Savanna burning
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25 octobre 2006 à 16 h 43 min #62809JIMMembre
Toutes les personnes qui ont visité le Top End australien durant le dry ont pu remarquer que les superficies de savane brulées sont immenses. De grandes étendues noircies par le feu un peu partout, au bord des routes, dans les parcs nationaux et même autour des habitations de l’agglomération de Darwin. Ces feux ne sont pas accidentels, ils sont allumés volontairement par des fonctionnaires chargés de l’entretien des routes, des gardes des parcs nationaux et le plus souvent par des volontaires du bushfire council.
Les européens sont généralement surpris de s’apercevoir que les feux de forêts très redoutés dans nos contrés sont là-bas allumés par les autorités. Cette pratique est en fait très ancienne puisqu’elle a été inventée par les aborigènes. Il s’agit d’allumer les feux au début de la saison sèche (Mai-Juin) lorsque la végétation n’est pas encore complètement sèche pour éviter que des incendies accidentels ne se déclenchent avec la foudre au début du wet (Septembre-Octobre). En effet les incendies en début de saison sèche sont peu intenses et brulent les herbes sans tuer les arbres tandis qu’ils ont des conséquences plus catastrophiques lors du build-up.Aujourd’hui des scientifiques australiens étudient les conséquences écologiques des ces incendies sur la faune et la flore de la savane. Mon séjour en Australie d’avril à septembre 2005 avait pour objet de participer à cette étude.
Bientot des aventures qui petent le feu!
25 octobre 2006 à 16 h 53 min #287585JIMMembrePetit aperçu des épisodes suivants…
25 octobre 2006 à 17 h 00 min #287586UnjourenOzMembreCa serait possible que tu me l’envois au format original ? J’aime beacoup et je n’ai pas eu l’occasion d’en prendre d’aussi belle …
25 octobre 2006 à 17 h 15 min #287587JIMMembreUnjourenOz wrote:Ca serait possible que tu me l’envois au format original ? J’aime beacoup et je n’ai pas eu l’occasion d’en prendre d’aussi belle …Ben j’ai rien contre mais j’y arrive pas. Pourtant j’ai utilisé plusieurs boites pour essayer.
695 Ko c’est trop?25 octobre 2006 à 17 h 24 min #287588UnjourenOzMembreJIM wrote:UnjourenOz wrote:Ca serait possible que tu me l’envois au format original ? J’aime beacoup et je n’ai pas eu l’occasion d’en prendre d’aussi belle …Ben j’ai rien contre mais j’y arrive pas. Pourtant j’ai utilisé plusieurs boites pour essayer.
695 Ko c’est trop?Heu normallement ça devrait passer. Essaye à samuel[POINT]gay#AT#gmail{POUUN}com
Merci !
25 octobre 2006 à 17 h 32 min #287589JIMMembrefiloux wrote:Donnes nous en plus, celà expliquera bien des choses sur la gestion du territoire dans le Top End, et l’importance de l’expérience des aborigènes en la matière!Mon sujet d’étude concernait l’effet du feu sur le cycle du carbone et le réchauffement climatique, je ne suis donc pas un spécialiste de la question aborigène.
Je vais quand même essayé d’expliquer tout ce que je sais sur le sujet.
La pratique qui consiste à déclencher des feux au début de la saison sèche a été pratiquée par les aborigènes depuis plusieurs milliers d’années, ce qui a été attesté par l’archéologie.
Les aborigènes ne sont pas un peuple d’agriculteur mais de chasseur-cueilleur, il n’utilisait donc pas le feux pour défricher ou enrichir la terre dans le but de la mettre en culture. Le principal interêt d’allumer ainsi des feux est de limiter les dégats qu’ils entrainent. En effet au début du dry les feux sont peu intenses car le sol et la végétation sont encore un peu humides. Les flammes ne montent donc pas assez haut bour bruler la canopée des arbres. contrairement à ce qui se passe à la fin de la saison sèche. On peut donc penser que les aborigènes utilisaient le feu de manière préventive dans un but de conservation de leur habitat.
