Savanna burning
Le 1er site francophone sur l’Australie, le pays-continent › Forums › Général › Australie – le pays-continent › Savanna burning
- Ce sujet contient 44 réponses, 6 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par JIM, le il y a 18 années et 1 mois.
-
AuteurMessages
-
8 novembre 2006 à 17 h 16 min #287624JIMMembre
Une belle frousse
Le temps de boire un coup et me voilà reparti pour un nouveau transect, mais cette fois tout seul. Je n’en mène pas large et doit faire face à diverses difficultés. Premièrement cette fois ci je ne peux pas me contenter bêtement de suivre Dick, c’est à moi de conserver ma direction et de choisir mes passages. David qui est parti juste avant moi ne me facilite pas la tache. Pour un militaire il est assez indiscipliné et a choisi pour bruler une plus grande surface à chaque passage d’avancer en zigzag plutôt qu’en ligne droite ce qui m’oblige à me décaler sans cesse pour ne pas me retrouver nez à nez avec ses flammes.
Rapidement mon lacet de chaussure se défait, ce ne serait pas grave en soit si je pouvais m’arrêter pour le renouer seulement voilà j’ai comme qui dirait le feu au cul. Je suis donc forcé de continuer à marcher les jambes écartées de façon grotesque pour ne pas marcher dessus et me casser la gueule.
J’ai aussi toutes les peines du monde à ne pas me retourner. C’est plus fort que moi j’ai besoin de voir si le feu ne me rattrape pas. Impossible de me raisonner. Je repense à un conte chinois dans lequel un personnage doit parcourir trois cents pas poursuivi par un dragon sans se retourner sous peine de subir je ne sais plus quel horrible sortilège. Et bien sur n’y tenant plus il se retourne au bout du 299ème. Moi c’est un peu pareil sauf que je ne tiens même pas 30 enjambée. Quand soudain, je lache un « Aïe !!!!!!!!!!!!! » sonore suivi d’une bordée de juron. A force de ne pas regarder devant moi je me suis pris un cycas dans l’entre-jambe. C’est donc en trépignant de douleur et en marchant comme Charlot que je suis obligé de poursuivre ma traversée.
Me prends alors un fou rire, qui me soulage de toute la tension accumulée. Je m’engueule tout seul tout en riant : « Non mais tu t’es vu ! On croirait Pierre Richard dans la Chèvre ! Tu vas finir par passer pour un con si tu continue à merder comme ça ! ». Du coup ça va mieux, et je commence à me détendre.Mon répit est de courte durée, car pendant que je faisais le guignol, David a fini sa ligne et a décidé pour gagner du temps de repartir immédiatement dans l’autre sens. Je m’aperçois avec stupeur que je suis coincé : j’ai du feu à gauche (la première ligne de David), j’ai maintenant du feu à droite (sa seconde ligne) et devant moi les deux lignes se rapprochent l’une de l’autre poussées par le vent. J’aurai jamais le temps d’atteindre la piste avant qu’elles ne se referment. Je suis un peu dans la situation de l’écureuil de l’âge de glace, au début du film, qui voit deux glaciers se refermer devant lui. Bilan de la situation : feu à gauche, feu à droite, feu devant et bien sur feu derrière (ben oui c’est moi qui l’est mis celui là). Dans ce genre de situations, on ne réfléchit pas, on agit. Et on agit généralement mieux que lorsqu’on a tout son temps pour le faire. Je pique alors un sprint vers David, dans la direction 4h30 environ. Lorsque j’arrive à ses cotés il est assez surpris de me voir là. Pensant que je serai allé plus vite (forcément il ne sait pas pour le lacet et le cycas), il croyait que je serai sorti de la parcelle avant qu’il n’arrive à ma hauteur. C’est vrai que la parcelle fait 2km de long et 1km de large il est donc pas facile de savoir où sont les autres. Et comme on n’a pas de radios…
9 novembre 2006 à 19 h 24 min #287625JIMMembrequelques photo pour relancer le sujet
9 novembre 2006 à 20 h 56 min #287626UnjourenOzMembreJ’adore tes photos ! C’est pas tous les jours qu’on a l’occasion d’en faire de ce style ! 😀
10 novembre 2006 à 20 h 31 min #287627JIMMembreA la lumière du feu
Le soleil se couche sur la savane enflammée. Autour des 4×4 c’est l’heure du repos, du café et des indispensables meat pies. Assis sur les voitures, chacun savoure cet instant de repos, la relative fraicheur du soir et le spectacle qui lui continue.
Il n’est pas question de partir maintenant, la journée de travail est encore longue puisqu’on doit s’assurer que le feu ne présente plus de risque de s’échapper avant de partir. Cela signifie faire d’innombrables inspections à pied ou en 4×4, traquer les dernières flammes avec nos bidons de 30 litres sur le dos, arroser les braises des gros morceaux de bois, revenir au 4×4 faire le plein d’eau et recommencer. Cela signifie surtout attendre patiemment que le feu s’éteigne, car maintenant c’est lui qui décide de l’heure du tombé de rideau. Mais la patience elle n’est pas difficile à avoir tant le spectacle en vaut la peine. Dans la journée le feu est surtout impressionnant, la nuit il devient un spectacle fascinant de rêve et de cauchemar à la fois. Dans la nuit maintenant noire, il est notre seule lumière et c’est à regret qu’on est obligé de l’éteindre.
Je ne sais pas jusqu’à quelle heure on est resté en forêt ce soir là, pas assez longtemps c’est certains car le lendemain on s’apercevra que le feu s’est échappé durant la nuit, sans faire trop de dégâts heureusement.13 novembre 2006 à 8 h 43 min #287628JIMMembre…
-
AuteurMessages
- Le forum ‘Australie – le pays-continent’ est fermé à de nouveaux sujets et réponses.