutalité de la politique d’asile en Australie. On refuse de lire les traductions de mes preuves. Finalement le délégué du ministère australien à l’immigration prend une décision de rejet de ma demande d’asile en un instant ! Je n’en croyais pas mes oreilles. Aucun examen de ma demande d’asile sur le fond. On m’apprend que je vais en centre de détention dans l’attente de mon expulsion. Les autorités refusent de m’écrire noir sur blanc les raisons du non examen de ma demande d’asile. Oralement, on finit par me dire que je ne risque pas ma vie en France, les dossiers de discrimination encombreraient le service d’examen de l’asile et surtout je n’ai pas de lien avec l’Australie. Aucun parent, aucune association n’ira me soutenir dans les médias australiens.
L’IPC de Perth, le centre de détention, est tout petit. Les cellules peuvent compter jusqu’à 8 hommes. À l’intérieur, on a accès à des ordinateurs pour communiquer par courriels. Il existe deux salles de télévision. La cuisine sert la même chose tous les jours. Et vous pouvez appeler votre ambassade. Contraint et sous le choc, je demande à contacter l’ambassade de France pour savoir si elle peut me trouver un avocat. Au bout du fil, une femme de l’ambassade me dit que le centre de détention lui a expliqué que je suis un demandeur d’asile débouté, elle me demande si c’est exact. Je réponds que oui. Elle est agressive et exige le nom de mon cabinet d’avocats pour mieux comprendre le motif de ma demande d’asile. Je cède. Puis elle me dit que l’ambassade de France ne fera probablement rien et raccroche. Et plus aucune nouvelle.
En discutant avec des détenus, j’apprends que l’un d’eux est un Afghan détenu depuis 4 ans et demi. L’Australie attend la stabilisation politique de son pays pour l’expulser. Il m’explique qu’on lui vole ses années de vie. Dépressif, on le gaverait de médicaments pour qu’il se tienne bien. Un autre Afghan est aussi enfermé depuis 3 ans. Les autres détenus y sont présents depuis des mois. En matière de droits humains, l’Australie n’est pas un bon pays pour les étrangers.
L’un des détenus m’expliqua comment l’Australie se dérobe à ses engagements internationaux. Si, comme moi, vous demandez l’asile à l’aéroport, votre demande d’asile est rejetée sans examen sur le fond sauf en cas de liens familiaux en Australie. Les demandeurs d’asile qui franchissent la frontière avec un visa touristique et dont les motifs sont reconnus légitimes se voient reconnaître le statut de réfugié provisoire (2 ans). En effet, ils n’obtiennent pas le statut de réfugié permanent car ils ont franchi la frontière avec un visa non conforme à l’asile. Ils ont commis un délit. Au bout de deux ans, on les arrête automatiquement pour procéder à leurs expulsions.
Statistiquement, l’Australie accueille donc toujours des demandeurs d’asile mais elle les expulse après deux années sauf mariage. Elle accueille aussi des réfugiés du HCR mais tenterait également de les « sélectionner » en bonne santé.
J’avais une image très positive de l’Australie notamment en matière de droits LGBT. Il y a 15 ans, un homosexuel avait été nommé juge à la Cour suprême. Il y a environ 4 ans, une boîte gay avait obtenu le droit de refuser l’entrée aux personnes hétérosexuelles. Cette année, le mariage pour tous a été adopté par référendum.
La réalité est bien décevante.
Finalement on vient me sortir du lit en soirée pour me dire que je suis expulsé vers Paris. Je pars du Perth IPC en y laissant mes illusions et mes espoirs sur l’Australie.
Quant à la France, je n’en pense pas moins.1 février 2017 à 9 h 12 min #400489Remi_17ParticipantBonjour Hugo,
Pour un retour vers la France, cela ne posera pas de problème.5 janvier 2017 à 10 h 25 min #399724Remi_17ParticipantBonjour Clarisse,
Qu’avez-vous trouvé à Canberra ? Comment et à quel prix ? 🙂23 août 2016 à 13 h 18 min #397260Remi_17ParticipantBonjour Armoricain,
Je vous remercie pour votre retour d’expérience qui sonne pour moi comme un avertissement. Effectivement tout projet d’immigration est difficile même si l’on est très déterminé et soutenu par toute sa famille.
Je vais pourtant tenter l’aventure à mes risques et périls en 2017.
J’estime avoir peu de chose à perdre. -
AuteurMessages