La pratique traditionnelle consiste à bruler de petites superficies à la fois et de façon discontinue (patchiness burning). Il y avait une rotation sur plusieurs années des zones brulées. Cela présentait deux avantages. premièrement si un feux se déclenchait à la fin de la saison sèche il serait limité en superficie et intensité du fait qu’une partie du combustible est déjà brulé. Deuxièmement en évitant de bruler toujours au même endroit grace au système de rotation, le feu n’empéchait pas les jeunes arbres (pas plus haut que les herbes) de grandir et ainsi de renouveller la forêt.
Enfin il a été démontré que cette pratique était aussi bénéfique à la faune et donc à la chasse. En effet un faisant une mosaique de zones brulées et non brulées, on augmente la diversité du milieu et des habitat et par conséquent la biodiversité et la quantité de gibier. Il est également plus facile de chasser lorsque l’herbe ne gène pas la visibilité.25 octobre 2006 à 17 h 49 min #287590JIMMembreC’est bon samuel je t’ai envoyé la photo.
Si tu veux joué avec des photos de feu depuis Ubirr Rock dans le Kakadu, je peux le faire aussi 😛25 octobre 2006 à 18 h 19 min #287591JIMMembrefiloux wrote:Penses tu que ces brûlis (en Australie, en Afrique, en Amazonie) ont une influence sur le réchauffement climatique? auquel cas, ce réchauffement ne serait pas un phénomène « moderne », mais une évolution logique et inéluctable.Les brulis de végétaux, de même que l’utilisation du bois comme énergie, ne sont pas considérés comme source du réchauffement en tant qu’émmission de carbone dans l’atmosphère. En effet, si on peut bruler chaque année des végataux, c’est parce que grace à la photosynthèse le stock de carbone végétal se reconstitue sans cesse. Le protocole de Kyoto considère donc cela comme une énergie renouvelable.
En revanche ce n’est pas le cas pour l’énargie fossile (pétrole, gaz, charbon) qui ne se reconstitue pas, ou du moins pas aussi vite qu’on ne la brule.
Tant que les peuples ne brulaient que de la matière organique vivante ou non décomposé par les brulis, il ne participaient donc pas à l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère.
Par contre, il est vrai que le feu diminue la quantité de carbone que fixe et stocke la forêt. Les feux de forêts réduisent donc les fameux puits de carbone, chers aux politiques, ce qui accélère d’autant l’augmentation du CO2.
Dans le cas de la savanne australienne, la pratique du brulis n’augmente pas les émmissions de carbone dans l’atmosphère puisque de toutes façon les feux se déclencheraient naturellement si les hommes ne les allumaient pas eux-mêmes. Au contraire, en brulant en début de saison sèche les feux sont moins intenses et brulent donc moins de combustible que les feux naturels du build up. La pratique du feu préventif aurait donc au contraire des effets bénéfiques. Mais c’est une exception.
Celà dit je suis d’accord avec toi le mieux serait de développer les autres sources d’énergie que le carbone.25 octobre 2006 à 19 h 23 min #287592UnjourenOzMembreHeureusement qu’il n’y a pas de lien entre la tolle ondulé et les bushfires ! 😆
26 octobre 2006 à 8 h 51 min #287593JIMMembrePremier épisode:
Mon premier contact avec l’Australie et le bush s’est fait dans la salle de cours du centre ambulancier de Darwin. Pas question de partir en forêt sans le brevet de premier secours, il faut être capable de secourir un collègue en cas d’accident avant son transport à l’hôpital.
C’est parti pour trois jours de cours et d’exercices sur le CPR (Cardio Pulmonary Resuscitation), le recovery position et autres gestes à connaître.
Les deux premiers jours sont consacrés à des méthodes de secourisme générales. Le troisième jour c’est les dangers du Top End : c’est-à-dire, comme dirai Bryson, « tout ce qui peux vous tuer d’une manière horrible en Australie ». Serpents, araignées, stone fish, cone shell et autres jellyfish sont passés en revue. Et je dois dire que ça fait assez peur. Enfin j’en conclu surtout que la majorité des saloperies se trouvent dans la mer et que si j’évite de me baigner j’ai de grandes chances de rester en vie.
Le prof nous explique que pour les morsures de serpents et d’araignées la méthode il existe deux méthodes : PIB (Pressure Immobilisation Bandage) qui marche dans la plupart des cas et RIP (Rest In Peace) pour tous les autres. C’est bon à savoir !A suivre: dans le bush!
26 octobre 2006 à 9 h 15 min #287594UnjourenOzMembrehihihi après Peter le Goldprospector … voici Jim le firefighter ou plutôt le fireman 😀
26 octobre 2006 à 9 h 31 min #287595JIMMembreJe dois reconnaitre que c’est le « goldprospecting » de Peter qui a inspiré l’idée de ce post.
26 octobre 2006 à 18 h 30 min #287596PeterMembreJIM wrote:Je dois reconnaitre que c’est le « goldprospecting » de Peter qui a inspiré l’idée de ce post.Le Goldprospecting a ete depose dont tu me dois dix Euros 😆
Ayant pas mal parcourru le bush à pied, prospection oblige,je me suis pose quelquefois la question . »What I do « si je me faisais mordre par un serpent
Je crois que ma premiere reaction .serait de lui casser la gueule d’un grand coup de tatane. Et vlan :onfire:
:serpentLa deuxieme serait de rejoindre mon 4×4 et d’ appeler les secours avec mon Satphone.
Le probleme dans tout cela ,c’est que je prospecte souvent à plus d’un km de mon vehicule.Bonjour le venin.
De plus les premiers secours sont à trois heures de route.
La solution: Ne pas se faire mordre. 😎A+
27 octobre 2006 à 10 h 34 min #287597JIMMembreEn cas de morsure de serpent il faut mettre un bandage très serré sur le membre et surtout ne pas bouger ni s’énnerver, pour évité de faire circuler le venin. Savater le serpent et courrir jusqu’au 4×4 est certe la réaction la plus instinctive mais aussi la plus mauvaise. Enfin certe lorsqu’on est tout seul…
La méthode RIP, n’était pas seulement humoristique, il y a trois espèces pour lesquels la mort est si rapide qu’on a généralement pas le temps de placer le bandage. Par contre je me souviens plus lesquels c’étaient. Et comme il y a quelques spécialistes des serpents sur ce forum j’ai peur de dire des bétises.27 octobre 2006 à 11 h 48 min #287598UnjourenOzMembreJIM wrote:Savater le serpent et courrir jusqu’au 4×4 est certe la réaction la plus instinctive mais aussi la plus mauvaise. Enfin certe lorsqu’on est tout seul….L’avantage de cette méthode c’était de pouvoir identifier le serpent ! Ce qui est finalement le plus important pour les secours !
27 octobre 2006 à 12 h 16 min #287599JIMMembrePremier départ pour le bush.
Tout au long de mon séjour je vais travailler avec David, un drôle de type. Il est étudiant comme moi sauf qu’il a 45 ans et est ancien militaire de carrière en cours de reconversion professionnelle. Durant 5 mois on va former une super équipe !
Notre site d’étude se trouve à 50 km de Darwin (30 km de sealed et le reste de track) du coté de Howard Spring. On travaille sur deux parcelles de 2 km² chacune. En théorie il y a une piste pour en faire le tour, seulement voilà, il y a un billabong à traverser et comme on est que fin Avril il reste trop d’eau ce qui oblige à des détours.Avant de mettre le feu, le gros du travail consiste à faire en quelque sorte un état des lieux « avant » : mettre des jalons, cartographier la zone au GPS, compter les arbres morts, estimer la quantité de combustible et moult autres activités.
Pour cela il faut d’abord entrer dans les parcelles et la forêt est assez dense du coté de Darwin. Circuler avec le 4×4 nécessite d’être deux et d’avoir de la patience. On se dirige au GPS mais il ne faut pas croire que la ligne droite est de mise.
Il faut que quelqu’un marche devant le 4×4 avec le GPS, c’est lui le navigateur. Il doit choisir les passages et vérifier qu’il n’y a pas d’obstacles cachés dans l’herbe, où les enlever le cas échéant. Le deuxième conduit le 4×4 en suivant rigoureusement le premier. Contrairement à ce qu’on pourrait croire le poste le plus difficile est celui du marcheur. C’est lui qui prend toutes les décisions. C’est pour cette raison que David me laisse le volant dès que nous arrivons sur place. Le conducteur ne doit pas penser, ni même regarder dans le rétro ou par la fenêtre mais suivre à la lettre les instructions.
Les arbres sont vraiment rapprochés chaque virage nécessite des manœuvres et il n’y a parfois que quelques centimètres entre un tronc et la carrosserie. Première, marche arrière et on recommence. Je comprends maintenant pourquoi David était heureux d’apprendre que les boites automatiques n’existent pas en France et que je savais donc parfaitement utiliser un embrayage.
Pour les cycas ou les petits arbres, le pare buffle du 4×4 permet les passages en forces, pour les branches tombées il faut les pousser à la main sur le coté. Et lorsque les solutions classiques sont épuisées, il reste la tronçonneuse !27 octobre 2006 à 15 h 18 min #287600JIMMembreLes photos qui vont avec…
27 octobre 2006 à 15 h 32 min #287601PeterMembreJ’ai compris pourquoi il y avait eu moins de feux de foret en Provence cette année.
J’aime bien ce genre de récit. qui sont plus axés sur le documentaire que sur la copie conforme du Lonely. »Je suis passé par là ,j’ai vu ça »
Je pense qu’a une époque ,lors de votre voyage,vous avez du vivre quelques chose d’exceptionnel et qu’il serait bon de le raconter.
Dire que les Whites Sundays c’est hyper beaux, je l’ai lu x fois sur le forum et tout les guides adhérent ,mais moi je m’en balance.Ce qui m’intéresse c’est que le jour ou t’as pris le voilier pour faire le tour de ces fameuses iles,superbes au demeurant, vous avez ete attaqué par des méchants pirates,qui vous ont amenés sur Black monday (c’est le jour ou l’on reprend le boulot.Alors ,personnellement,les lundis sont toujour noirs.
Et bla bla et bla .Jusqu’au jour ou débarque Johnny Deep le gentil pirate , Capitaine du Metro Goldwin Mayer etc etc .
Voila le genre de carnet de route ou l’on a envie de savoir la suite.
Quant a toi Jim, bonne ecriture et si tu n’as pas terminé avant le 14 nov ,jour de mon rererereredepart je terminerais de lire ton récit à mon retour aux mois de janvier/février.
Dans quels endroits autours de Darwin se passe ton histoire ?A+
Peter
27 octobre 2006 à 15 h 54 min #287602JIMMembrePeter wrote:J’aime bien ce genre de récit. qui sont plus axés sur le documentaire que sur la copie conforme du Lonely. »Je suis passé par là ,j’ai vu ça »C’est exactement mon avis, c’est ce qui faisait l’interêt de ton post et ce qui m’a donné envie d’écrire le mien. (Pour les droits d’auteurs je demande à négocier)
Nos parcelles d’études étaient situées au sud-est de Darwin, du coté de Howard Spring mais plus loin. Il fallait prendre la gravel road de Gunn Point et c’était quelque part dans la forêt à un bonne dizaine de km de la gravel road. En 5 mois on y a jamais croisé personne.
A+
Jim27 octobre 2006 à 16 h 27 min #287603PeterMembreJe crois que t’es mur pour venir prospecter avec moi dans le West Australia 😆
A+
27 octobre 2006 à 16 h 40 min #287604JIMMembrePeter wrote:Je crois que t’es mur pour venir prospecter avec moi dans le West Australia 😆J’adorerai ça!
27 octobre 2006 à 20 h 00 min #287605UnjourenOzMembreWaouh ! Quand on voit les photos c’est clair qu’il vaut mieux etre dans le 4×4 …. plutot que d’etre enfui dans cette savane ! 😀
30 octobre 2006 à 9 h 56 min #287606JIMMembreA pied dans la savane
S’orienter dans la savane n’est pas une mince affaire. Où que l’on regarde à 360° à la ronde, le paysage est invariablement le même : des arbres et des hautes herbes. Il y a bien sur le GPS mais on en a 1 pour 2 et il arrive que l’on se sépare ou même qu’on l’oubli dans le 4×4.
David a une technique : il regarde les troncs d’arbres noircis par le feu de l’année précédente. La trace du feu est la même sur tous les troncs, elle dépend de la direction du vent le jour où ça a brulé. Il suffit donc de regardé comment est orienté cette trace à l’aller et prendre exactement la direction opposée au retour. Lui, il y arrive, moi beaucoup moins. Il est très facile de faire une erreur de 15° ou 20°, ce qui se traduit par plusieurs dizaines de mètres à l’arrivée. De quoi passer à coté du 4×4 sans le voir.Un jour qu’il avait besoin de retourner au 4×4, David me laisse sur place et me dit qu’il va s’approcher avec le 4×4 par la piste Sud et que je le rejoigne là bas quand j’aurai fini. Pas de problème ! Je fini mon travail, lève la tête et regarde ma montre. Il est 12h30, l’heure de la pose, ce qui signifie aussi qu’on est proche du midi solaire. J’oublie totalement que je me trouve dans l’hémisphère Sud et pensant que le soleil indique le sud, comme en France. Je commence à marcher dans sa direction. Inutile de dire que j’ai fini par atteindre la piste Nord ce qui m’a valu 4 km de marche supplémentaire pour finalement rejoindre le véhicule, ça m’apprendra à réfléchir !
30 octobre 2006 à 13 h 25 min #287607effiskParticipantJIM wrote:il y a trois espèces pour lesquels la mort est si rapide qu’on a généralement pas le temps de placer le bandage.Ca fait rapide quand même. 😕
Deux pages intéressantes :
http://www.barefootbushman.com/venoms.htm
http://www.usyd.edu.au/anaes/venom/snakebite.html31 octobre 2006 à 9 h 08 min #287608JIMMembreBaptême du feu
En fin d’après-midi, David et moi sommes rejoins par Lyndsay. Lyndsay est prof à la fac de Darwin et c’est lui qui gère les expérimentations sur le site. Le vent souffle dans la bonne direction et il souhaite en profiter pour élargir la barrière coupe feu de la piste sud avant le grand allumage de la semaine prochaine.
La piste de 4×4 qui fait tout le tour des parcelles est utilisé comme coupure de combustible. Le vent soufflant du nord vers le sud, en allumant le bord de la piste Sud, on pourra élargir la zone sans combustible. Ce qui limitera les risques de voir le feu nous échapper.Lyndsay sort une drip-torch de son 4×4 et deux bidons de 30L d’eau avec des bretelles reliés à un tuyau muni d’une pompe à main genre pompe à vélo. David prend la torche et Lyndsay me met sur le dos un des bidons. Avec 30kg sur les épaules on se sent tout de suit moins leste. Il endosse le deuxième et me montre comment ça marche (c’est-à-dire pas très bien). Pas de canadair, pas de camions citernes, ni de moto-pompes, seulement deux gusses avec des bidons et des pompes à vélo. Je suis passablement étonné de voir qu’il compte là-dessus pour maitriser l’incendie.
Le plan est le suivant : David marchera en allumant derrière lui. Lyndsay et moi marcherons à sa suite pour surveiller et contrôler le feu. Je suivrai David, Lyndsay lui restera en arrière.Et c’est parti ! Je m’y prends très mal.
Premièrement je suis mal placé, entre 5 et 10 mètres derrière David c’est là que les flammes sont les plus hautes et les plus chaudes (plus de 2 m de haut). Petite précision les pompiers qui éteignent les feux de forêt ont pour consigne de rester à une distance égale à au moins deux fois la hauteur des flammes. Or la piste sur laquelle je me trouve fait juste la largeur d’un 4×4 et même si je porte des habits en coton, je n’ai pas d’équipements de protection. Inutile de dire que je suis dans une fournaise. La chaleur est si forte que je suis obligé de reculer dans la parcelle d’en face en tournant le dos pour me protéger le visage qui commence à me bruler. Sans parler de la fumée qui m’aveugle et me fait tousser. Un enfer !
Deuxièmement je suis parfaitement inefficace. Ma pompe à vélo à peine plus puissante qu’un pistolet à eau pour enfant ne sert à rien face à des flammes aussi fortes. Et pourtant je pompe comme un diable, un Shadock aurait pas fait mieux.Face à des flammes aussi hautes et à mon impuissance je commence à paniquer, lorsque Lyndsay qui a vu ma détresse surgit à mes cotés et à ma stupéfaction utilise sa pompe pour m’arroser de la tête au pied. C’est bien le moment de faire une bataille d’eau !
Il m’entraine hors du nuage de fumée et m’explique la façon de procéder. Il ne s’agit pas de contrôler totalement le feu, seulement d’éviter qu’il ne saute la piste. Pas besoin donc d’être si prés des flammes et surtout il faut éviter d’être dans la fumée pour bien voir et surveiller une large portion de la piste. Enfin, me dit-il, je dois économiser mon eau mais ne pas hésiter à m’arroser moi-même pour me rafraichir. Et joignant le geste à la parole il m’arrose encore puis s’asperge à son tour.Seulement pendant qu’on parle, David lui a continué à avancer et le feu se fait la belle pendant qu’on a la tête tournée. Je vois des flammes qui traversent la piste une cinquantaine de mètres derrière nous. Je pique un sprint avec mon bidon qui ne pèse plus maintenant qu’une vingtaine de kilos et au prix de plusieurs vigoureux coups de pompe, j’arrive à éteindre ce début d’incendie. « Wise move ! » me crie Lyndsay qui s’éloigne à grands pas pour rejoindre David à l’avant. Les conditions sont moins extrêmes à l’arrière, mais la portion de piste à surveiller est plus grande ce qui oblige à courir beaucoup. Toutefois je commence à comprendre le feu, à prévoir son évolution à être plus efficace dans ma surveillance et mes interventions. Je commence même à m’amuser franchement. Et lorsque je croise Lyndsay qui repart vers le 4×4 pour refaire le plein d’eau et l’approcher, me laissant l’entière responsabilité de la surveillance, je m’en acquitte de façon honorable. Le froggy a fait ses preuves !
31 octobre 2006 à 9 h 39 min #287609effiskParticipantla suite ! 🙂
31 octobre 2006 à 17 h 11 min #287610JIMMembreça vient…
31 octobre 2006 à 19 h 46 min #287611PeterMembreD’avoir mis le feu pendant cinq mois,ça ne laisse pas des sequelles pyromaniaques? 😀
A+
1 novembre 2006 à 13 h 31 min #287612JIMMembreSi cet été j’ai pris mes vacances au Portugal! 😛
Non plus sérieusement, c’est vrai qu’un feu de forêt est très beau et captivant, c’est à cette occasion que je m’en suis aperçu. Par contre le paysage après incendie l’est beaucoup moins.
1 novembre 2006 à 13 h 41 min #287613sylvestreMembrevraiment super !!!
1 novembre 2006 à 17 h 36 min #287614UnjourenOzMembrePetite question … pourquoi en France on ne plante pas des forêts d’eucalyptus plutôt que des forêts de pins qui brulent tous les ans ?
1 novembre 2006 à 23 h 56 min #287615effiskParticipantLe pin, ça pousse beaucoup plus vite.
En Tasmanie, c’est pareil. On replante les forêts d’eucalyptus avec du pin, c’est beaucoup plus rentable.
2 novembre 2006 à 8 h 35 min #287616JIMMembreLes eucalyptus aussi brulent beaucoup. Les feux de forêts qui ont eut lieu cet été en Galice (Espagne) et au Portugal était surtout des forêts d’eucalyptus. Les feuilles d’eucalyptus dégagent de l’eucalyptol qui est très inflammable.
2 novembre 2006 à 8 h 44 min #287617JIMMembreLe grand jour
Une semaine plus tard, c’est le grand jour : c’est ce soir qu’on allume la première parcelle, 2 km² il va y avoir du sport !
Je dis « ce soir » car on allume toujours les feux en fin d’après-midi. A la tombée de la nuit la chaleur baisse, le vent aussi et l’humidité de l’air augmente, il est donc plus facile de maitriser le feu qui a tendance à s’éteindre de lui-même dans la nuit.
Dick, mon chef et celui de David, va lui-même diriger les opérations. Il est aussi impatient et excité que nous. On rejoindra Lyndsay directement sur place. Toutes les forces disponibles sont mobilisées, Dick a même recruté deux autres français en stage ici, mais qui travaillent sur autres choses, pour donner un coup de main.La première opération consiste à rassembler et préparer le matériel nécessaire. David et moi avons donc pour mission d’aller fouiller dans le shelter, c’est-à-dire une sorte de garage où Dick entrepose tous son matos. Le shelter contient tout ce qui est nécessaire de près ou de loin à une campagne de terrain, mais aussi tout le reste : bidons, swags, tentes, tables et chaises de camping, poubelles en plastique, dalles en béton, galerie de 4×4, bâches, cannes à pèches, et une foule d’autres objets ou instruments que je serai bien en peine de nommer. Extraire le matériel utile de ce capharnaüm nécessite adresse, ténacité et équilibre, ainsi qu’une bonne dose de patience. M’étant frayer un passage jusqu’au fond, je passe à David qui est resté prés de la porte ce que je parviens à attraper. Alors que je suis juché en équilibre un pied sur une étagère l’autre sur une poubelle en plastique, occupé à tirer sur une drip-torch récalcitrante, trois swags s’abattent sur nos têtes dans un nuage de poussière nous obligeant à un repli pour aller tousser dehors.
Il reste encore à remplir les drip-torch et les jerricans de fuel, à remplir d’eau de nombreux bidons de contenances diverses et à fixer sur la galerie le matériel le moins lourds et/ou le plus encombrant. La recherche d’une corde m’obligera à une nouvelle expédition spéléologique dans les profondeurs du shelter.
Dick qui avait disparu on ne sait où, arrive enfin et m’aide à charger le 4×4. Au fur et à mesure qu’il charge l’eau, le gasoil et les torches dans la benne du pick-up, il énonce :
« Lot of water, lot of fuel, lots of drip-trochs,…”, puis en refermant d’un coup sec la ridelle arrière il me regarde très sérieusement et me lance “Lot of fun!”, ça promet !2 novembre 2006 à 9 h 52 min #287618UnjourenOzMembreJIM wrote:Les eucalyptus aussi brulent beaucoup. Les feux de forêts qui ont eut lieu cet été en Galice (Espagne) et au Portugal était surtout des forêts d’eucalyptus. Les feuilles d’eucalyptus dégagent de l’eucalyptol qui est très inflammable.L’eucalyptus a tout de même une résistance bcp plus élevé au feu. Un autre avantage c’est que une fois brulé il repousse comme si rien ne c’était passé. Non ?
2 novembre 2006 à 11 h 21 min #287619JIMMembreTu as raisons les eucalyptus résistent mieux au feu (en terme de survie) que les pins. Mais je crois que ça dépend des espèces: les eucalyptus du Top End très hauts et éloignées les uns des autres (savane oblige) résistent bien au feu car il est rare que les flammes montent jusque dans la canopée. En revanche dans le sud de l’Australie, ou le climat est de type méditérranéens les feux de forêts sont aussi dévastateurs et redoutés qu’en Europe. J’imagine que les Eucalyptus plantés en Europe sosnt ceux qui viennent du sud australien.
Enfin, il faut noté que l’eucalyptus n’est pas une espèce indigène d’Europe, contrairement au Pin d’Alep par exemple qui est typiquement méditérranéen. Il a été introduit et cultivé pour la fabrication de pate à papier. Sur le plan écologique il est préférable de préservés la forêt méditérranéenne avec sa flore typique que les cultures d’espèces exotiques.
2 novembre 2006 à 12 h 24 min #287620kykybossMembrepationant tout ca, jouer avec le feu hummm rien de plus amussant
2 novembre 2006 à 20 h 43 min #287621effiskParticipantsur la route entre Lakes Entrance et Mallacoota.
Histoire d’illustrer un peu en attendant la suite.3 novembre 2006 à 8 h 41 min #287622JIMMembreLight the fire !
Dans les deux 4×4 qui s’engagent à vive allure sur la piste, c’est l’euphorie, on a « lot of water, lot of fuel, lot of coffee » et du bon vieux rock dans l’autoradio : « highway to hell » à nous deux !
Arrivés au coin de la parcelle, on retrouve Lyndsay qui nous attend dans son 4×4. Pour déterminer le sens du vent Dick et lui ont chacun leur technique. Dick ramasse une poigné de sable qu’il lance en l’air, Lyndsay se contente de donner de véhéments coups de pieds dans la poussière de la piste. Le but étant de voir dans quelle direction le vent emporte tout ça. Vous l’aurez compris, de la haute technologie. Etant parvenus tous deux à la même conclusion, un vent de secteur Nord-Est, Lyndsay dessine le plan d’attaque sur la piste à l’aide d’un bâton. En théorie c’est très simple, on part de l’angle Sud-Ouest (à l’opposé du vent forcément, ça s’appelle le back burning) et on brule en faisant des lignes parallèles entre elles mais néanmoins perpendiculaires à la direction du vent (bien sur sans le schéma dans le sable, c’est moins clair). On partira les uns après les autres légèrement décalés dans le temps (un départ toute les deux minutes environs) et dans l’espace (une ligne tous les 10 ou 15 mètres en remontant au vent).On remonte dans les 4×4 pour gagner l’angle Sud-Ouest, les drip-torchs sont allumées et David et Lyndsay commencent à mettre le feu sans plus attendre. Dick me tend un torche et me dit de le suivre, pour ma première fois, on va le faire ensemble. David étant déjà assez loin, nous voilà partis. Il s’agit de marcher à l’azimut dans les hautes herbes en tenant la torche enflammées à bout de bras, bien derrière soit pour ne pas se laisser tomber du fuel enflammé sur les chaussures. La drip-torch, en effet, est nommée ainsi parce qu’elle laisse couler du fuel enflammé par terre. Ce qui signifie que la manipulée sans précaution en l’agitant exagérement par exemple peut entrainer certains désagréments.
Force est de reconnaitre que c’est très impressionnant : marcher dans les herbes sèches qui s’enflamment très vite, en laissant derrière sois une ligne de feu, qui vous suit comme une ombre la garce ! Désireux de voir ce que je fais, je me retourne sans cesse ; outre me foutre la pétoche cela me ralenti et m’empêche de voir les obstacles qui sont devant moi, alors que tomber pourrai se révéler très dangereux. Dick m’encourage à marcher beaucoup plus vite si je ne veux pas avoir chaud aux fesses. Inutile de regarder derrière, le feu se débrouille bien tout seul, je dois plutôt choisir mes passages, aller vite et quoi qu’il arrive ne pas m’arrêter. Pas trop rassurant comme conseils.
Lorsqu’on atteint enfin la piste Ouest, après un bon kilomètre de marche, je suis assez soulagé. D’autant plus que la torche pèse dans les 5kg et que la maintenir tout le temps à bout de bras est vite crevant. Il nous faut maintenant regagner notre point de départ en contournant la parcelle par la piste, pour éviter de se faire cramer par les suivants.
Dans la fumée devant nous un wallaby regarde le feu s’avancer vers lui. J’avais toujours imaginé que face à un feu de forêt les animaux fuyaient aussi vite que leur anatomie le leur permettait. Les dessins caricaturaux de bandes-dessinées où l’on voit tous les animaux de la savane fuir ensemble, le lion cote à cote ave l’antilope, dans un même élan fraternel de peur irraisonnée. Bon là je m’égare un peu avec le lion et l’antilope, mais vous voyez ce que je veux dire. Pourtant, dans le cas de ce paisible wallaby, pas de fuite éperdue et paniquée : les animaux du Top End n’ont pas peur du feu. Ils s’éloignent juste assez pour ne pas sentir le roussi et regardent avec flegme le feu détruire leur habitat. C’est nous qui le faisons fuir, pas les flammes.3 novembre 2006 à 17 h 44 min #287623JIMMembre…
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